Aussi inattendu que réjouissant, le retour sous nos latitudes d’Elvis Costello et de son fidèle claviériste de The Attractions, Steve Nieve, était inscrit en lettres d’or dans notre agenda à l’occasion de la tournée européenne « Costello & Nieve In Concert ». Plus de 45 ans d’une carrière qui a débuté dans la seconde moitié des 70’s, à la croisée des styles musicaux – punk, rock, new-wave, ska… Avec son chapeau emblématique, Elvis Costello, chanteur – compositeur – interprète, n’a jamais vendu son âme au diable de la commercialisation et a toujours tracé sa route avec une intelligence et une poésie rares.
On se souvient de l’avoir vu au festival de Torhout (actuellement Werchter) en juillet 1989 se produire seul sur scène, sous une pluie battante, et se mettre le public dans sa poche dès le premier titre. Et Dieu sait si l’affiche était relevée : Texas (pour la sortie de leur premier album), The Pixies, Tanita Tikaram, Nick Cave & The Bad Seeds, The Robert Cray Band, R.E.M., Joe Jackson et Lou Reed. Une journée de fou qui avait commencé à 10h30 pour finir à plus de minuit.
Actuellement, Elvis Costello se produit avec son nouveau groupe, The Imposters, multiplie les collaborations et panache subtilement sa musique, notamment du côté du jazz – sans doute l’influence de son épouse, la célèbre pianiste et chanteuse Diana Krall.
Le Théâtre du Léman, bel écrin pour recevoir une telle légende, n’est pas complet mais l’assistance est attentive et connaisseuse. « When I Was Cruel No 2 », ballade lancinante à la Nick Cave, ouvre le concert. La perle musicale « Shot With His Own Gun », chant – piano, lui emboîte le pas, toute de délicatesse. On s’inquiète quelque peu pour la voix d’Elvis Costello, un peu émoussée, l’outrage des ans (69 ans au compteur tout de même !) sur quelques notes plus aigües, mais son timbre si particulier n’est nullement altéré. La setlist revisite les heures de gloire de la carrière de l’artiste avec des incontournables comme « Watching The Detectives » ou « Alison » mais rend aussi largement hommage à Burt Bacharach qui nous a quittés cette année et avec lequel il a collaboré durant trois décennies. Bacharach est célèbre pour avoir été l’arrangeur musical de Marlene Dietrich (et son amant) dans les années 50 et pour avoir composé des dizaines de tubes avec le parolier Hal David pour d’illustres artistes comme Tom Jones, Aretha Franklin, Diana Krall, The Stranglers, etc. Le titre le plus fameux étant probablement « Walk On By » interprété par Dionne Warwick. On relèvera une cover émouvante de « She », la ballade de Charles Aznavour, avec un final qui a donné la chair de poule au public.
Entre les chansons, Elvis Costello y va de ses anecdotes piquantes et émaillées d’humour anglais. A la fin du concert, en rappel, il viendra chanter entre les rangées des premiers rangs de la salle et invitera 7 à 8 dames à le suivre sur scène pour un final des plus enthousiastes.
Le talent et la générosité, la tête et le cœur – hats off Maestro !
