87 ans le 30 juillet prochain, plus de 65 (!) ans de carrière, Buddy Guy est l’un des derniers piliers de cette génération de bluesmen qui ont écrit les lettres d’or du genre musical. L’histoire d’amour entre Buddy Guy et le MJF remonte à 1974 où il accompagnait Muddy Waters et Bill Wyman notamment. Depuis, des millions de notes se sont égrenées jusqu’à ce que ce monstre sacré nous revienne sur la Riviera vaudoise pour la 13ème fois. Entre temps, le natif de la Louisiane a remporté pas moins de 8 Grammy Awards et a été récompensé en 2012 par l’attribution prestigieuse de la Kennedy Center Honors pour l’ensemble de son œuvre musicale et sa contribution à la culture états-unienne. Buddy Guy a également eu les honneurs de la Maison Blanche où Barack Obama a même poussé la chansonnette sur « Sweet Home Chicago ». Chicago, oui, parce que le garçon qui ramassait le coton dans les champs du sud avec sa famille a tenté sa chance à l’autre bout du pays, moins ségrégationniste au milieu des années cinquante.
Dans le cadre de sa tournée « Damn Right Farewell », Buddy Guy posait donc ses guitares à Montreux à l’occasion d’une soirée qui s’annonçait des plus prometteuses avec la venue de Joe Bonamassa également.
Les excellents musiciens prennent place et le concert débute avec les premiers accords de « Damn Right, I’ve Got the Blues », l’un des plus grands classiques de Buddy Guy, le public est déjà bien chaud. Quelques secondes plus tard, la légende arrive sur la magnifique scène de l’Auditorium Stravinski sous les vivats du public. Large sourire, béret beige, incontournable chemise à pois blancs et noirs, salopette en jeans comme les pompistes qui jalonnent les highways des USA, Buddy Guy attire immédiatement la sympathie. Sa vivacité et ses riffs incendiaires, sa marque de fabrique, font toujours mouche. Sans cesse il joue avec le public tout en restant pro (guitare qui tient sur le bouton de sa salopette, solo de guitare en la nettoyant avec un linge noir, jeu de guitare avec des baguettes de batteur et j’en passe). Cela pourrait être too much avec un autre artiste mais pas avec Buddy Guy qui se met l’assistance dans la poche avec ses clins d’œil malicieux et ses anecdotes amusantes.
Le concert alterne titres de l’artiste et hymnes du blues auquel il rend hommage, « I’m Your Hoochie Coochie Man » et « I Just Want to Make Love to You » de Willie Dixon – « She’s Nineteen Years Old » de Muddy Waters ou encore « Boom Boom » de John Lee Hooker.
L’ambiance monte d’un cran avec l’arrivée de Joe Bonamassa pour une jam d’enfer sur les deux derniers titres, « Cheaper to Keep Her » (cover de Johnnie Taylor) et surtout « Strange Brew » (cover de Cream). Ces instants magiques de complicité entre artistes, suspendus dans le temps, comme le passage d’un témoin lors d’un relais, resteront dans tous les cœurs et mémoires des spectateurs. Initialement prévue comme sa dernière tournée, Buddy Guy nous a assurés qu’il jouerait jusqu’à son dernier souffle, car il nous aime au moins autant qu’on l’aime.
Jean-Blaise « jb » Bétrisey
Photo : © FFJM 2023 Lionel Flusin