Avec les deux formations françaises, cette soirée d’automne un peu humide ne pouvait que se dérouler entre touffeur et épaisseur. Chacune proposant un rock aux contours post-metal instrumental, le lien entre les mondes allait pouvoir se faire tout en douceur, tout en continuité.
Ouvrant le bal, Bruit≤, arcbouté autour de ses cordes, de sa rythmique suffocante et de son énergie dense prenait l’auditoire à la gorge sans attendre. D’un « Ephemeral » tendu à un « Progress-Regress » à l’ouverture plus lumineuse, plus mélancolique, les méandres de leur prestation pouvaient se dessiner tout en variation, tout en éclat. En fond de scène, les images défilant laissaient à l’esprit le loisir de s’immerger dans un univers qui évoque autant le chaos que l’espoir. La vie selon Bruit≤ est pleine d’interrogations sur le monde, ses confusions, ses dérives. Les images de feu, l’impact de la technologie ou les portes ouvertes sur la nature sont autant de questions que de réponses.
Passant de la compacité à la nudité, embrassant autant la chaleur de l’organique que la froideur de l’urbain, la prestation des Toulousains s’est révélée d’une intensité folle, toujours emmenée par une batterie qui fait exploser des univers souvent construits sur la lenteur. Avec toujours cette impression que le groupe évolue au bord du précipice. L’interprétation est précise, voir millimétrée, mais donne invariablement une fulgurante sensation de liberté musicale. Et avec l’imposant « The Machine is Burning » le quatuor finissait par faire imploser une salle conquise.
Pas simple de poursuivre la soirée après un tel moment de passion et d’énergie. Mais en plantant un décor végétal et lunaire, Alcest offrait d’emblée une variation visuelle onirique et solaire. L’instrumentation plus traditionnellement électrique de Neige et ses comparses parisiens amenant elle une touche plus directement percutante. On pouvait dès lors partir à l’abordage d’un répertoire qui allait se construire sur une forme de crescendo. Des ruades de « Komorebi » à l’ouverture spatiales de « Ecailles de Lune – part II », de la bestialité de l’ouverture de « Miroir » à sa poésie limpide, les ambiances évoluaient vers toujours plus d’énergie.
Parfaitement adossées à une section rythmique solide, les deux guitares offraient des beaux échanges, de belles batailles lumineuses, des ruades électriques renversantes. On regrettera simplement que les parties vocales n’aient pas été mieux mises en évidence par une balance parfois trop colossale et écrasante. La musicalité en a pris un peu pour son grade. Mais avec le final fougueux d’un « Autre temps » les Docks finissaient par porter la formation en triomphe.
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