Dans le cadre du « Cunégonde Tour 2023-2025 », les pères fondateurs du rock progressif français, ANGE, faisaient halte aux portes de Lyon. Deux ans ne sont pas de trop pour que Christian Décamps fasse ses adieux à des générations de fans qu’il a fait rêver dans des voyages immobiles à la délicieuse et parfois truculente poésie fantastique.

C’est Pat O’May, guitariste et chanteur français aux origines irlandaises qui a lancé cette belle soirée musicale. Il est notamment le créateur du personnage Mr. No Face – de son album conceptuel « Welcome to a New World » – qui évolue dans un univers entre « Tommy » des Who et « Snow » de Spock’s Beard. Sympathique et talentueux, il interagit avec le public entre deux titres aux sonorités progressives et celtiques. Le point d’orgue de sa prestation sera le florilège dédié au grand Alan Stivell et fredonnée par le public. Une chaleureuse entrée en matière.

Bienvenue dans le monde angélique, là où les notes et les mots font l’amour.” Telle est la définition de la musique selon Christian Décamps, membre fondateur et unique rescapé des débuts d’ANGE, il y a plus de 50 ans.

Une intro musicale aux accents médiévaux, quelques projecteurs blancs dardant la grande et belle scène de La Rayonne, et voici les musiciens d’ANGE qui prennent place sereinement derrière leurs micros et instruments. La setlist est bien remaniée par rapport à la précédente tournée, permettant aux fans de redécouvrir des chansons moins souvent interprétées, sans toutefois négliger les classiques intemporels. Le concert débute avec « Les Larmes du Dalaï Lama » titre en plusieurs tableaux, alternant mouvements de rock progressif et fines transitions. Christian Décamps, 78 ans en août prochain, est bien en voix. Certes, il a de la peine à se déplacer, ne peut plus jouer de la guitare – les rhumatismes articulaires et l’arthrose sont passés par là – et ne lance plus que quelques mesures d’harmonica, mais sa présence, son charisme et son talent de conteur n’en sont que renforcés. « Les Yeux d’un Fou » qui suit est chantée par le fils de Christian, Tristan, qui désormais se partage entre les claviers et la voix, ménageant le père en alternant les chant sur le devant de la scène. Visage d’ANGE au delà du 1er février 2025 ? Peut-être bien, ne brûlons pas les étapes. Un second claviériste a rejoint le groupe pour la présente tournée, prenant le relais de Tristan lorsque celui-ci tient le micro. On a beaucoup de plaisir a retrouver  « La Suisse », sur un ton plus léger, mais toujours d’actualité. Trois titres du nouvel album à paraître nous seront présentés, le puissant « Quitter la Meute », l’angélique « Cunégonde » bien dans la tradition du groupe et l’intimiste « Adieu l’Oiseau ».

Place aux classiques et retour aux origines avec le sulfureux « Si J’Etais le Messie », conté à merveille par Christian, illustrant si bien ses propos « Pour moi les religions ne servent à rien. Ce sont les contes de fées qui sont importants, pas les bréviaires ».  De la même période,  le rabelaisien « Godevin le Vilain » et sa mélodie pur 70’s  que reprennent en chœur les plus anciens de La Rayonne. « Quasimodo » et son rythme chaloupé amène un peu plus de légèreté avant « Réveille-Toi », poignant, campé corps et âme par Tristan. Fin de concert de rêve avec l’un des titres les plus emblématiques et appréciés d’ANGE, « Capitaine Cœur de Miel ».  Le jeu tout en finesse de Thierry Sidhoum à la basse et Benoît Cazzulini à la batterie font merveille, écrin musical pour les divins accords de la guitare d’Hassan Hajdi et ceux de Tristan Décamps aux claviers. Pièce épique de près de 15 minutes, ce titre en plusieurs tableaux est porté par l’interprétation hors norme de Christian, coiffé d’une casquette de capitaine, appuyé sur sa canne, « une bouteille de rhum blanc à la main ». Le final donne des frissons à la salle, des larmes aux yeux, tant le patriarche fait corps avec son personnage, réflexions sur la fin de vie, de l’approche de la mort, le temps qui avance, inexorable, « Oh ce chant qui enivre mon être, J’ai le coeur qui orchestre La symphonie du temps ! ».  Un tout grand moment où l’on se demande bien le maelström d’images, de souvenirs et d’émotions qui doivent tournoyer dans la tête et le cœur de Christian.

Trois rappels en guise de dessert avec « Dignité », « Ode à Emile » – sobrement interprété par Hassan Hadji à guitare acoustique et Christian au chant, assis sur une simple chaise. L’intemporel « Hymne à la Vie », prière païenne que tout un chacun devrait professer apporte un point final ( ?) à cette soirée millésimés.

ANGE se produira encore à de nombreuses reprises avant que Christian Décamps ne tire sa révérence le 31 janvier 2025 à l’Olympia. Une occasion de les voir une dernière fois dans cete formation à ne manquer sous aucun prétexte.

www.ange-updlm.com

www.patomay.com

www.larayonne.org

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