Onzième et double album du groupe originaire de Chicago, le très attendu ‘Cyr’ nous surprend sous bien des aspects, d’abord car ce projet avait été annoncé de façon grandiloquente par Billy Corgan, mais ensuite car il n’a peut-être pas l’efficacité attendue. Billy Corgan – chanteur, guitariste et producteur sur cet album – continue de travailler avec le même line-up (ou presque) depuis 1988. De fait, Jimmy Chamberlin, James Iha et le guitariste Jeff Schroeder sont les co-membres fondateurs avec lesquels le groupe a connu une fulgurante ascension tout au long des années nonante puis 2000. Un succès non seulement public mais critique, le groupe ayant été maintes fois récompensé par des Grammies et autres MTV Music Awards (quand ça voulait dire quelque chose).

Groupe de rock alternatif s’étant toujours revendiqué comme expérimental, les Smashing Pumpkins ont constamment relevé le défi de se réinventer, chose ardue pour un groupe avec 31 ans dans l’aile et qui a surfé sur la mouvance alt-rock, reprenant le flambeau de la voix adolescente post-grunge. Ce serait donc réducteur de les dépeindre comme d’éternels indie boys, et ce double album ne nous en laisse pas vraiment l’occasion. Les morceaux ‘Cyr,’ ‘Wyttch,’ et ‘Ramona,’ sont accompagnés de vidéos officielles à l’esthétique minimaliste et obscure, fruits de l’imagination de Linda Strawberry (directrice artistique du groupe) et Charlotte Kemp-Muhl, jeune artiste vidéaste américaine. C’est tout un nouveau monde qui est crée sur ‘Cyr’, Corgan explique que c’est une ‘vie parallèle’, et que ‘malgré notre ère technologique, il n’est pas facile de définir et montrer les choses, c’est ce que l’album tente de faire, d’une mélodie gracieuse et ample’.

Musicalement, il y a beaucoup d’influences post new wave et pop synthé ( ‘Dulcet in E’, ‘Colour of Love’) auxquelles le groupe nous avait préparés au fil d’expérimentations électroniques dès ‘Adore’ en 1998. La voix de Billy Corgan a franchement à peine changé (il y a énormément de chœurs féminins sur ‘Cyr’ qui viennent la complémenter), et la mélancolie des paroles est toujours bien présente (‘Wrath’). Certains détracteurs reprochent au groupe l’aspect monotone, façon pop molle de l’album ; en 20 pistes, peu de prises de risques, ils nous avaient habitués à plus ambitieux et transgressif. On peine parfois à retrouver leur esprit d’antan, et c’est douloureux, surtout si on le cherche trop. En effet, les chansons évoluent globalement autour du même tempo, dynamiques tonales, privant le public de moments musicaux ‘cruciaux’ et de montagnes russes auditives. D’autres y verront une forme de simplicité, d’unité.

Les Smashing Pumpkins repartiront en tournée l’année prochaine, son nom ? In Ashes. Peut-être qu’un Phénix en paraîtra. [Krisztina Kovacs]

Note 3.5/5

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