Formé au début des années 90 à Londres, Bush fait partie de ces groupes qui ont traversé le sillage du grunge pour y inscrire leur propre empreinte. Une carrière faite de cycles, de retours, mais toujours portée par Gavin Rossdale, figure à la fois charismatique et insaisissable. Ce soir, aucune mise en scène superflue : pas de décor, pas de panneaux, presque rien d’autre que la lumière essentielle. Cette sobriété met en relief l’énergie d’ensemble, mais surtout celle du batteur, véritable moteur du groupe, dont la frappe ne faiblira pas une seconde.
Une intensité continue, nerveuse. Gavin évolue constamment en avant-scène, très près du public, ses musiciens restent davantage en retrait, discrètement efficaces mais peu mis en avant dans la dynamique du concert. Rossdale fait l’effort de glisser quelques mots en français. Un moment suspendu apparaît lorsque la salle s’illumine de téléphones portés à bout de bras. La reprise de « Come Together » arrive alors presque naturellement, fédératrice, familière. Puis la scène s’efface un instant : Gavin descend au milieu du public. Ce passage-là, vécu au cœur de la foule, restera probablement l’image la plus forte de leur prestation.
Changement total d’esthétique avec Volbeat, que l’on sent attentif à la construction narrative de son concert. Avant même que le groupe n’apparaisse, la scène est dissimulée sous de grands draps. Un immense drap tendu laisse apparaître les silhouettes agrandies des musiciens, découpées par un contre-jour chaud.
Puis, de manière inattendue, un cri de bouc retentit. Étrange, le public sourit, puis la scène s’ouvre. Le bassiste, chemise blanche impeccablement repassée et jean noir, arrive avec une allure presque décalée, comme s’il venait de quitter le travail. Derrière eux, l’immense décor représente l’intérieur d’une maison : au centre, un tableau encadrant la tête d’un bouc ; à droite, la silhouette d’une petite fille de dos ; à gauche, une fenêtre surmontée d’une croix. Une iconographie à la fois sombre et symbolique, qui évoque fable, folklore et imagerie occultée sans jamais basculer dans l’excès appuyé. Le chanteur s’adresse au public avec naturel, instaure une relation constante, chaleureuse.
Il présente ensuite un morceau en parlant « d’une chanson d’amour » formule déstabilisante et les notes de « In the Barn of the Goat Giving Birth to Satan’s Spawn in a Dying World of Doom » résonnent. C’est l’une des particularités de Volbeat : l’art de l’écart, maîtrisé et cohérent. Au bout d’une cinquantaine de minutes, le décor évolue. La petite fille autrefois de dos se révèle à présent face au public, yeux blancs, placée à côté du bouc, comme une figure centrale. Le son est d’une précision remarquable : puissant mais lisible, équilibré. Le jeu de lumières, ample et structuré, sculpte littéralement l’espace. Le chanteur remarque l’absence de slams dans la salle, s’en amuse, sans jamais rompre la bonne humeur constante qui l’accompagne. Il sourit souvent, ajoute un mot pour le public, maintient une proximité sincère.
Lors de la dernière transformation du décor, le drap central tombe et dévoile une imposante structure métallique : un logo représentant la tête d’Elvis, flanquée d’ailes. L’effet est spectaculaire, presque monumental. Il dédie alors un morceau à sa famille, « probablement endormie », dit-il. Puis appelle la future génération à venir rejoindre le groupe sur scène. Il fait alors monter les enfants sur scène et en profite pour présenter un à un les musiciens. Une conclusion émotionnelle, chaleureuse.
Texte : [Adeline Pusceddu]
Photos : [Marjorie Delaporte]
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