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LINKIN PARK – CENTRE BELL – 5 AOÛT 2025

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Linkin Park était de retour à Montréal pour deux soirées consécutives, les 4 et 5 août derniers. Le Centre Bell affichait presque complet dans le cadre de la tournée From Zero, leur plus récent album. La voix, désormais portée par Emily Armstrong, reprend avec délicatesse le flambeau du regretté Chester Bennington. La dernière visite de la formation californienne dans la métropole remontait à 11 ans. Un moment suspendu, chargé d’une appréhension légitime : le groupe resterait-il fidèle à ses racines ou assumerait-il une nouvelle direction artistique ?

PVRIS

Le spectacle s’est ouvert avec Pvris, une première partie à la croisée du rock et de la pop, qui a suscité une réception plutôt tiède. Vêtue d’un blouson noir satiné et de lunettes fumées, la chanteuse Lynn Gunn a livré une prestation stylisée, mais qui détonnait avec l’énergie attendue pour la tête d’affiche. Malgré un rendement satisfaisant, le public semblait davantage composé d’amateurs de métal et de hip-hop, peut-être moins sensibles au virage pop de la formation dans ses derniers albums.

LINKIN PARK

S’il régnait une certaine tension à l’idée d’entendre Linkin Park sans son chanteur d’origine, l’hésitation s’est rapidement dissipée. Emily Armstrong, connue pour son travail avec Dead Sara, s’exprime ici dans un registre vocal différent, plus rauque et viscéral qu’on ne lui connaît. Un pas vers l’avant pour s’adapter à l’énergie du groupe sans chercher à égaler Bennington. Cette humilité est non seulement perceptible, mais aussi appréciée.

Il aura toutefois fallu quelques titres pour que le tout se mette en place, amorçant une ascension prudente vers le registre plus guttural et attendu. Heavy Is the Crown a marqué un véritable tournant : suffisamment convaincant pour montrer qu’Emily a ce qu’il faut, tant sur le plan de la posture que de l’habileté.

Pour la configuration de la scène, celle-ci était placée au centre du parterre. Des écrans, situés au-dessus de l’espace réservé, ont permis d’offrir une bonne visibilité à tous, projetant notamment des angles de vue intéressants captés par des caméras discrètes, mettant en valeur le jeu des musiciens. Cette disposition a su créer une ambiance intime malgré l’ampleur de la salle, renforcée par la présence scénique assurée de Mike Shinoda (qui n’a pas hésité à aller à la rencontre de ses fans dans la foule) et d’Emily Armstrong, qui a séduit par ses déplacements empreints d’assurance. Ces derniers n’ont rien perdu de leur justesse vocale, même lors des accroupissements destinés à renforcer la complicité et l’intensité de la performance avec le public.

Les éclairages, principalement composés de faisceaux droits et linéaires, rappelaient le vocabulaire graphique du dernier album. Une direction visuelle minimaliste, cohérente et pertinente, qui apportait de la profondeur à l’expérience.

La setlist, elle, jonglait habilement entre les nouveautés de From Zero et les classiques indémodables. Two FacedOne Step CloserNumbPapercut et In the End ont déclenché des réactions immédiates. La foule chantait à l’unisson, portée par la mémoire collective d’une génération marquée par ces refrains. Un moment de communion qui rappelle à quel point l’héritage du groupe reste vivant — et vibrant.

Si quelques éléments auraient pu être bonifiés, comme une utilisation plus généreuse des canons à fumée, l’ensemble n’a rien perdu en termes d’impact. Les interventions du groupe, ponctuées de remerciements en anglais et en français, ont contribué à maintenir un lien sincère avec le public.

Linkin Park ne cherche pas à revivre le passé, mais à l’honorer avec justesse. Une proposition nouvelle, assumée, et suffisamment cohérente pour prouver qu’il est possible d’évoluer sans trahir ses racines. 

Photo au cellulaire: Sarah Rudge

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