Premier contact manqué, dernière chance saisie
Mon premier contact avec Slayer remonte à 1990, avec l’album Seasons in the Abyss, et un concert manqué à cause des retards accumulés tout au long de la soirée, combinés à un train suisse toujours à l’heure. Ce concert faisait partie de la tournée Clash of the Titans, aux côtés de Megadeth, Testament et Suicidal Tendencies.
Mon dernier, c’était le 30 mai 2018 à la Place Bell de Laval, pour leur tournée d’adieu. Je ne pensais jamais les revoir un jour. Et pourtant, ça va se passer sur un ancien champ de bataille : les Plaines d’Abraham.
Slayer au FEQ : fidèle parmi les infidèles
Ils deviennent ainsi le troisième membre du Big Four du thrash à fouler les Plaines dans le cadre du FEQ, après Metallica et Megadeth. Et même si Slayer est, à mon humble avis, le seul des quatre à être resté bien droit dans ses bottes, fidèle à l’esprit et au son de ses débuts, c’est toujours marquant de voir ce type de groupe dans un festival qui ose mélanger tous les styles.
Sandveiss : retour gagnant sur les Plaines
Après être passés au détecteur de Metal (eux), afin de vérifier la pertinence de leur présence sur les Plaines, les premiers sprinteurs arrivent au-devant des barrières. La cérémonie débute avec Sandveiss, les locaux de la place. Je les avais déjà vus au FEQ en ouverture de Megadeth, et j’avais trouvé que leur musique n’était pas mise en valeur dans un endroit aussi vaste. Eh bien, ce soir, je revois mon jugement.
Forts d’un troisième album très réussi, les quatre musiciens ont pris possession de la scène et envoyé leurs riffs de guitare stoner à toute la foule présente. On a même pu apercevoir quelques circle pits ici et là. Lourdeur et groove ont été les maîtres mots tout au long du temps qui leur était alloué. Le groupe nous a également gratifiés du morceau Children of the Grave du légendaire Black Sabbath, qui a d’ailleurs pris sa retraite il y a quelques jours. En somme, un excellent concert, et cette fois, je peux dire que Sandveiss a pleinement sa place sur une scène comme celle des Plaines.
Mastodon sans Brent, mais libéré
J’ai vu Mastodon un certain nombre de fois, et cette fois, ça fait étrange de ne plus voir Brent Hinds sur la gauche de la scène. Pourtant, avec ce changement, le groupe semble libéré : les trois membres bougent beaucoup plus et l’interaction entre eux est plus vive. J’ai même vu Bill Kelliher et Nick Johnston, les deux guitaristes, jouer à pierre-feuille-ciseau pendant une chanson.
Le groupe enchaîne des titres tirés de presque tous leurs albums, une excellente façon pour un non-initié de découvrir leur univers : un métal progressif hybride aux structures complexes, accompagné de textes qui abordent la mort, la mythologie, la mutation et l’introspection.
Je ne suis pas un grand connaisseur des Atlantans, alors seul un fin expert pourra me dire si l’absence de Brent se ressent réellement dans la répartition des voix. Avant de clôturer leur concert avec Blood and Thunder, Troy Sanders a une nouvelle fois remercié la foule de sa présence et a promis de revenir bientôt, car Québec a un des meilleurs publics au monde.
Le rideau tombe, l’enfer se lève
Cette fois, on y est. Après des semaines, des mois d’attente, tout le monde est prêt à entrer dans le South of Heaven. Les disciples du chaos lèvent les poings : c’est le War Ensemble dans la foule, et que le règne de l’Angel of Death commence.
La cérémonie débute avec une vidéo d’images d’archives et des bouts d’interviews, mais nous, on veut des décibels. Le grand rideau où il était écrit SLAYER en gros était trop pressé, il est tombé un peu plus vite que prévu. Comme pour Mastodon, on a eu droit à un gros survol de leur énorme discographie : South of Heaven, Repentless, Disciple en ouverture, et ça brasse déjà un peu partout dans la foule, étonnamment très nombreuse sur le site.
Des raretés et des coups de poing
Le groupe a sorti des titres des boules à mites, des morceaux un peu moins joués, comme 213, inspiré du tueur en série Jeffrey Dahmer, le titre faisant référence au numéro de sa chambre, ou encore l’excellent Spirit in Black, de Seasons in the Abyss.
Malgré le peu de concerts joués par les Californiens cette année, sauf erreur six au total, ils livrent une solide performance. Gary Holt et Kerry King sont impériaux aux guitares, Paul Bostaph martèle ses fûts comme un malade, ou comme Animal du Muppets Show, et Tom, c’est Tom… les vrais sauront.
Dead Skin, souffle et silence
Avant Dead Skin Mask, Tom Araya a remercié tout le monde avec deux ou trois mots en français et a pris une grande respiration, comme s’il absorbait l’énergie du public. Si ce titre est lourd et malsain, avec ses projections morbides sur les écrans, il permet, si on peut dire ça, à la foule de se reposer un peu. Mais pas pour longtemps, car arrivent Hate Worldwide, Seasons in the Abyss ou encore Hell Awaits.
Une setlist parfaite, un public en transe
Le choix de la setlist frise la perfection. Tous les classiques qui ont fait la légende de Slayer sont là, et le public est à fond, bien décidé à profiter de chaque minute du show.
Derniers coups de hache
Mais toute bonne chose a une fin, et les deux derniers titres de la soirée nous arrivent comme un dernier uppercut : Raining Blood et Angel of Death. Il est temps de se faire une raison, le train Slayer est passé sur les Plaines, et le public reste figé quelques instants, comme s’il espérait que ça recommence. Mais non ! Il est écrit sur le t-shirt de Gary : « Je me souviens ». Alors oui, je me souviendrai longtemps de ce concert, car on ne sait pas de quoi sera fait le futur. Le groupe fait quelques concerts ici et là, mais les tournées et les albums semblent bien derrière eux.
Slayer les enterre tous
En tout cas, désolé d’écrire ça, mais Slayer les enterre tous, nouvelle génération comme ancienne encore active. Oui, Jeff et Dave ne sont plus là, Tom a légèrement perdu en voix et il ne bouge plus comme avant, mais c’est ça qui est ça. Slayer reste une machine de guerre en concert.
