Entrez dans l’univers macabre et spectaculaire de Versatile. Le trio Genevois (Hatred Salander, Cinis et Famine) vous hypnotisera sur scène de leur black metal industriel. Rencontre avec cette hydre à trois têtes.

A travers l’apparence paisible de la Suisse, est-ce important de faire émaner le chaos ?

Hatred : La Suisse, et Genève en particulier, est quand-même le berceau de l’histoire gothique Frankenstein ! Personnellement, j’ai l’impression que la création musicale et l’extériorisation du chaos me seraient nécessaires même ailleurs, et sont plus liés à l’esprit et les émotions, quelque chose d’intérieur, plutôt qu’à une géographie externe. D’autant plus que nos influences sont multiples et internationales. Mais peut-être que je me trompe, si je vivais dans un pays avec une vie plus dure ou plus chaotique j’aurais tendance à écrire de la musique plus douce. Qui sait ? Ce qui me parait évident, c’est que l’humain a tendance à se remplir de violence, et que la musique est un bon outil pour en faire quelque chose de bien. Et puis, les ténèbres ont toujours été séduisantes !

Famine : A mes yeux, le chaos vit en toute chose car elle est intrinsèquement liée aux rouages de l’ego. En Suisse, l’ego émane en chaque individu, mais le chaos reste “dormant” car il n’est pas exprimé d’une manière forte et collective. Prenez l’exemple du dictateur du Cambodge, Pol Pot, qui a ordonné de tuer tous ceux qui portaient des lunettes car ils appartenaient à la “classe instruite”. Ça nous semble absurde aujourd’hui. Le changement est nécessaire, nous luttons tous pour profiter d’une vie pleine et sereine… mais le chaos ne devrait jamais se réveiller dans nos frontières.  En parallèle, Versatile présente des personnages ayant un égo démesuré où chacun suit ses propres principes, engendrant ainsi le chaos dans leur univers. Que cela soit nos personnages ou ceux inscrits dans nos compositions (par ex. l’évêque cité dans Ad Nauseam), il y a toujours énormément de choses à raconter car chaque doctrine, idéologie, règle ou histoire possède sa grande Vérité.

Votre premier EP « Atra Bilis » a reçu de nombreuses éloges de la part des médias. Qu’est-ce que ce premier EP vous a permis d’achever en tant que groupe ?

Cinis : En effet nous sommes ravis du résultat et les retours reçus sont très encourageants. On a travaillé dur sur tous les aspects de cet EP : de la musique à l’artwork, chaque détail à son importance et permet une totale immersion dans notre univers. Ceci n’est toutefois qu’un avant-goût, on prépare de belles choses pour la suite.

« Atra Bilis » est basé sur la Bile Noire, l’une des quatre humeurs grecques. Prévoyez-vous de faire d’autres EP sur les trois autres humeurs ?

Hatred : C’est exact, le thème récurrent de cet EP est la bile noire. Cependant, l’idée a été détournée, et sera présente également par la suite. D’un liquide responsable de la mélancolie, nous en avons fait un fluide magique et néfaste, capable de transformer les individus en monstres en puisant dans leurs plus noirs aspects. Ainsi, notre atrabile est responsable de l’avènement de nos personnages et ne sera pas accompagnée en principe par les autres humeurs.

La petite chose qui vous démarque, c’est que vous n’avez pas de batterie et autres instruments, juste guitares, chant, tandis que tout le reste est créé virtuellement. Cela vous permet-il une plus grande liberté lorsque vous composez ?

Hatred : Oui et non. En ce qui concerne la batterie, on a toujours fait en sorte d’écrire des parties jouables par un vrai batteur, sans vitesses exagérées ou break qui demanderaient trois bras. La possibilité d’intégrer un batteur sur scène n’étant pas totalement exclue, nos compositions le permettent. Cependant, on a testé pour un morceau (« La Marque du Chaos ») de remplacer les sons de batterie conventionnels par des bruits typés indus, des impacts métalliques, des kicks électro, etc. Pour ce qui est des autres instruments virtuels, on essaie d’en ajouter un nouveau par morceau, histoire de participer à l’ambiance propre de chaque morceau et en rapport avec son thème. Pour ça, évidemment c’est pratique les instruments virtuels, puisqu’on ne dispose pas d’un nombre illimité de musiciens et d’instruments. Enfin, pour la basse, elle est assez secondaire dans nos compositions, mais elle est tout de même constituée de trois ou quatre couches distinctes.

Vous êtes connu.e.s pour aimer boire du thé plutôt que de l’alcool lorsque vous jouez. Si Versatile devait faire son propre thé, quels ingrédients mettriez-vous dans votre potion magique ?

Hatred : À titre personnel, j’aime les boissons douces, sucrées. Je verrais volontiers un thé noir avec un peu de mangue ou de cannelle. Mais s’il s’agit de le faire coller au thème Versatile, alors on pourrait choisir un liquide sombre, amer et visqueux !

Famine : Étant un buveur de thé vert, je mettrai un ingrédient loufoque qui frôle l’hérésie … Pourquoi ne pas ajouter une touche de piment dans un thé avec des algues et du riz soufflé ? Versatile, c’est aussi prendre des risques qui nous brûlent la langue et arriver à des idées que nous aurions ignorées dès le départ.

De quoi vous réjouissez-vous le plus pour le Daily Rock Fest 2023 ?

Hatred : Je me réjouis de jouer à l’Usine, chez nous, là où j’ai vu de nombreux groupes. Sans oublier de partager la scène avec mes amis dans Kassoghta. Et évidemment, de partager l’affiche avec Samael, un des plus grands groupes suisses de metal, et les pionniers dans le genre auquel nous appartenons également. Enfin, je me réjouis de la trace indélébile que, j’espère, nous laisserons dans l’esprit du public !

Famine : Une excellente soirée en perspective avec des groupes qui ont déjà prouvé toute leur performance sur scène, tant musical qu’artistique … Un vrai régal !

En concert le 10 février 2022 au Daily Rock Festival à l’Usine de Genève. Infos et billetterie ici !

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