La batterie est étouffée et réduite à sa primitive expression tellurique, la basse se noie dans le crachat, la guitare lamine, tranche, érafle la bienséance, les chœurs possèdent une capacité roborative, et le chant est habité, scandant ses textes comme un gourou bavant devant la masse des simples d’esprit buvant ses paroles prophétiques. Rasez les murs, The Decline ! est de retour et ses membres n’ont pas oublié d’où ils viennent. Que demande le peuple finalement pour préparer une petite insurrection qui nous ferait le plus grand bien ? Une union sacrée entre punk, rock, folk et rythmes celtiques sans doute !
Lorsque que l’on découvre pour la première fois ce groupe, on pense bien évidemment à Dropkick Murphys, Flogging Molly, aux Pogues, voire même aux Waterboys. Mais au fil des chansons, on s’aperçoit rapidement que les bretons ont en eux une festivité et une forte personnalité qui vont bien au delà des comparaisons, et que leur région d’origine n’est pas étrangère à cette sensation d’authenticité. Ni bourgeois, ni gentilhommes, ils redonnent ses lettres de noblesse à un genre croulant sous une avalanche de poseurs occupés à montrer leur bide tatoué du trèfle irlandais.
L’album aborde de multiples facettes musicales et les rennais ont une culture punk. C’est donc tout naturellement que plusieurs morceaux renvoient au son des Clash (on pense même parfois à Bad Religion). Mais n’ayez crainte, l’ambiance pub embrumé aux effluves houblonnées est toujours présente et ces douze chansons se complètent, s’emboîtent et forment un ensemble cohérent et réfléchi. Fiers de leurs origines, sans pour autant sombrer dans un identitarisme bas du front, ils nous offrent à coup sûr leur meilleur album.
Leur musique pourrait d’ailleurs s’apparenter à un cours d’histoire désordonné sur (presque) tout ce qu’a pu signifier le terme « punk celtique » depuis son apparition. Mais fort heureusement, le propos ici n’est pas uniquement instructif, et on se retrouve finalement avec un opus ultra respectueux de son héritage mais terriblement actuel. Bien évidemment, ils ne sont pas amnésiques et se rappellent d’où vient le punk et quelles doivent être ses finalités : brutaliser, pas seulement par le volume, mais surtout par le feeling et une certaine éthique.
Ainsi, toutes les pistes franchissent la ligne d’arrivée en tête, en dérapant méchamment dans le public dans un grand fracas de taule froissée, et plus moyen de compter les croix dessinées sur les carlingues pour aligner les victimes collatérales. Vous l’aurez compris, cette troisième livraison fait dans le charcutage en gros, à la hache, alors que la bête couine encore. Possédant un énorme potentiel, les cinq gars de The Decline ! feront assurément parler d’eux partout où ils vont se produire, et parce que sur scène c’est encore mieux, il faudra absolument se déplacer pour les applaudir en tournée (avec un passage au Hellfest au mois de juin).
 

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