La légende vivante Steve Hill enregistrait un album en concert vendredi dernier, le 17 mars, lors d’une supplémentaire au Club Soda de Montréal. Le mec se présente sur scène, seul avec sa guitare, ses tambours et ses cymbales qu’il réussit, tel un magicien à piocher tous en même temps. Autour de lui; l’aura d’un génie musical le plonge dans un éblouissement profond qui ravive aussitôt les cœurs et les esprits. C’est avec une énergie époustouflante que le maître de la six cordes en a donné plein la vue à un public charmé d’avance. Remplissant l’espace de sons discordants et de solos qui n’ont pas grand-chose à envier à Jimi Hendrix ou Jimmy Page. Pas grand-chose, sauf une chose; l’originalité.
La performance était incroyable, mais je ne sais pas trop à quoi j’ai assisté. Je n’ai pas l’impression d’avoir vu un concert de compositions, mais plutôt à une course effrénée contre la montre. Nous semblions plutôt être dans une compétition sportive, une performance physique, ou dans la démonstration d’un talent, et sur ce point il n’y a aucun doute, Steve Hill en a effectivement énormément. Mais, parce qu’il y a un mais.
Physiquement, la performance est statique. Elle ne peut faire autrement. Steve Hill semble prisonnier de son instrumentation. Chacun des gestes est précisément calculé et un faux mouvement aurait l’incidence de briser la formule mathématique soigneusement construite. C’est toujours très impressionnant de voir un homme-orchestre maîtriser son art de cette façon, mais comme n’importe quel phénomène YouTube, on s’en lasse assez rapidement. Il aurait été intéressant de le voir sortir de sa prison ou de l’entendre proposer différentes formules. J’aurais par exemple apprécié entendre davantage de guitare acoustique, peut-être un peu plus de balades afin de présenter des rythmiques différentes de l’éternel Boom-tack ou Book-boom-tack répété tout au long de la soirée. Il est effectivement difficile de faire autrement en jouant de la guitare, mais ça n’empêche en rien que nous pouvons désapprouver une certaine répétition.
Les fans diront que le Blues interprété par Steve Hill est une musique intemporelle, les haters diront pour leur part qu’elle manque éperdument d’originalité. La réponse se trouve probablement entre les deux. Plusieurs refrains ou mélodies sont aisément comparables à ce qui s’est toujours fait. On y reconnaît du CCR, du Allman Brothers, du Cream, du Guess Who et même à la limite du Aerosmith et du ACDC. La proposition est très commerciale et ne sort jamais des sentiers battus, mais elle n’est néanmoins pas sans intérêt.
La performance était extraordinaire, aucune erreur, aucune fausse note, aucun coup de cymbales à côté de la track, des solos à en couper le souffle.
Les compositions sont répétitives, il est difficile de distinguer une chanson de l’autre ou pire de distinguer une chanson originale d’une reprise.
Excellent spectacle, il faut seulement être au courant de ce que nous allons voir.
Pour entendre du Blues original et moderne, on achète un album de Black Keys.
Pour entendre du Blues classique, on achète un vieux Rolling Stones, du B.B. King ou du Muddy Waters.
Pour voir un homme se surpasser physiquement avec une guitare, on va voir Steve Hill en concert.
Il y a un public pour tout.
Texte: David Atman
Photos: Manon Tremblay