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35 années de Hardcore pour les Brésiliens, on a pris du temps pendant le festival See You In The Pit pour revenir sur leur parcours. Interview réalisée par  Olivier Briand sans qui ça n’aurait pas été possible.


Bonjour, bienvenue en France. Vous terminez votre première semaine en Europe, comment se passe le début de votre tournée ?
Tout se passe très bien, on a fait trois dates en Italie et une date, hier, en Suisse. En Italie, on a retrouvé des amis que l’on avait rencontré pendant la tournée précédente en 2014 à l’occasion de la sortie de notre dernier album «Século sinistro». Pour l’instant tout se passe au mieux.

Aujourd’hui, vous jouez avec Questions, groupe HxC de São Paulo, en support. Avez vous personnellement décidé de tourner avec eux? Y-a-t-il un lien particulier entre vous et les membres de ce groupe ?
On connaît très bien tous les membres du groupe depuis longtemps mais nous n’avons pas choisi particulièrement de jouer avec eux. C’est plus une coïncidence. On avait organisé notre propre tournée, on travaille sans tourneur, on décide et on organise tout nous même.Pour le concert aujourd’hui, on s’est retrouvé sur la même route et ils ont pu s’ajouter à l’affiche. C’est un excellent support, c’est un plaisir de jouer avec eux.

Ratos de Poão, Sepultura, Soulfy, Krisiun, Nervosa, il existe pas mal de groupes brésiliens connus en Europe mais pouvez vous nous donner des noms de groupes plus méconnus qui n’ont pas encore percé en dehors du Brésil et qui méritent qu’on y jette une oreille ?
Voyons… SLAG un groupe de São Paulo qui fait du Grind/Crust, Deaf Kids de l’état de Rio de Janeiro (Crust Punk), Gangrena gasosa de Rio de Janeiro un mélange de Macumba du Brésil et de Métal, très drôle, DFC de Brasilia qui fait du HxC Crossover, très bon aussi…

L’année prochaine, Ratos de Porão va fêter ses 35 ans de carrière, quel est le secret de votre longévité ?
Secret… Non, il n’y a pas de secret juste aimer ce que tu fais, sans prétention, sans plan de carrière, en gravant quelques albums de temps en temps. Notre seule ambition, c’est de jouer la musique qu’on aime et de donner le maximum de concerts possibles.Ce type de musique, c’est un peu comme une drogue, une montée d’adrénaline et on adore ça, on essaye de jouer sur scène le plus souvent possible.Et, dans le cas de Ratos de Porão, il y a un lien d’amitié indéfectible entre les différents membres qui fait que ce groupe a pu vivre aussi longtemps et c’est loin d’être terminé !

Quand on s’intéresse aux paroles de vos chansons, il y a énormément de choses à dire. Durant 35 ans de carrière, Ratos de Porão a vu évoluer le Brésil. En 1981, à vos débuts, une dictature militaire dirigeait le pays ensuite il y a eu la droite (Sarney, Collor, Cardoso) puis la gauche (Lula, Dilma)… Aujourd’hui, quelle est votre vision de la situation au Brésil ?
Avec l’arrivée de Facebook, on a pu voir le vrai visage des brésiliens.Le brésilien est raciste, plein de préjugés, ignorant, voilà l’évolution que l’on connaît aujourd’hui au Brésil…Et, évidemment, les politiciens en profitent, il n’y a que des voleurs, des escrocs. La gauche a fait de la merde (bisous Lula & Dilma) et l’extrême droite se développe beaucoup, cela devient vraiment dangereux. La vie quotidienne coûte une fortune, on a l’impression d’avoir les impôts du Danemark (parmi les plus élevés du monde) et les avantages des sénégalais… Pour le peuple brésilien, la vie n’a jamais été facile mais aujourd’hui la situation devient critique.

Pour en revenir à la musique, on va parler un peu de votre dernier album. Ratos de Porão a toujours produit des disques à base de HxC, Punk et Métal. Pour «Século Sinistro», quelle a été votre orientation principale ?
Ce dernier album est plutôt métal avec bien sûr du HxC et du Punk mais il reste bien métal. Tu peux prendre tous les albums de Ratos de Porão, il y a toujours la même base, un mélange de Punk, de HxC et de Métal. Un album peut être plus métal, un autre plus HxC, le suivant plus Punk mais, au final, si tu fais le bilan de ce que l’on a produit, tu retrouveras toujours les mêmes composantes.

On va parler maintenant de l’influence de Ratos de Porão sur la scène underground brésilienne. En 1989, à l’occasion d’un concert au Gibus de Paris (première tournée européenne de Sepultura), Max Cavalera me disait que si on devait écouter un seul groupe brésilien, c’était Ratos de Porão. Et tous les groupes brésiliens que j’ai pu rencontrer depuis donnent toujours la même réponse : Ratos de Porão! Comment pouvez vous expliquer ça ?
(rires) C’est une excellente question que tu devrais leur poser, pas à nous. (pendant leur set, le groupe Questions apportera une réponse très claire : Ratos de Porão est une légende brésilienne, les papas de la scène underground locale, un groupe incontournable). Simplement, au Brésil, quand tu aimes ce style de musique, tu n’as pas beaucoup de choix, tous ces groupes ont grandi en écoutant Ratos de Porão. C’est vrai que Ratos de Porão reste une référence pour les trois dernières générations de groupes brésiliens.

Vous jouez aujourd’hui à Montpellier mais pourra-t-on un jour vous voir participer au Hellfest à Clisson ?
Une réponse franche et rapide, nous avons déjà tenté trois fois de participer au Hellfest mais à chaque fois la réponse a été négative. L’explication est simple, nous organisons nos tournées au dernier moment et à chaque fois le line-up était complet mais si tu peux plaider notre cause, nous serions ravis de pouvoir participer.

Pour terminer, un sujet un peu décalé, João peux tu nous expliquer le concept de ton émission sur Youtube appelée «Panelaço» ( https://www.youtube.com/user/panelacooficial )
C’est un entretien avec un musicien, un acteur, un artiste… qui a pour prétexte la nourriture vegan. C’est un concept peu développé en Europe mais qui fonctionne vraiment très bien. Je suis étonné de voir à quel point les gens ici accompagnent ce show. Les audiences progressent régulièrement.

Merci d’avoir pris le temps de discuter avec nous et on a juste envie de vous voir détruire le Secret Place maintenant.

Merci à Estelle et Aurore de la Secret Place pour l’accueil et l’opportunité. Merci à Olivier Briand, sans qui l’interview n’aurait jamais pu être possible, merci à toi.

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