Pour mon déplacement du Valais à Aarau, j’aurais dû changer la couleur de mes plaques minéralogiques. Passer du blanc au vert aurait été judicieux au vu du rythme imposé depuis Berne. C’est donc fort logiquement que j’arrive en retard pour la prestation des Australiens de Plini. Genre au beau milieu de leur set d’une demie heure ! Juste le temps pour moi de me rendre compte que c’est un métal progressif – purement musical – de haute facture. Voilà.
Place ensuite à Between the Buried and Me, que j’appellerai BTBAM durant cette chronique, car c’est beaucoup plus court et surtout moins long.
Les Américains attaquent leur set pieds au plancher avec ‘The Proverbial Bellow’ issu de l’album ‘Autamata II’. Bien qu’étant physiquement présent sur scène, il est impossible d’entendre Tommy Rogers en façade. Totalement sous-mixé le pauvre ! Et ceci sera une constante qui à mon sens est fort dommageable, car ses capacités vocales, tant en clean qu’en growls, sont remarquables. Hormis cette bévue, j’assiste à un concert absolument incroyable, tant musicalement que techniquement. Les compositions complexes et alambiquées font mouche. Les influences jazz, funk, rock et métal s’enchevêtrent à la perfection, et le temps file, tant leur prestation est d’une fluidité inouïe. BTBAM fait clairement partie des groupes de métal progressif les plus inventifs de ces dernières années. Alors oui, certes, leur musique se veut très technique. Mais lorsque que cette même technique est teintée de musicalité et de créativité, je ne peux qu’être dithyrambique face au talent de BTBAM.
Je me permets d’ailleurs de vous faire ma traduction française de BTBAM : Bravo Très Balaise Absolument Mirifique. C’est beaucoup plus long et surtout moins court.
Ce qui est bien en travaillant pour le Daily Rock, c’est que quand on est de service, on doit… on peut boire de l’alcool. Je m’en vais donc en direction du bar lors du changement de scène me chercher une bière. Après un rapide coup d’œil sur le public présent, je m’aperçois que dans la foule, il y a beaucoup de jeunes. Cool, de la relève pour garnir les fosses dans le futur ! C’est à 22h que surgit sur scène TesseracT. J’avais personnellement adoré leur prestation lors de la dernière édition de L’Irreversible Festival de Monthey. De plus, leur dernier rejeton ‘ Sonder’ est un très bon album.
Le son se veut massif mais très clair. Contrairement au concert précédent, cette fois-ci, le chanteur est bien audible. Le plus souvent pour mon plus grand bonheur, mais parfois un peu moins. On sent parfois Daniel Tompkins un chouilla à la peine sur certaines parties. Je pense que le point fort des Britanniques (même si pas vraiment de points faibles) c’est le bassiste Amos Williams. Ce musicien rempli la scène et maîtrise son instrument à la perfection. ‘ Slap’, ‘plectre’, aux doigts, rien ne semble lui poser de difficulté. Il magnifie les parties de batterie de Jay Postones, qui pourtant sont déjà d’une justesse rare. Les Anglais nous baladent au gré de leur discographie. C’est fort plaisant, bien qu’à mon sens ‘ Sonder’, mon petit chouchou, n’est pas suffisamment représenté. Le public est ultra réceptif et les ‘ pogos’ sont légion. Deux raisons me font m’éloigner de cette agitation : TesseracT produit une musique exigeante qui demande une certaine concentration d’écoute et non une obligation de survivre. Deuxièmement, il ne faut pas déconner non plus : j’ai 36 ans, fini ces conneries ! 1h30 de musique d’une qualité indéniable. Un petit reproche quant à la fluidité du concert. J’ai trouvé que les nombreuses petites pauses du groupe faisaient retomber un peu la tension générale. Mais je fais la fine bouche. Avec un tel niveau musical, le quintet peut bien souffler un peu entre ses prouesses.
Moi, j’ai passé une très bonne soirée et je pense que la majorité du public aussi. Merci Aarau, j’ai KIFFé !