Le quatuor local Bad Uncle récidive avec une nouvelle parution très attendue par la faune nocturne et autres vampires dérangés. Intitulé Horrendous Monsters, l’album de douze morceaux à la production impeccable raconte des histoires de meurtre, d’épée, de trampoline et évidemment de monstres effrayants et inquiétants. Dans un amalgame de sonorités volontairement étranges, voire caricaturales, à mi-chemin entre le film d’horreur de série B et une bande dessinée grotesque — voir la pièce Big Ol’ Mouth pour s’en convaincre —, le groupe présente une œuvre distinctive, ludique et achevée. Chose certaine, l’imaginaire de Bad Uncle est volontairement débridé et leur musique particulièrement entraînante.
Le chant sobre du chanteur-accordéoniste Santosh Lalonde, dont la voix grave est reconnaissable parmi mille, rappelle évidemment Tom Waits, mais l’apport de Lalonde à la troupe est soutenu par une assurance profonde et un charisme incommensurable, allant de pair avec son imposante taille physique. La contrebasse de Johnny Slapper est fondamentale dans l’approche musicale que le groupe aborde, l’introduction de Whadjuwseh (What do you say?) est suffisante pour convaincre quiconque d’une maîtrise certaine de son instrument. Les guitares de Kevin Moquin se posent tranquillement sur l’ensemble avec des parties surprenantes et originales. Son approche très heavy metal sur la pièce Midnight Xpress démontre un spectre de jeu hyper large et à point. Alors que l’on distingue aussi le son de batterie de Ram Krishnan, toujours précis, joué avec des balais ou des baguettes acoustiques, comme sur chacun de leurs précédents efforts d’ailleurs, agrémentant ainsi l’expérience générale d’une aura de style cabaret plutôt que rock. Chacun des musiciens maîtrise les dynamiques et sait s’effacer pour les bienfaits du morceau.
Le groupe traîne une réputation de bête de scène depuis plus d’une décennie, performant parfois entouré de performeurs de cirque. Vous les aurez peut-être découverts lors de leur passage au MTelus en première partie de Quebec Redneck Bluegrass Project ou lors de leurs nombreux spectacles aux quatre coins de la province. Chaque performance de Bad Uncle est un événement dont toute la ville parle, chaque spectacle les amène à renchérir leur réputation de groupe local culte avec un bassin de fans toujours grandissant. Fans fidèles qui ne s’épuisent jamais, prêts à chanter et danser jusqu’aux petites heures du matin parmi les effluves de whiskey et de botch. On appelle ça le Folk-Sale. Terminologie québ qui décrit non pas seulement un style musical, mais un mode de vie. Même si l’âge d’or du style est peut-être légèrement derrière nous, quelques années à peine, de fiers représentants sont toujours bien actifs, encourageant une nouvelle génération à prendre le relais.
Horrendous Monsters saura parfaitement accompagner tous vos rassemblements costumés en ce 31 octobre.
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