Apex Predator

« Nous sommes Napalm Death, et nous jouons du Grindcore »

Pour faire l’analogie avec Motörhead, voilà comment je résumerai la carrière des anglais. On prend les mêmes ingrédients : la brutalité pure, simple et totalement gratuite, l’engagement « politique » et surtout, c’est rapide et rentre dedans. On peut aimer ou détester, toujours est-il qu’après « Utilitarian », 15e opus de Napalm Death sorti en 2012 voici « Apex Predator – Easy Meat » (une sortie par an depuis « Smear Campain » en 2006).

On pourrait avoir peur, avec le retrait de Mitch Harris pour des raisons de santé, d’une baisse de régime du groupe. Mouais, il ne faut pas trop compter là-dessus en fin de compte. Avec un line-up stable depuis le début des années 1990 (sauf pour le départ de Jessie Pintado), on connait bien la recette pour avoir une bonne dose de Napalm : du jus d’orange concentré/congelé et de l’essence … Ah, on me souffle dans l’oreille que ce n’est pas bien de le dire … bref, la recette reste inchangée depuis des années, mais que c’est toujours aussi efficace. Napalm Death, c’est un peu comme la branlette, c’est un plaisir coupable, mais t’y reviens toujours, même si tu es avec quelqu’un. 14 titres pour 40 minutes de douceur auditive, plus court que leurs dernières sorties.

Dès l’intro « Apex Predator – Easy Meat », on sent la patte malsaine du groupe, à la fois tribale et industrielle, symbole de l’esclavagisme de notre société. Plus court que ses prédécesseurs directs (« Utilitarian », « Time Waits For No Slave » et « Smear Campain ») il n’en reste pas moins violent, direct et rempli de ce petit truc qui te soulage. C’est l’un des albums parfaits pour quand son auditeur va courir en chantant « Le napalm c’est bon c’est chaud, et en plus ça colle à la peau », chose que l’on peut souhaiter à son pire ennemi, en espérant qu’il ne court pas aussi vite que Forrest Gump, mais plus que Phan Thị Kim Phúc.

Tout comme l’illustration de l’album (photo prise d’abats après trois semaines de cave), on ressent que le groupe ne veut pas se reposer sur ses lauriers. Innover, aller de l’avant (même si l’on reste sur du « more of the same »), ne jamais se reposer dans une routine meurtrière. Les éléments « ambiants » sur des morceaux comme l’intro, « Cesspits » ou « Dear Slum Loandlord », même s’ils sont relatifs, donnent une légère touche acidulée à l’album. Bien entendu, plaire n’est pas le but de Napalm Death, il est question d’irriter, de choquer, d’aller toujours plus loin dans l’extrême, dans les sons tordus (« Beyond the Pale », « Smash a Single Digit »). Le groove, les chants « scandés » et le pu**n de SOLO (oui oui, y a un SOLO !) de « Hierarchies », la lenteur de « Dear Slum Landlord », tout ce travail montre que l’on peut aller plus loin. Mais ce travail ne saurait être mis en valeur sans la production de Russ Russel, avec qui Napalm Death travaille pour la huitième fois.

Napalm Death pose avec « Apex Predator – Easy Meat » un regard sur le mode actuel de consommation. Au-delà des apparences toujours plus enjolivées, il peint un portrait sombre, violent de notre société et de ses abus. En partant de la tragédie au Bangladesh d’il y a bientôt deux ans. En essayant à leurs niveaux respectifs, Barney mais aussi le groupe en tant que tel essaye d’éveiller les consciences face à un monde qui part en vrille. C’est une question de faire une différence, pas d’être plus purs que n’importe qui. Utiliser le spectre sonore en entier pour faire voir aux gens ce qu’il se passe, se faire une opinion. On ne peut pas tout contrôler, mais ce que fait Napalm Death, il le fait bien, à son échelle, à son envie. A nous de voir quel sens donner à sa vie.

« Nothing else on the world smells like that. I love the smell of Napalm In the Morning […] It smells like … Victory. Someday this war’s gonna end … ».

PS : plusieurs références se sont glissées dans cette chronique, saurez-vous les retrouver ?

http://napalmdeath.org/scum/

http://www.centurymedia.com/

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