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La patience doit être la principale qualité des fans de Coroner. Le trio culte suisse allemand aura patienté quinze ans avant de revenir sur le devant de la scène metal en 2011, puis cinq années supplémentaires pour enfin offrir du « matériel » inédit à ses admirateurs. Espérons juste que l’annonce d’un nouvel album pour la fin de l’année 2017 ne sera pas repoussée aux calendes grecques…

Ceci étant dit, l’attente est largement récompensée avec l’offrande que représente ce coffret quatre disques. « Autopsy», puisque le Précieux se nomme ainsi, est ainsi composé dans sa version standard de 3 DVD et d’un CD audio, et dans sa version collector , dédicacée par le groupe, de 3 disques BluRay et d’un vinyle.

Tuons le suspense immédiatement : le travail réalisé et le résultat obtenus raviront sans doute aucun les générations de fans. Qualitativement et quantitativement, « Autopsy » est une référence.

Mais procédons à… l’autopsie chirurgicale de ce coffret

Disc 1 : « Rewind »

Bruno Amstutz et Lukas Rüttimann réalisent ici un documentaire biographique de Coroner de près de deux heures. Le film, récemment présenté d’ailleurs à Zurich en avant première, propose de parcourir l’histoire complète du groupe, de ses prémices jusqu’au concert d’adieux de Marky (batterie) donné en février 2014.

Le film est passionnant, mêlant images d’archives de concerts, répétitions, interviews, de témoignages divers d’artistes ayant côtoyé ou été influencés par Coroner ( citons pêle-mêle Tom G.Warrior de Celtic Frost, Max Cavalera, Stephan Eicher, Mille Petrozza de Kreator) et un recueil d’impressions et de souvenirs des musiciens, réunis devant un feu de cheminée…

Tous les musiciens interrogés font part tour à tour de leur respect eu égard à la qualité technique dont a toujours fait preuve Coroner dès ses débuts. Tous sont d’accord pour reconnaître que le groupe suisse a été au milieu des années 80, malgré ses influences issues de la scène thrash américaine notamment, le précurseur d’un style unique.

Les origines du groupe sont évoquées par Tom G.Warrior qui replace la scène locale dans son contexte d’alors : des groupes comme Celtic Frost ou Coroner naissent dans un esprit de rébellion de la jeunesse suisse, à l’heure où des émeutes éclatent en Suisse allemande, les jeunes étant alors littéralement réprimés dans leurs libertés…

Marky revient alors longuement sur la création de la première mouture, à cinq, de Coroner, dont le nom remplace rapidement celui initial de VoltAge. Le groupe arrête ses activités lorsque Marky doit effectuer son service militaire et opère son virage techno thrash avec l’arrivée de Tommy Vetterli (guitare) et de Ron Broder (basse).

Si on ne le savait pas, on découvre donc que Marky est l’âme originelle de Coroner : il a créé le logo, le concept du groupe. C’est aussi lui qui s’occupe du look, et l’on apprend ainsi qu’il avait eu l’idée, en tant que grand fan de Kiss, d’affubler le groupe de masques sado-maso…

Devant leur feu de cheminée, tranquillement assis, Ron, Tommy et Marky évoquent alors leur volonté initiale de sonner le plus technique et le plus complexe possible. Coroner s’invente donc un style, que Tommy caractérise de « thrash néo classique ».

La discographie du groupe est ensuite longuement évoquée.  La première démo, « Death Cult », sort en 1985 à 250 exemplaires, et l’on découvre avec émotion des extraits de l’enregistrement des parties de chant de Tom G. Warrior de Celtic Frost.

Et c’est d’ailleurs grâce à lui, qui recommande à la maison de disques Noise Records de signer le groupe, que Coroner décroche son contrat. On découvre que rapidement Noise impose son diktat au groupe. Coroner doit impérativement avoir son propre chanteur, et ce sera Ron qui s’y collera. Le budget s’envole dès la réalisation du premier opus « R.I.P », et Noise impose même au groupe de modifier son projet de pochette du second album « Punishment For Decadence » !

Marky explique ainsi son envie d’avoir en recto de l’album une œuvre de Rodin. L’idée est repoussée par Noise, et les trois musiciens témoignent de leur contrariété d’alors… La situation est déjà tendue, alors même que le groupe était endetté dès le premier album, le budget alloué de 17000 DM ayant explosé.

On découvre ensuite la réalisation du troisième album de Coroner, « No More Colour », à laquelle Tommy prend directement part, et surtout à des images absolument culte du groupe en tournée US avec Kreator en 1989 (backstage, tour bus, concerts…).

La tournée 1991, après la sortie de « Mental Vortex » est aussi illustrée et les trois musiciens entament ensuite, sous nos yeux ébahis, une véritable séance de thérapie de groupe. Marky tout d’abord évoque son mal être croissant lors des séances studio de l’enregistrement de « Grin ». Il explique qu’alors il réalise que Coroner devient un groupe trop « intellectuel », que sa motivation s’en ressent…Des dissensions et des conflits internes voient le jour lors des sessions d’enregistrement. On apprend avec effarement que le groupe, au lieu des cinq jours alloués, passent trois semaines à enregistrer les seules parties de batterie… Coroner est en train d’imploser, chacun des musiciens le ressentant ainsi, et la production de l’album s’achève en mode accéléré, sous la pression du producteur.

Ce passage clé du documentaire relève d’une véritable autopsie du groupe : Marky, Ron et Tommy semblent ainsi découvrir les raisons pour lesquelles ils n’arrivaient plus alors à s’entendre ! Une thérapie improvisée, sous nos yeux… un moment stupéfiant !

Le split est donc inévitable et chacun revient alors sur ses nouvelles expériences. On voit notamment Tommy se produire avec Stephan Eicher, le guitariste expliquant qu’il devait sans doute être la caution grunge, alors en vogue, du célèbre chanteur suisse.

Le « Funeral Tour » de 1996 est ensuite évoqué, avec l’arrivée sur scène de Daniel Stoessel. Quel plaisir de découvrir les premières images live du quatrième larron de Coroner et sa chevelure encore brune d’époque ! Des extraits du denier show du groupe en Allemagne, à Essen, nous émeuvent, tout autant que le recrutement de Tommy par Kreator, le temps d’un duo d’albums qui ne feront pas l’unanimité chez les fans, malheureusement.

La dernière partie du film nous propulse en 2011 lorsque le groupe décide d’opérer sa réunion. Le projet est initié par Tommy qui insiste auprès de Marky. Celui-ci nous fait part de ses craintes, du risque de voir détruite l’image du groupe en une seule prestation qui pourrait tourner au désastre. Mais Marky finit par admettre qu’il sera touché par le nombre de témoignages de sympathie reçus des fans.

Ron, quant à lui, explique ses doutes quant à ses propres aptitudes physiques à pouvoir rejouer de la basse. Le groupe va alors répéter d’arrache-pied afin d’être prêt pour son premier show depuis quinze ans. Celui-ci a lieu aux Docks de Lausanne en avril 2011. Les musiciens sont abasourdis par la réaction et l’accueil du public. Et conviennent qu’il s’agit alors d’un vrai déclic !

Dans la foulée, Ron, Tommy, Marky et Daniel, se remémorent les grands moments qui s’ensuivent jusqu’en 2014 : le Hellfest, 70000 Tons of Metal…

Marky rappelle que pour lui, il avait toujours été clair qu’il ne participerait pas à la création d’un nouvel album, et qu’il était alors temps d’arrêter définitivement. Le film s’achève sur des images particulièrement émouvantes de son ultime concert à la Mascotte de Zurich en février 2014. Tommy et Ron, dans les loges du club zurichois remercient et rendent hommage à Marky. Le rideau tombe, une nouvelle ère peut commencer…

Disc 2 : Reunion gigs et bonus

Le second disque est une sorte de concert virtuel de Coroner. Seize titres sont présentés dans l’ordre de leur apparition scénique, mais sont tirés d’une dizaine de concerts différents. On y retrouve des extraits du Hellfest, des festivals de Vagos, Eindhoven, Bloodstock, Baltimore, des concerts d’Athènes, de Zurich (Plaza et Mascotte/dernier show de Marky avec le groupe). Le concept sied parfaitement à Coroner : il s’agit souvent d’images tirées du matériel personnel installé par le groupe et Daniel Stoessel en particulier. Mais ce léger côté « bootleg » renforce la qualité des vidéos au final.

En bonus, on retrouve, là-encore, les clips vidéos enregistrés et mixés par le quatrième membre de Coroner. Son travail de fourmi est remarquable ! On trouve des clips de quelques minutes retraçant les meilleurs moments du groupe sur les concerts donnés entre 2011 et 2014. Les fans et le staff du groupe y sont subliminalement remerciés. Les personnes concernées apprécieront… On peut ainsi observer le groupe se préparant dans ses loges du Hellfest, poser devant l’Acropole d’Athènes, découvrir la Pologne et la République Tchèque, s’éclater lors de la croisière Metal en Floride… Et pour finir, plein de scènes émouvantes des adieux de Marky un triste soir de février 2014 à Zurich.

Disc 3 : Archives

Sur ce troisième disque, Coroner nous fait plonger dans son riche passé. Toutes les vidéos officielles du groupe y sont recensées, dont la mythique VHS « Live in East Berlin » qui date du « No More Colour Tour » de 1990.

Mais le clou de ce disque, si ce n’est du coffret tout entier, se trouve dans les trois derniers bonus. Des vidéos live de leur premier show au Volkshaus de Zurich en 1986, ainsi que d’une répétition où le groupe exécute « The Invicible »datant de la même année.

Enfin, un montage rend hommage au tristement nommé « Funeral Tour » de 1996, et plusieurs têtes familières s’y retrouvent, rajeunies d’une vingtaine d’années.

Disc 4 : Best of

Le dernier disque est un CD audio de 8 titres présentant une sorte de compilation des meilleurs titres des cinq albums du groupe…

 

Ce sont donc six heures de matériel, dont une grande partie d’inédits et d’archives rares que Coroner offre à ses fans, les anciens, mais aussi les plus jeunes qui se sont multipliés depuis la reformation du groupe. L’occasion est trop belle, qui plus est pour une somme vraiment modique eu égard à la qualité du produit, de (re)découvrir Coroner. Et surtout pour pouvoir patienter jusqu’à la fameuse nouvelle galette !

 Hervé Rakowski

http://www.coroner-reunion.com

 

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