Hé bien, on a failli attendre ! Alors que la fréquence des sorties d’albums Mastodontesques ralentit (sans doute la faute à leurs side-projects, en partie), on est en droit de se dire que la qualité sera au rendez-vous. Alors clairement, travail de longue haleine il y a eu. Ne serait-ce que l’intro du morceau d’ouverture, qui combine parfaitement, l’espace de quelques secondes, montée en puissance progressive, mise dans l’ambiance, préparation au rentre-dedans qui s’ensuit et agréabilité à l’écoute. Et un peu de technique quand même, parce que Brann Dailor, naturellement. Donc voilà où nous en sommes. Quinze lignes que j’écris (sur mon vieux smartphone) et je n’ai décrit que les douze premières secondes de tout un album. C’est dire si la qualité est là ! La plupart des morceaux de Hushed And Grim, surtout dans la première moitié, ont le potentiel de devenir de sacrés hits planétaires (si seulement Mastodon et consorts étaient les références musicales qu’on entend au quotidien, à la radio…) Dans la seconde moitié de l’opus, sans aller jusqu’à dire que c’est inégal, il est un petit groupe de morceaux qui s’écoutent très bien mais ne marquent pas autant que le reste. Par exemple ‘Dagger’ a moins d’impact que ‘Had It All’, qui fait office de séquence émotions – je dois avouer que la mélancolie m’a envahi à l’écoute de cette quasi-balade. Mais attention, ça reste de la qualité tout de même ! Ce que je pourrais peut-être un peu regretter est l’alternance des voix différentes, qui fonctionne si bien dans Mastodon, mais n’est pas suffisamment exploitée selon moi dans quelques titres… Je me réconforte bien vite en écoutant ‘Sickle And Peace’, cette perle de métal prog superbement travaillée et peaufinée au poil, avec ces rythmes parfois déroutants (ce riff principal de guitare, sacrebleu ! Quel ostinato !), la petite surprise du début et ce final presque grandiose, s’il était plus long ! Ça annonce du bon pour les prochains live ! Classique mais efficace, ‘Savage Lands’ vient réveiller comme un seau d’eau froide entre les p’tits coups d’mou des deux séquences émotions, parce que oui, il y en a une deuxième juste avant la fin, très belle aussi. On conclut sur un morceau presque joyeux, léger, si ce n’est la longue outro assez épique. Au final, le quatuor américain touche pas mal au prog, naturellement, mais aussi au bon vieux rock, et même un peu au punk (‘Pushing the Tides’ !), le tout avec des ambiances assez changeantes, même si souvent plutôt sombres, il faut admettre. Jamais je ne reproche à des artistes d’explorer des horizons ou d’autres. Surtout quand ils le font aussi bien. C’est donc avec un plaisir non dissimulé que je me suis enfilé Hushed And Grim pendant une semaine plusieurs fois par jour. Posologie efficace. Wow ! Aurais-je réussi à finir une chronique d’album sans faire de comparatif avec les précédents ? Pourtant, celui-ci est un digne descendant de Once More ’round the Sun ou de Emperor of Sand, en moins bourrin, plus posé, peut-être plus mature, donc chronologiquement… logique. Et zut, j’ai encore comparé… Fun fact pour me faire pardonner : j’ai découvert le morceau ‘Teardrinker’, de cet album, à un blind test du Vestibule, mais j’étais persuadé que c’était un groupe de death melo finlandais ou suédois. 

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5/5