Révélée sur disque avec « Morceaux de verre » en 2017, Marie Onile dépose ainsi son pied dans le domaine musical professionnel avec l’intention de s’y tailler une place digne de son talent. Deux années s’écoulent à perte de vue pour permettre la parution d’« Iris pollués » en 2019, un second opus joliment réussi. C’est par celui-ci que l’on perçoit une personnalité artistique évolutive, qui se démarque, chez la jeune auteure-compositrice-interprète. Les quatre printemps qui défilent bénéficient à cette dernière pour maintenir cet élan florissant d’exploration. C’est ainsi qu’elle lance, le 19 mai 2023, son troisième album en carrière intitulé « Les mots, l’élan et la chance ».
L’écoute du premier extrait « Café la lune », témoigne d’un changement de ton à l’ambiance pop de la Méganticoise d’origine. Par la pièce introductive « Est-ce qu’on se connaît? », on devine le caractère plus dense des chansons subséquentes. Celles-ci s’aventurent dans un horizon légèrement progressif tout en restant cohérentes. Le résultat est convaincant, si bien que l’on se plait de ses mélodies plus solides et accrocheuses sans toutefois aliéner son auditoire des premières heures.
Vincent Appelby, qui assure la réalisation, apporte perceptiblement sa couleur à l’habillage sonore. On reconnait, entre autres, ses brillants jeux de guitares électriques qu’on savoure, par exemple, sur « Clarté mobile » ou bien sur « L’effroi », morceau dont il participe à la composition de la musique. Des pièces comme « Sortir par la fenêtre » et « Autrement dit » sont démonstratifs de la qualité d’interprète qu’est Marie Onile, une des plus intéressantes du paysage québécois ou de la scène dite « émergente ». Sa voix douce et claire au timbre distinct a, sans équivoque, gagné en maturité et en assurance. Par son interprétation soutenue, on ressent davantage la portée des textes, dont elle signe l’entièreté, aux thèmes sensibles et dotés d’une écriture délicate et poétique. On constate bien tout le chemin parcouru depuis sa participation à La Voix II, en 2014. « La pluie des arbres », un des moments forts de ces 36 minutes musicales, illustre bien la compatibilité artistique entre la chanteuse et le guitariste Appelby, pour ne pas le nommer. L’émotion y est à son comble, la chimie opère et elle se marie à merveille entre les deux. Chant et texte joints aux arrangements et au solo de guitare suaves: tout y est.
Solide et défini, l’album « Les mots, l’élan et la chance » fait preuve d’une pop créative, dénuée de prétention et énonciatrice de son avenir artistique. Nul doute, Marie Onile est bien en selle et mérite de prospérer en auteure-compositrice-interprète de renom.
Pier-Luc Diamond
4,5/5
Un peu comme du Lise Leblanc, des thèmes de la quotidienneté bien écrites. Un rythme bien dosé avec juste ce qu’il faut de rythme et de silence avec la reprise de parole.