L’édition de l’an passé de ce festival à même pas deux plombes de route de la Romandie nous avait laissé d’excellents souvenirs. C’est donc sans hésitation aucune que nous avons décidé de remettre le couvert malheureusement pour un jour seulement, mais quel jour ! Une affiche remarquable pour ce millésime qui ratissait large au rayon hardcore, metal, punk et rock aussi car c’est bien de cela dont il s’agit après tout. Avec dix-neuf groupes au programme, puisque Brutality Will Prevail a annulé sa venue vingt-sept minutes avant l’ouverture des portes, cette manifestation était un événement à ne pas manquer et nous en avons foutrement bien profité comme le public qui avait convergé de Suisse et d’autres régions françaises bien éloignées de la Préfecture du Rhône.

Longlive article 8 - 4 sur 10


C’est Hellions, qui ouvre les hostilités. Les Australiens sont sur le Vieux Continent ces temps où ils croisent sur scène certaines formations présentes à l’affiche de ce deuxième jour. Leur style assez abordable ne rebute pas le public, mais ne provoque pas non plus l’hystérie sur la Clubstage. Dommage car leur hardcore assez léger est non seulement bien maîtrisé, mais aussi particulièrement bien interprété. Ils sont suivis par Casey après un bref changeover – comme ce sera d’ailleurs le cas tout au long de l’après-midi et de la soirée ce qui permettra de balancer presque vingt groupes sans prendre de retard – qui pratique un style nettement plus metal à la Cult Of Luna. Les amateurs du genre savourent et les fans du groupe s’éclatent en appréhendant les différentes phases des titres interprétés durant la demi-heure de jeu. Les Helvètes de Make Me A Donut enchaînent avec leur hurleur du moment. Ils ont opté pour des titres plutôt percutants au lieu de déployer un set technique comme ils savent aussi bien le faire. Le public est peu nombreux au début du set ce qui n’affecte en rien la dynamique du groupe qui capte les personnes dans la place et les visse dans devant la scène jusqu’au terme de son show. Bien joué les gars !

Longlive article 8 - 1 sur 10

Les chamboulements occasionnés par la défection des Gallois imposent un temps mort après seulement trois prestations et avant que les chevauchements entre les deux scènes du festival débutent. On en profite pour se balader, serrer quelques pognes, claquer quelques bises, bouffer au foodtruck, descendre des godets, passer aux stands merch bien achalandés ou fumer des clopes, mais il pleut et comme l’an passé il faut constater que le public metal et hardcore se croit soluble…Notre attente n’aura pas été si longue que ça et The Amsterdam Red Light District envoie un set punkrockisant. Les autochtones peinent à bouger le public, en pleine sieste, malgré les roulades sur scène de son frontman. Il est impératif de préciser que ce marathon du riff durera encore sept heures après ce concert et qu’il n’est même pas l’heure du goûter (ou de la praline locale qu’on mange à toute heure par ici). Je n’attendrai pas la fin de ce concert pour converger vers la Mainstage sur laquelle se produira le premier groupe de la journée (l’enchaînement infernal débute enfin) : In Arkadia. Les Lyonnais sont à la maison et les interactions avec le(ur) public sont nombreuses. Leur deathcore est poutrement bien foutu et la première pyramide humaine prend place dans le pit alors qu’il est réclamé du sang dans les micros. La formule à deux chanteurs est efficace en diable même si aucun chicot ne jonchera le sol malgré les demandes du groupe grimé pour son set. A noter que malgré la demi-heure allouée, les Français se sont payé le luxe de balancer de nouvelles compos à venir sur leur prochaine plaque.

Longlive article 8 - 2 sur 10

Retour dans l’enfer propice au stage diving pour Annisokay qui est en tournée européenne avec The World Alive et Polar comme le hurleur au shirt frappé du mythique ‘Jane Doe’, le répète régulièrement. Les voix clairs donnent du relief à un show mené à l’allemande : pugnace et efficace. On glisse à nouveau dans l’antre de la Mainstage, et pas à Sainte-Hélène, pour un set énergique des jeunes anglais de Napoleon qui envoient d’entrée de jeu un titre de l’album à venir ce mois. L’appui au vocaliste durant certains passages démultiplie la puissance scénique de ces gars qui envoient du bon bois au rayon metalcore.

Longlive article 8 - 3 sur 10

Nous ne verrons pas la fin de leur set car il s’agit de foncer dans l’antre des agités – qui aura été plutôt bien fréquentée tant sur la scène que devant vu les formations intéressantes qui s’y sont produites – pour le hardcore made in Toulouse. Après un échauffement digne d’une préparation au combat (des pompes pour certains si vous voulez tout savoir), Alea Jacta Est prend la scène d’assaut et c’est forcément la guerre dans le pit. Même le frontman de Nasty n’en perd pas une miette. Les Français savent y faire pour retourner un pit et leur présence sur une plus grande scène n’aurait pas été volée, mais l’ambiance n’aurait certainement pas été la même. Les ogives s’enchaînent et on en prend plein la gueule comme on s’y attendait. Mission réussie donc pour ces sympathiques lascars (qui se seront salués parmi depuis la scène avec Rise Of The Northstar et Nasty à chacun des trois sets) qui ont foutu le feu avec des titres comme – le bien nommé – ‘Napalm For Everyone’. Changement de scène et de registre ; les Ricains aux messages conscients de Hundredth déploient leur hardcore mélodique, sec et rapide devant un auditoire conquis. C’est bigrement bien foutu et fort efficace sur une grande scène qui leur sied plutôt bien. Retour dans un registre metal un peu plus convenu, quoique débridé quand-même, avec Hypnose que nous devrons bypasser après quelques titres, balancés avec des instruments au design metal affirmé, l’histoire d’aller se remplir la panse. Désolé pour eux, mais il y avait des choix à opérer durant ce déferlement de riffs et c’est la prestation plutôt technique du groupe hexagonal qui en a été victime. La longueur de la queue au stand bouffe et celle de leur set n’étant pas compatibles pour aller écouter les dernières plages, c’est rassasié que nous découvrons le show de The World Alive qui fait la part belle à sa dernière galette sortie il y a à peine deux mois. Les Etasuniens ont une prestance certaine et le rendu global proche de Linkin Park lui vaut un public nombreux et visiblement très satisfait de ce set truffé de nouveautés bien maîtrisées (ça on s’y attendait de leur part). Retour du côté obscure avec la dernière prestation purement hardcore à s’y dérouler. Et quelle prestation !

Longlive article 8 - 6 sur 10

Polar a soufflé le chaud avec un setlist constitué aux trois quarts d’extraits de ‘No Cure No Saviour’ que le public a pu gueuler jusqu’à en faire des extinctions de voix. Le chanteur a effectué quelques bains de foule pour augmenter encore l’intensité d’un show hardcore comme on les aime. Puis nous nous sommes trouvés confrontés au dilemme de la fin : la dernière des Britanniques ou la première des Belges ?

Longlive article 8 - 7 sur 10

En tant que dignes représentant de notre neutre nation, nous avons opté pour le Brexit et on s’est tiré se taper la presque totalité de la performance de Nasty. Matthias, le frontman, faisait le pitre en attendant impatiemment d’en découdre avec le public venu à Lyon pour ces festivités et c’est après son solo de saxophone virtuel que le groupe a envoyé du très lourd sur scène. Le public converti à leur art a transformé la salle en un pit XXL qui s’est donné à fond alors que les premiers rangs profitaient du micro tendu pour vociférer. Une mention spéciale à ces dignes représentants d’une scène concernée qui se sont fendu d’un long discours antiraciste salué par le public qui fera un peu taire les mauvaises langues qui reprochent un certain apolitisme orienté du mauvais côté de la barricade au mouvement hardcore.

Longlive article 8 - 5 sur 10

Les vétérans de Burning Heads affûtaient leurs armes en attendant leur passage et lorsque le top départ a été donné, ils ont envoyé la ‘Party’. Excellent ! Ils ont envoyé un titre d’obédience reggae après le beatdown et j’étais aux anges avec cet extrait de leur dernière – double – plaque. L’exercice de style en trente minutes ne laissait guère le choix de taper deux fois au rayon des influences jamaïcaines et le reste du set, d’excellente facture, été consacré à un registre nettement plus punkisant asséné par les multiples vocalistes de ce pilier mythique de la scène francophone.

Longlive article 8 - 8 sur 10

Les anciens ont adoré, mais pas le temps de traîner car suivait le concert de Rise Of The Northstar que nous attendions ! Déboulant comme à leur habitude dans leurs habits de scène (et de ville aussi puisqu’ils ont sillonné ainsi l’enceinte de la manifestation durant une bonne partie de l’après-midi), les Franciliens ont balancé le set qu’il fallait. Le public était heureux et complètement à fond durant un set propice aux gros défoulements. Une expérience toujours aussi sympathique de la part des agités aux influences nippones et pas mauvaises du tout. Le groupe a échangé avec le public qui s’est docilement agenouillé pour profiter pleinement de ‘Again And Again’. Domo arigato à eux !

Longlive article 8 - 9 sur 10

Retour dans un tout autre univers musical avec SNFU. Les Canadiens très grisonnants jouent devant un public plus concis que leurs prédécesseurs. Les gens sont aller reprendre des forces, ou le frais, après l’enchaînement précédent et leur style peine à convaincre le grand nombre. Tant pis pour les haters, ces figures historiques du punkrock d’outre-Atlantique ont bien joué le jeu même si le haut à paillettes du velu chanteur était assez bizarre sur la Clubstage. C’est une foule plus nombreuse que nous retrouvons devant la Mainstage pour les prodiges australiens de Northlane et leur metalcore très technique. Les deux guitaristes de la formation, aux pédaliers hallucinants, se sont lâchés sur scène pour envoyer le meilleur alors que leur hurleur s’agenouillait derrière ses retours pour hurler certains passages intenses de leurs brulots. Une prestation impeccable techniquement parlant, mais pas franchement prenante après les bûches prises précédemment dans la journée dans le rayon énergique.

Longlive article 8 - 10 sur 10

Une toute autre chose se prépare dans les coins sombres : un choix osé de la part de l’orga, mais une énorme baffe pour les esprits ouverts – si respectés par les fans de Hundredth qui le portent sur leurs hauts – qui étaient encore là. Le public s’interroge en voyant les tests de fumées et les armoires frigorifiques qui servent d’amplis à ces ambassadeurs de la Capitale qui a la Gaule. Les photographes blêmissent quand Celeste envoie son doom dans l’obscurité presque totale n’utilisant que des lampes frontales rouges comme lights pour percer la fumée ambiante. Une performance exceptionnelle de metal à la croisée du black et du doom qui a déjà fait un tabac au Roadburn (la crème du genre doom de bourrin en terme de festival). Excellente idée niveau programmation pour un rockfest éclectique ; les indigènes ont rassemblés de nombreux zicos d’autres formations qui ont affectionné le côté planant de ce doom de malade. Après cette excellente surprise, nous nous dirigeons une ultime fois dans la grande salle pour les Satanic Surfers. Les légendaires scandinaves qui avaient ouvert la voie au softcore européen avec leurs camarades d’écurie de Millencolin et No Fun At All se sont remis aux affaires après un hiatus de plusieurs années et nous nous devons de constater qu’ils assurent toujours autant sur scène. C’est sur cette prestation de punk à roulette que s’achève cette deuxième journée d’un festival d’exception. Un grand merci aux groupes qui ont tout envoyé sur scène, au public qui a tout donné dans les batailles qui ne concernaient pas que les premiers rangs et aux organisateurs – mention spéciale à Ninon et Anthony pour leur gentillesse ainsi que leur efficacité – qui ont concocté une affiche de fort belle facture. A l’année prochaine !

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