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Plusieurs rendez-vous estivaux ont enregistré de bons scores de fréquentation : 278.000 spectateurs pour les Vieilles Charrues, 200.000 pour les Solidays, 160.000 pour le Hellfest, 145.000 pour les Francofolies…et 110.000 pour Rock En Seine qui vient tout juste de se terminer. La fête malgré la menace pourrait-on dire. Mais malgré ces chiffres encourageants, certains évènements restent fragiles et les mesures de sécurité n’ont pas allégé la facture. A méditer donc. L’engouement pour les festivals est massif et durable. C’est un secteur dynamique, vecteur d’emploi, qui a su se renouveler, s’adapter et s’ancrer localement. On vient y chercher une offre artistique mais aussi une dimension humaine et une expérience de la diversité. Comme un symbole du vivre-ensemble. Le succès traduit également la préciosité de ces manifestations dans une société vraiment trouble. Il y a même un côté militant à s’y rendre maintenant. Ce ne sont plus juste de simples distractions, elles participent à l’éveil des consciences. Et face à une logique du repli sur soi, suite aux attentats que nous avons connu dans notre pays, les artistes sont des forces de vie, et nous obligent à avancer. Alors merci à eux, et en avant la musique !

VENDREDI 26 AOÛT :

Le groupe français du jour s’appelle Caravan Palace, bien connu des auditeurs de France Inter (!), et qui distille sous le soleil son swing enivrant. Pas de risque de hors piste musical ici, la section rythmique envoie genre big band et la chanteuse survoltée nous montre que la scène reste son territoire. La musique réduite à son minimum : une guitare au son abrasif et grasse comme une pinte de Guinness et un batteur avec une caisse claire, un tom basse et deux cymbales. Le duo Slaves sur la scène pression live nous propose des morceaux courts, rapides, intenses, qui donnent envie de tout casser…sa bouteille de bière ou son voisin de droite, au choix. Trop punk pour du White Stripes, trop sale pour du Black Keys, les anglais gagnent haut la main en volume sonore. En dépit d’une température caniculaire, Brian Jonestown Massacre nous livre un show à la hauteur de sa réputation et envoûte lascivement son audience, au métier. Belle sensation un peu plus tard avec Clutch qui défouraille sur la scène de l’industrie une volée de titres tous plus percutants les uns que les autres. Leur stoner rustique d’où émanent de fortes effluves du bayou transpire justesse et perfection. Cette année, la première claque est administrée dès le vendredi soir par Royal Republic. Les suédois, positivement surexcités par le fait de propager la bonne parole, ne bradent pas leur émotions et c’est jubilatoire. La bande-son parfaite pour de nombreux festivaliers présents ce jour-là. Le public s’est déplacé en nombre pour assister à la prestation de The Last Shadow Puppets (avec Alex Turner d’Artic Monkeys). Mais la tête d’affiche de la journée est faiblarde et mou du genou. Elle joue avec les doigts mais visiblement pas avec le cœur, arrivant à faire palpiter le nôtre (en tout cas le mien) uniquement par intermittence.

SAMEDI 27 AOÛT :

Wolfmother ne sait faire que du Wolfmother. Et bien sûr, il le fait mieux que les autres. Un groupe qui, pour avancer, doit toujours revenir à son point de départ. Paradoxe ? Forcément. Les australiens oscillent constamment entre reproduction réussie d’une formule établie et répétition inspirée des mêmes recettes. Un peu de nostalgie, beaucoup d’énergie et de bonnes chansons : que demander de plus ? Attention, l’addiction n’est pas loin. Le quatuor féminin suivant fait du rock comme on aime faire l’amour…avec fougue, et avec l’envie de crier jusqu’au bout de la nuit. Grande prestance et peur de rien, les californiennes de L7 envoient les gaz et raniment l’art de la concision et de l’urgence sonique. Leur garage-punk taille sans pitié dans le gras du rock à papa, attaque au vol des fulgurances mélodiques et en ressort aussi affuté que le sprinter Usain Bolt. Moins d’urgence et de tension ensuite avec Sigur Ros, qui sur la scène de la cascade, nous propose une séance d’apnée du sommeil. Davantage d’abandon et de ferveur auraient été nécessaire pour parfaire la transformation de l’assistance. En cas d’ennui profond, il était possible d’observer les jeux de lumières. C’est déjà ça. Massive Attack est un groupe génial…pendant dix minutes. Nous infliger une prestation aussi insipide qu’un concert à la télé devrait être puni par la loi. Mon cortex cérébral a eu du mal à s’en remettre. Et dire que j’hésitais entre eux et The Psychotic Monks.

DIMANCHE 28 AOÛT :

Le combo international Blues Pills ménage son mystère mais pas sa détermination. Un groupe qui pourrait aussi bien avoir œuvré dans les seventies et composé ses chansons dans le bouillonnement du rock psyché et chevelu. Au chant, Elin Larsson déroule sa voix perchée et ses visions de chamane dans des nuages de mots en lévitation. Et c’est quasi avec reconnaissance qu’on accueille un « Devil Man » en fin de parcours. Fondant, intense et long en bouche. Sur l’estrade, Sum 41 remplit le cahier des charges : punk rock pour adolescents, nombreux clins d’œil musicaux et des tubes à la pelle. Une formation sous haute influence, tant par sa thématique ensoleillée que par sa capacité à enchaîner sans faiblir refrains accrocheurs et riffs diaboliques. Un joyeux retour aux sources qui produit l’effet d’un bain de jouvence. On croque le tout à pleines dents, comme un bon disque des Ramones. Celui qui va clôturer pour moi le festival n’est autre qu’Iggy Pop. Sans plus attendre, il déboule et les fans dégustent. Très vite, l’ex-Stooges enchaîne avec « I Wanna be Your Dog », « The Passenger », « Lust For Life », « Sixteen », « 1969 » avec l’efficacité qu’on lui connaît. Avec lui, le rock enfile ses premières sapes, pour redevenir sauvage, moite et primal. Les musiciens qui l’accompagnent décloisonnent à tout-va, tout en signant chaque chanson d’une griffe inimitable. A 69 piges, si l’iguane doit crever, ce sera debout sur scène. Putain quelle santé !
Aller à Rock En Seine, c’est comme remettre le couvert avec une ex. On s’y rend sans surprise tout en sachant qu’on y prendra d’une façon ou d’une autre beaucoup de plaisir. Rendez-vous donc le 25/26/27 Août 2017 pour une 15ème édition, que je note illico presto dans mon agenda Hello Kitty.

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