Il y a des histoires qui marquent, des gueules qui invitent à la sympathie et des façons de voir la vie qui imposent le respect. Elevé dans le sud des Etats-Unis, James Leg (fils de pasteur texan) oscille entre blues crasseux et morceaux plus agités. Après que les Sheraf Brothers nous aient doucement mis dans l’ambiance sans rien proposer d’exceptionnel, le révérend prend possession des lieux. Généreux dans son énergie, il porte en lui cette bonté sur la tête et le son qu’il dégage de son Fender Rhodes (piano électrique en vogue depuis les années 70) est frénétique et possédé. Un repère identitaire très fort et l’oreille éduquée n’aura aucun mal à retrouver des sensations endiablées voire bestiales. Les fondamentaux sont là et le personnage des plus authentique est plaisant à écouter. L’accueil du public est respectueux et les spectateurs ne sont pas là par hasard. Sans effusions particulières, ils apprécient la prestation à sa juste valeur, le musicien américain maitrisant à merveille son fond de commerce. Il y a chez lui une obsession de l’atmosphère et une manière naturelle de délaisser toute considération technique dans son jeu, qui le démarque du reste de la meute. Prédestiné sans doute à devenir une légende, il n’hésitera pas à martyriser son instrument et de sa voix à couper au couteau, il nous invitera sur les longues et sinueuses routes de l’Amérique. Sans artifice et sans superflu, l’homme clame que les bleus du présent proviennent des coups du passé. On ne pouvait rêver d’un meilleur compagnon de route et on pense aussi du coup, dans un style bien plus académique, à Seasick Steve. Soutenu par un excellent son, le spectacle se déroule sans accroc et l’artiste à la chemise noire fait le boulot (avec mention spéciale au batteur du genre discret mais ô combien efficace). Malgré le clap de fin et un retour dans les loges, on en redemande … et le duo est rappelé illico sur scène. James Wesley Myers (son vrai nom) en profitera pour nous dire ce qu’il pense de l’investiture de Donald Trump, et nous proposera en rappel deux titres bruts qui vous empoignent directement la gorge. Au final, une performance hors des standards habituels et une musique qui te donne envie de tout plaquer pour faire du whisky de contrebande en Louisiane. T’as beau être super urbain, tu t’en sens capable sans aucun problème. Vous l’aurez compris, vendredi soir, le voyage était aussi au programme.
 

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