Salut Julien, alors pour commencer, comment s’est passé le set vendredi?

Bah écoute ça a été une énorme guerre, dans le public comme sur scène. Ca faisait 4 ans qu’on n’était pas venu, la dernière fois on avait enregistré le DVD donc on avait hâte de remettre le couvert au Sylak. Et là, faire la tête d’affiche pour la soirée mousse dans le concept j’ai trouvé ça super génial! Et là avec le bordel dans la fosse, c’est quand même la première fois de ma vie que je vois des crashs barrières qui ne tiennent pas, obligés d’interrompre le concert pour les remonter…c’était assez énorme! Et ça montre que les gens étaient quand même hyper chauds, ils nous ont soutenus à fond et on est reparti avec une banane d’enfer parce que c’était un grand moment de partage avec les gens encore, c’est ce qu’on aime faire et vendredi c’était à la maison en plus donc c’était juste génial.

 On a vu que même avec 15 min d’interruption les gens ne partaient pas, tout le monde est resté à attendre bien sagement la fin de la tartine, et en plus on a eu le droit à la fin du concert des 20 ans si on peut dire, puisque vous avez terminé avec « Du Riechst So Gut » que vous n’aviez pas pu faire en mai… Ça s’est terminé dans le calme cette histoire?

Exactement, on a pu la jouer! Pour la fin des 20 ans , bah on était bien énervés par la personne qui nous a coupé et qui surtout a été hyper incorrecte toute la journée que ce soit avec l’équipe technique ou les membres du groupe, donc à la fin on a un peu mis les choses au clair, c’est-à-dire que quelque soit ses priorités, quelque soit son professionnalisme, on ne parle pas aux gens comme à des chiens et c’est pour ça qu’à la fin on a été un peu désagréables mais seulement avec lui! (Rires)

Du coup, 20 ans. Quand tu regardes derrière toi, qu’est ce que tu vois?

Je ne me rends pas compte en fait. Ça fait partie de la magie du truc, c’est que je ne me rends pas compte du tout. je suis tellement dedans tout le temps que je ne réalise pas le temps qui passe. Je profite à fond. Là on va sortir un 9ème album, on a une carrière bien remplie on a bien bossé et on a jamais perdu de vu ce qu’était Benighted au début c’est-à-dire qu’on est avant tout des passionnés de musique et notre place est autant sur scène que dans le public. C’est pour ça que des qu’il y a des festivals ou je peux aller en tant que spectateur j’y vais, parce que c’est vraiment ma passion et avec Benighted on n’a jamais été pervertis par les genres à la mode, on a toujours écouté la musique qu’on aimait de façon intègre , et je pense que les gens nous connaissent maintenant tellement personnellement, au-delà des musiciens , qu’ils continuent de nous soutenir parce qu’ils savent qui on est, qu’on est sincère dans notre démarche musicale.

Avec le recul , est-ce qu’il y a des choses que tu referais autrement dans la carrière de Benighted?

A chaud comme ça je ne pense pas, parce qu’on a toujours les choses avec l’énergie qu’on avait au moment où on les a faites et surtout on calcule pas vraiment. J ne garde pas vraiment de mauvais souvenirs. On a vécu des moments difficiles notamment en terme de changement de line-up , où t’es obligé de faire le deuil de personnes qui sont tes frangins, qui arrêtent parce que ça prend trop d’énergie et c’est forcément dur…Mais faire les choses autrement non je ne crois pas, ça correspond exactement à qui je suis et à l’esprit du groupe et des gens qui l’ont intégré au fil du temps.

Au final Benighted c’est un groupe pas du tout ou très peu critiqué. Chaque album apporte son truc et c’est rare de voir de mauvaises critiques …

Bah déjà avec les changements de line-up je me retrouve à jouer avec des musiciens de plus en plus balèzes. On essaye d’évoluer sans arrêt, de proposer à chaque fois des albums qui dénotent de ce qu’on a pu faire avant, et ces changement de line-up amènent forcément de la « viande fraîche », qui vient elle-même amener des nouveaux éléments, de nouvelles influences et ça enrichit toujours la chose, en tout les cas jusqu’à présent, ça l’a jamais appauvrie! On arrive toujours à repousser les limites de ce qu’on veut, à expérimenter de nouvelles choses et pour l’instant ça marche!

Tu nous parlais d’un 9ème album, tu peux nous en dire un peu plus?

J: Et bien on sort un Ep le 12 octobre pour les 20 ans avec des nouveaux titres, une reprise, 6 titres du live anniversaire à Lyon…On a  des grosses tournées qui arrivent, mais on va essayer de ne pas trop caler de dates entre pour pouvoir commencer à composer et rentrer en studio à l’été 2019 pour une sortie vraisemblablement début 2020 pour le petit frère de Necrobreed!

C’est quoi le programme de la fin de l’année pour les lives?

Il nous reste le Party San en Allemagne la semaine prochaine, le festival des Arts Bourrins le 1er septembre et après la tournée de 25 dates avec Aborted , Cryptopsy et Cytotoxin en Novembre et après c’est tout! Faut bien se reposer de temps en temps! (Rires)

Quand on connait un peu Benighted on sait que tu es Infirmier en psychiatrie a temps plein, tu arrives a gérer les tournées et le boulot?

C’est simple j’ai jamais de repos! On tournait pas aussi intensément avant mais ca fait bien 7 ou 8 ans que j’ai pas pu prendre plus d’une semaine de vacances pour moi. La ce soir par exemple j’vais rentrer a la maison demain matin je travaille jusqu’a jeudi, jeudi soir je vais chercher le van et on roule de nuit jusqu’au Party San en Allemagne et lundi rebelote… c’est ma vie depuis des années et des années! Mais attention j’vais pas me plaindre, j’ai beaucoup de chances de faire ce que je fais! Par contre physiquement ca coute , on sent les années qui passent et on recupère beaucoup moins bien! (Rires)

 Tu t’intéresses à la carrière musicale de tes anciens collègues de Benighted j’imagine?

C’est-à-dire que déjà la plupart ne font plus rien dans le monde de la musique, mis à part Kevin (Foley, ex batteur), qui a eu pleins d’opportunités. Il est enfin dans un groupe avec des gens qui ont un super esprit, Lofofora, il aime la musique qu’il fait et surtout il peut en vivre parce que c’était son objectif et avec Benighted c’était pas possible, on ne touche pas de salaire. Il est passé par Abbath, Decapitated, il a fait des remplacements pour pas mal de groupes et là il en a enfin trouvé un avec lequel il reste, avec des gens vraiment cools et ça se passe bien!

 Avec un an de recul, comment tu vois Necrobreed? Il y a eu pas mal de changements au sein du groupe, il est pas vraiment sorti sous les meilleurs auspices…

J’en suis très satisfait et c’est pour ça que j’ai très hâte de commencer à composer le suivant parce que c’était un line-up tout frais. Il y avait juste Gab et moi qui restions du line-up d’avant,  il y a 3 musiciens qui avaient changé donc ce n’est pas rien, sachant que le principal compositeur est devenu Manu qui arrivait juste, et maintenant qu’on est rodé à travailler ensemble on va sortir des choses encore plus efficaces que ce qu’on a pu faire.

Tu as décrit Necrobreed comme votre premier film d’horreur auditif. Après deux clips qui sont liés, est-ce que tu pourrais envisager de faire un film Necrobreed ou le mettre en roman?

Ça apparaît jamais dans les albums, sauf avec les paroles, mais j’écris toujours d’abord une espèce d’histoire sur une personne qui a telle pathologie, tels symptômes et comment ça se développe, mais ça apparaît jamais vraiment, je les jette sur le papier au fur et à mesure, mais j’écris vraiment ça comme un film au départ, j’ai les images dans ma tête, le scénario…ça se construit vraiment comme un film! Après ce qui définit l’ordre des chansons c’est la cohérence musicale plus qu’un ordre chronologique…mais tous les morceaux sont des épisodes d’un film que j’ai dans la tête!

 On peut revenir plus en details sur la sortie anniversaire?

Donc ça sera 6 titres live, 3 inédits dont un avec Sven d’Aborted et Nikita de Der Weg Einer Freiheit et une reprise également, d’un groupe qui a joué très tard hier soir (Samedi au Sylak donc!)

Pour le concert des 20 ans il y a eu BEAUCOUP de guests, qu’est-ce que ça t’a fait de te retrouver avec tout ce monde, tous ces potes?

C’était que du bonheur! C’était vraiment comme une grosse bringue d’anniversaire! T’as tous les copains, tu ne sais pas trop qui va prendre le micro…C’était vraiment une journée géniale! De voir des gens qui en plus ont vachement compté humainement et musicalement pour moi, Sven qui est comme un frère pour moi, l’avoir à mes cotés pour cet anniversaire c’était vraiment génial…Quand on compose nos albums on s’appelle tout le temps! Qu’est-ce que t’en pense etc… on demande toujours l’avis de l’autre sans arrêt! Niklas (Kvarforth, de Shining) c’est quelqu’un que j’ai découvert en 2013 et de qui je suis devenu très proche aussi, que j’aime beaucoup, il est complètement fou mais c’est un artiste phénoménal! Il y avait Arno de Black Bomb A bien sûr mais je le présente même pas , c’est un des chanteurs qui à la voix la plus énorme que tu peux trouver en France, il a un grain qui est vraiment génial. Et mon Ben! De Unfothamable Ruination avec qui on a tourné l’année dernière, on s’est rencontré à cette occasion là, et on a tellement fait la bringue tous les soirs, des qu’il y a un festoche pas loin où ils jouent on essaye de tous se retrouver, c’est vraiment devenu un ami aussi…Et avoir tout ce petit monde autour avec aussi les anciens de Benighted, tous les copains de la scène lyonnaise, c’était que du bonheur!

Ces derniers temps vous êtes allés pour la première fois aux USA, en Asie, en Russie…Comment ça s’est passé?

Super bien! On a eu d’ennui nulle part en fait. La Russie on y avait déjà joué, on connaissait un petit peu donc ça s’est très bien passé! Pour ce qui est de l’Asie on a fait l’Inde, Dubai, Vietnam, Singapour, Malaisie, et c’était vraiment une expérience à part! Les gens sont fous là-bas, en Malaisie ils ont fait un grand trou dans le mur en faisant un circle pit! On a vu des trucs bien violents c’était cool!

Vous avez pas mal roulé votre bosse en festival, notamment ces derniers temps avec le 70000 tons of metal, le Chicago deathfest plus tous les fests en Europe…Quel est le festival où tu as eu le plus de plaisir à jouer dans ta carrière?

J’ai 4 festivals préférés. Le Sylak en premier parce que je me sens vraiment à la maison et ça c’est vraiment génial. En deuxième le Brutal Assault en Republique Tchèque. Après le Hellfest, et enfin le Summer Breeze! Et j’ai un festival de cœur aussi c’est l’Obscene Extreme!

Professionnellement ca se passe bien? Parce que sinon mon collègue Fred de DRF a de la place dans son Ehpad?

Bah écoute ça se passe bien! (Rires) Je fais de la musique avec mes patients en plus, on a enregistré notre deuxième album! J’ai monté une salle de répèt dans l’hôpital où je travaille et j’ai une médiation orientée vers la musique avec les patients et on a réécrit des textes de chansons de variété connues et on les joue en répèt, moi je suis à la batterie et j’ai des patients qui savent jouer de la guitare, les autres chantent, je les ai amené en studio pro déjà en 2013 et là j’attends la pochette de notre nouvel album! C’est axé variété mais ils savent ce que je fais comme musique, ça les fait beaucoup rire d’ailleurs, mais je ne leur fais pas écouter de trucs comme ça !(Rires)

J’avais entendu parler il y a quelques années d’un hôpital justement où ils faisaient écouter de la Noise ou du Grind au patient et apparemment ça les relaxait…

Je ne le ferais pas avec mes patients mais je pense que tout ce qui est un peu bruitiste, qui a des vibrations importantes, ca parle à tous les gens qui ont des psychoses autistiques ou des choses comme ca, c’est des choses qui se ressentent. Ça me surprends pas que ce soit apaisant. Par exemple ma fille, quand elle était tout bébé et qu’elle pleurait la nuit, tu mettais du Vader avec la double pédale…ça sert à rien de le mettre fort hein! Mais elle s’arrêtait illico elle se rendormait et ça l’apaisait quoi!

Pour toi passer sur M6, qu’est-ce que ça apporte au groupe et à la scène en général?

Au groupe c’est évident que ça apporte une bonne exposition. Après ma grosse satisfaction par rapport à ce reportage, c’est que ce n’était pas quelque chose qui était orienté pour casser du metaleux comme d’habitude…C’était un reportage très bienveillant, les gens qui l’ont fait étaient avec nous sur le bateau, on a tout de suite eu confiance en eux, et je suis content qu’on sorte un peu des reportages sur le Metal où c’est juste montrer son cul et balancer de la bière sur les gens! Pour une fois on ne passe pas trop pour des abrutis parce qu’en général les trucs genre Petit Journal, mis à part nous faire passer pour des gros beaufs qui montrent leur cul, « mais vous inquiétez pas ils sont pas méchants » c’est un truc qui a tendance à me gonfler. C’est pour ça qu’on était très frileux à l’idée de ce reportage, mais je suis super content du résultat! Pour une fois ils essayent justement de voir l’esprit et pas juste montrer du doigt en mode « Regardez ces abrutis » quoi.

Pour revenir sur le Sylak, comment tu vois l’évolution du fest toi qui est comme à la maison? Est-ce que tu penses que ca peut grossir, qu’il faudrait rester sur la même taille? C’est le premier sold out et pourtant on n’étouffe pas, en tout cas pas au niveau du monde. (Rappel, il a fait 37 degrés tout le weekend!)

Moi je suis convaincu que ça peut grossir. Pour beaucoup le Sylak c’est un festival qui a une très solide réputation et j’ai aucune inquiétude sur le fait que ça va grossir encore.

Pourquoi pas l’ajout d’une deuxième scène?

Je crois qu’ils sont attachés à ce format là, avec une pause entre chaque groupe et je pense que c’est bien. Le rythme est parfois dur à suivre. Et puis une deuxième scène faudrait la mettre assez loin pour pas que ça se parasite.

Ton premier souvenir sonore?

Etant gamin? C’est compliqué ça doit être du Dorothée ou une connerie comme ça? Apres ce qui m’a scotché, mais dans le très mauvais sens du terme c’était Cannibal Corpse. J’ai acheté une cassette par erreur parce que j’ai trouvé la pochette cool , j’ai écouté et je me suis dit  » Qu’est-ce que c’est que cette merde?! » (Rires) mais j’avais juste l’oreille pas du tout habituée au Metal, et j’ai eu la même réaction que la plupart des gens dans ce cas « C’est du bruit, c’est nul! » . Et puis après j’ai réécouté plusieurs fois parce que ça m’interpellait, j’ai fait écouter à mes potes « Je comprends pas putain » et au fur à mesure j’ai commencé à comprendre ce qui était joué et puis au bout d’un moment je me suis dit « Bah tiens ça doit être cool de faire pareil » et puis voilà! (Rires)

Le dernier album qui t’as scotché?

Je dirais Cattle Decapitation « The Anthropocene Extinction » parce qu’ils amènent vraiment quelque chose qui n’existait pas avant!

Le dernier bouquin que tu aies lu?

Le livre noir des Serials Killers de Stephane Bourgoin!

Et l’album dont tu ne te sépareras jamais, celui que tu prendrais avec toi sur une île déserte?

Je ne suis pas objectif mais bien sur c’est Aborted « Goremageddon »!

Le mot de la fin?

Bah on va voir Rotten Sound là ça commence!

Merci à Julien.

Photos : Nadeje Taront

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