Vous en connaissez beaucoup qui lancent leur album par un graveleux « J’ai une bite et deux couilles, c’est plus que vous tous » ? C’est signé Iggy. Le temps ne fait rien à l’affaire, les clous il se refuse à rentrer dedans, éructe, gesticule, et fini par toiser la mort parce qu’il ne s’imagine pas à la retraite. On l’avait cru perdu pour le rock après ses reprises de chansons françaises ou ses circonvolutions jazzy (« Après » paru en 2012 et « Free » en 2019). C’était bien mal connaître la bête. La première réponse fut un soi-disant chant du cygne, mais en fait magistral coup de pied au cul vénéneux (« Post Pop Depression ») asséné grâce à la collaboration de Josh Homme.
Aujourd’hui, il nous balance une imparable claque et nous épingle tous, losers, branleurs, couilles molles, moutons, pigeons, nantis. Mais loin de jouer les êtres supérieurs, il se montre aussi malicieux et érudit qu’il peut être lubrique et impertinent, ne cachant ni les addictions, ni l’égo, ni un amour un peu béat pour Miami, sa nouvelle maison. Échevelé pourrait-on dire, comme une cohérence musicale que l’album ne cherche jamais à trouver. C’est que le producteur Andrew Watt a bien compris que le chanteur voulait du plaisir avant tout.
Même si la palette musicale a un petite quelque chose d’Iggy collection, entouré de ferrailleurs de choix, l’iguane traverses les styles avec autant de sérieux que de désinvolture. Sauvagement stoogiens Chad Smith (Red Hot Chili Peppers) et Duff McKagan (Guns N’Roses) ouvrent les feux sur « Frenzy » alors qu’ils se la jouent pop sur « New Atlantis » et métalleux sur « Modern Day Rip Off ». Josh Klinghoffer (ex-Red Hot Chili Peppers) est vénéneux sur « Strung Out Johnny », tandis que Travis Baker (Blink-182) soumet « Neo Punk » au feu rythmique rendant Iggy hilare. Avec le tranchant sec et brillant de Stone Gossard (Pearl Jam) l’album frise les sommets sur « All the Way Down ». Et ne redescend qu’une fois que le regretté Taylor Hawkins (Foo Fighters) a apporté sa roublardise rock à « Comment » et « The Regency », où il croise deux ex-Jane’s Addiction, Eric Avery et Dave Navarro. Râleur, crooner, brailleur, Iggy a 75 ans, et alors ?
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Note: 4/5