Depuis quelques années, la scène country québécoise vit une renaissance avec l’émergence d’une jeune génération d’artistes francophones entièrement définis et dédiés au genre. De cette nouvelle vague se distingue l’auteur-compositeur-interprète Guillaume Lafond, qui lance son deuxième album Sous mon chapeau, le 25 avril 2025.
Après le succès récolté avec À destination (2022) et un changement de direction artistique, l’ambition se mesurait à l’audace pour l’ex-participant de Star Académie 2021. Dans ces circonstances, les attentes sont toujours élevées pour la sortie d’un second opus. Déterminé, Lafond s’est rendu à Sorel-Tracy pour le coréaliser avec Antoine Lachance au studio de ce dernier (La grosse maison rose). Il y présente dix chansons originales, bien ancrées dans le country et des arrangements traditionnels. De la première pièce mélancolique Mon chapeau à l’entraînante Coup de poing – qui s’est hissé au sommet des palmarès de quelques stations de radio – l’univers musical de Lafond tisse des influences de folk et, surtout, teintées de blues. Sous les envolées de l’harmoniciste Shawn McPherson, se joignent des musiciens chevronnés, tels qu’Olivier Dauphinais (guitare électrique et dobro), Alex Kirouac (batterie et percussions) et Samuel Cadieux (basse électrique).
L’artiste originaire de la Montérégie, reconnu pour sa qualité d’interprète, chante avec son « twang » naturel et sa voix claire et avenante. Bien entendu, c’est cette légèreté qui charme à tous coups, de la même manière qu’il embrasse la sérénité amoureuse et les joies du quotidien dans Classique romantique. Qu’il parle d’amour bienveillant dans Robe de soie, de loyauté dans Dans ma tombe, d’amitié ou qu’il nous invite à nous recentrer dans Du temps pour toi, les thèmes sont bien en phase avec les réalités de son âge. Cela se reflète particulièrement dans Vieillir trop vite, où le futur trentenaire partage voix et plume avec la chanteuse ontarienne Reney Ray, qui a cosigné les paroles de quatre chansons. Même si on n’observe pas d’évolution notable au niveau de ses textes, Lafond exprime cette volonté sincère d’accorder le français à la prosodie du lasso. Il y parvient avec soin et habileté, par une authenticité qu’il faut saluer. Soulignons également la participation des artistes Vince Lemire, Félix Lemelin et Benjamin Nadeau au processus d’écriture.

« On s’est marié, le premier soir, non j’peux pas croire
Pour toi j’ai tout laissé
Sauf ma guitare, qui soir après soir
Me laissera jamais tomber »
–Histoire d’un soir
Dans Histoire d’un soir, le ton change subtilement et évoque une version allégée de Chris Isaak par son grain de voix et par le sujet de la chanson. Les paroles contrastent un tantinet avec son image du bon gars dénué de vice. Cette intéressante variation nous fait imaginer ce que lui procurerait une touche de rockabilly et un usage de falsetto. La réalisation irréprochable de l’album, sans trop être lisse, dégage une profondeur, probablement grâce à l’empreinte d’Antoine Lachance à la coréalisation – aussi à l’orgue – et de son bagage dans l’indie-rock. Derrière sa guitare, Guillaume Lafond exerce brillamment son sens de la mélodie et offre, jusqu’à maintenant, ses compositions les plus dynamiques, à l’avantage de son répertoire sur scène. Celui qui a déjà assuré les premières parties de Guylaine Tanguay possède le charisme et l’assurance pour transposer son énergie en tournée. De plus, la musique country, longtemps boudée par le grand public, vient servir d’intermédiaire entre la musique commerciale et le rock, ensuite vers ses variantes plus alternatives.
Avec Sous mon chapeau, l’étoile montante Guillaume Lafond réussit le défi du deuxième album en démontrant que son intégrité artistique peut s’adapter à la voie du succès. En élargissant son répertoire avec des chansons accrocheuses et respectueuses du style, il consolide sa réputation en tant que référence du country francophone.
Crédit photo : Gilles St-Laurent