Nous avons profité de quelques minutes avec Mario Duplantier pour revenir sur l’incroyable carrière des Français, désormais l’une des figures les plus fortes dans le monde du metal.
 
Les groupes français dans le metal n’ont pas souvent l’occasion d’avoir une carrière comme la vôtre!

Je ne peux pas t’expliquer comment cela s’est passé, pour ne rien te cacher. On a dès nos départs été encouragés, notamment par ma mère qui était américaine. L’éducation française est beaucoup sur la réserve, on ne pousse pas les enfants à réaliser leurs rêves, surtout dans la musique! En France, le rock ne passe pas à la radio ou à la télé… Le metal, n’en parlons pas! Quand on grandit en France, se lancer dans un groupe de metal et se dire qu’on va y arriver, c’est impossible. Ma mère avait une autre mentalité, elle nous motivait toujours, elle était toujours là pour nous dire de ne pas lâcher nos rêves. Je pense que le succès vient aussi d’un encouragement qui a été très porteur. Puis, le travail, la foi, le travail, la discipline… Mais on aurait tout aussi pu ne pas y arriver! On a un son relativement typique – on vient du sud-ouest de la France – nous étions relativement isolés, donc notre identité se devait d’être plus forte je pense.

Vous serez à Genève le 20 juin, vous êtes déjà venus?

Oui ! On a fait l’Usine plein de fois ! C’est notre deuxième terre d’accueil (rires) La Suisse est le pays qui nous a le plus accueilli dès le début, la scène dans les années 90 – 2000 étaient supers, avec des sons vraiment intéressants, comme Unfold, Kruger… Ah et Nostromo! Comment ais-je pu les oublier? Je crois qu’on fait une grande salle à Genève, non ?

L’Arena !
C’est génial!

Quels sont les groupes suisses avec lesquels vous êtes en relation ?

Kruger sont nos amis. Tous les groupes qui ont ouvert pour nous en Suisse étaient merveilleux avec des styles un peu -core, noisy à la Converge. J’ai toujours bien été surpris. On était partis en tournée avec Kruger en 2013, on collabore avec eux de temps en temps, Raph le batteur nous a remixé des live, Renaud le chanteur est venu nous voir à Lyon… Et notre ingé son est Suisse ! Après la France, la Suisse a été la deuxième étape pour Gojira.

J’ai beaucoup entendu que Gojira sera le prochain Metallica.

Ça me fait plaisir, j’en rêve, mais Metallica a existé dans une période sans internet, c’était la loterie, certains groupes devenaient énormes et vendaient des millions d’albums, on est dans une autre époque, c’est incomparable. Mais la génération du Big Four va disparaître, et peut-être que notre génération prendra le relai. Mais personne n’arrivera au nombre d’albums qu’ils ont vendu, aux stades qu’ils ont rempli… Je ne pense pas que quelqu’un arrivera à faire ce qu’ils ont fait.

Mais tu vous vois prendre le relai ?

Je reste pragmatique, on cherche à faire des bons morceaux et des bons concerts, si la chance nous permet de devenir le relai de Metallica on le prendra, mais je reste les pieds sur terre. On a fait un Bercy complet à 15’000 places, ce qui est le plus haut point pour moi. Il faut faire des bons morceaux, respecter les gens qui écoutent cette musique, donner le meilleur de soi.

La scène est difficile à percer, que dirais-tu pour les artistes débutants ?

Je leur dirais de rester le plus intègre possible, de maintenir leur identité musicale, de faire attention à leur communication, c’est la moitié de ton business maintenant! À l’époque, on travaillait moins son image, mais aujourd’hui le stimuli visuel est très important, c’est ce qui mène les groupes sur les devants de la scène. Les photos de groupe, les visuels, étaient le dernier de nos soucis. J’ai l’impression que tout compte aujourd’hui, l’image comme la musique, comment communiquer, comment teaser… C’est triste, mais nous sommes dans cette ère des écrans. Soigner son image c’est important. Imagine si tu as un super clip avec un super groupe, c’est plus important qu’un super groupe sans clip. (rires) Va voir Maximum The Hormone, ils font les deux parfaitement.

« Fortitude » est sorti en 2021, vous prévoyez un nouvel album ?

Pour l’instant, on est sur la route, mais on parle tout le temps d’un nouvel album. Le processus est enclenché, mais il n’y a pas de dates. Il faudrait que nous ne soyons pas en concert pour faire un album ! (Rires) On arrive pas à composer en tournée, nous aimons rester au maximum concentré sur nos concerts.

Vous tournez avec Mastodon et Lorna Shore aux USA, et puis en Europe en juin.

Oui, on a des premières parties vachement bien, puis on fera plusieurs festivals comme Graspop, Tuska, Provinski, Sweden Rock, Tons of Rock, la Scandinavie, Rock Im Park / Rock Am Ring… La tournée sera super ! C’est presque une date tous les jours, on finit par l’Amérique du Sud en fin 2023, on ira au Brésil, au Costa Rica, l’Amérique du Sud est très enthousiasmante, le public est incroyable, on n’a qu’une envie, c’est d’y repartir.

Qu’est-ce que tu préfères, concerts ou festivals ?

 J’aime les deux, disons que les festivals sont plus rock, parfois on a pas de soundcheck, les loges sont parfois chaotiques et il est difficile de se ressourcer. En tournée, on a un planning, des super conditions avec de la nourriture du matin jusqu’au soir, on arrive à un bon niveau avec Gojira. En festival, les conditions sont différentes et j’aime ce challenge. Mais j’aime aussi préparer mon concert et faire des choses dans des grandes salles avec nos conditions, nos écrans, nos vidéos… Mais en festival, on peut voir d’autres groupes !

www.gojira-music.com

Crédit photo Gabrielle Duplantier

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