Il y a des groupes qui ont sorti des singles incroyables, qui avaient inondés les ondes radios, et qui ont ensuite eu de la peine à exister après un succès aussi massif. Evanescence en fait partie. Incontournable entre 2003 et 2006 (rien que pour « My Immortal » ou « Going Under » par exemple), le groupe d’Amy Lee a sorti un bon troisième album, mais au final trop quelconque par rapport aux standards élevés auquel on avait été habitués.

Le nouvel album studio, « The Bitter Truth » semble bien parti pour permettre au groupe de retrouver son statut de tête d’affiche majeure. Il y a d’abord cette tournée commune Worlds Collide avec Within Temptation qui a malheureusement dû être reportée plusieurs fois (un arrêt prévu à Zurich désormais en septembre 2021) et qui vaut le déplacement (ceux qui étaient au Riverside Festival durant l’été 2019 et qui avaient pu voir les deux groupes sur scène le même soir savent de quoi je parle). Et surtout il y a ces premiers singles lâchés au compte-goutte qui sont excellents, à commencer par « Wasted On You » (cela faisait longtemps que je n’avais pas eu des frissons en écoutant Evanescence) ou encore « Use my Voice » qui fait écho au problème MeToo.

Incapable de tourner cette année pour des raisons évidentes, Evanescence diffusait ce samedi 5 décembre 2020 un set live depuis le Rock Falcon Studio de Nashville où le groupe vient de terminer son nouvel album. Amy Lee annonce d’ailleurs d’entrée lors du Q&A qu’il est fini et qu’il sortira le 26 mars 2021.

Disponible en ligne pendant 48 heures et accessible moyennant un ticket virtuel coûtant USD 15, ce concert est le premier donné en 2020 (et vraisemblablement le seul aussi). Le stream commence par un Q&A durant lequel Amy répond à des questions en direct pendant une petite demi-heure. Le streaming du concert n’est pas en live : il s’agit d’un enregistrement réalisé en octobre. Il faut dire qu’il aurait été difficile de faire autrement. Si le groupe est au complet, il y a quand même deux musiciens présents par video : Tim McCord (masqué) depuis la Californie et Jen Majura depuis l’Allemagne.

Le concert commence avec « Wasted On You », encore meilleure que la version studio qui circule depuis quelques mois. La voix d’Amy Lee est juste parfaite. Honneur à ce nouvel album avec le deuxième single dans la foulée « The Game Is Over », riff puissant accompagné par une partie vocale du même acabit. A peine deux morceaux et je suis déjà en train de précommander l’album et de me renseigner sur la date de l’étape suisse du Worlds Collide Tour.

Retour ensuite dans le passé avec « The Only One », une ancienne chanson réintégrée dans la setlist pour la première fois depuis pratiquement 10 ans., suivie par « Sick », un des deux titres du troisième album joués ce soir avec « Lost In Paradise ».

Bien entendu impossible de ne pas jouer « Bring Me To Life » et « Going Under », toujours aussi efficaces. L’avantage du concert en streaming c’est que tu entends vraiment bien les musiciens et non pas des milliers de spectateurs qui reprennent les paroles en chœurs avec plus ou moins de musicalité. Cela dit la version de « Going Under » était passablement remaniée par rapport à l’original, avec notamment beaucoup de backing vocals.

La promo de ce concert mettait l’accent sur le fait que des nouveaux morceaux seraient joués. Nous avons donc eu droit à « Use My Voice », le troisième single de « The Bitter Truth ». La version live est évidemment assez différente puisque les musiciennes invitées sur la version studio (Sharon den Adel, Lzzy Hale et Taylor Momsen) n’étaient pas présentes, mais avec quand même l’appui vocal de son groupe pour la seconder dans les ooohhooohhh du refrain.

Déjà l’heure du dernier morceau avec Amy Lee seule au piano pour une reprise de « Glory Box » de Portishead. On est loin du trip-hop de Bristol de la bande à Beth Gibbons. Là c’est piano/voix uniquement pour une relecture personnelle d’un classique, qu’Amy Lee indiquait beaucoup aimer en introduction.

Seul petit reproche que je pourrais faire au concert, c’est de n’avoir duré en fin de compte que 40 minutes (un demi-concert en réalité). C’était annoncé dès le début qu’il y aurait 8 ou 9 morceaux, donc pas de surprise. Mais du coup, il y a quand même pas mal de titres qui manquent « My Immortal » par exemple. J’aurais aussi bien voulu entendre un nouveau morceau inédit, pas uniquement les trois singles déjà sortis, voire même une ou deux surprises supplémentaires en plus de la reprise de Portishead.

Finalement, je crois qu’il fallait voir cela comme un petit apéritif pour finir 2020 avant le plat de résistance (album, tournée, etc.) en 2021. Une nouvelle année qui s’annonce très bien pour Evanescence, de retour au meilleur niveau.