Joseph Edgar, qui occupe depuis un moment les ondes radiophoniques avec ses chansons « Espionne russe » et « Alors voilà », a enfin décidé de fouler la scène de la Vieille Capitale pour la première fois après 5 albums et plusieurs années de carrière musicale en Acadie. C’est donc avec curiosité et enthousiasme que je prends place à une table près de la scène du Petit Impérial.
La soirée débute avec Jérôme Casabon, un personnage sociable, fort sympathique, voire même charmant! Il sait agrémenter d’anecdotes ses chansons déjà comiques et instaurer une connivence avec son public. Il partage également une chimie évidente avec son comparse, un dénommé Shampouing. Ce n’est apparemment pas le premier duo qu’ils forment et ils ont du plaisir à jouer malgré le fait qu’ils manquent la partie de hockey. Pour les consoler, on crie le score à intervalles réguliers dans l’assistance. La foule est d’ailleurs particulièrement réceptive. Sa participation est encouragée, ce qui donne lieu à des interactions en tous genres.
Le nom Casabon vous est peut-être familier. C’est qu’encore en 2014, notre chanteur-conteur faisait partie d’un groupe auquel il avait donné son nom. Il prend d’ailleurs plaisir à interpréter quelques-unes de ses chansons comme « Rate la plage » et « Novembre ». Comme je suis du genre à me faire facilement des scénarios et des images mentales, ses chansons anecdotiques au rythme plutôt joyeux et entraînant m’en font voir de toutes les couleurs.
Ça fait un petit moment déjà que je n’ai pas détourné mes yeux de la scène et je réalise que la petite salle s’est remplie. Le public forme une masse de gens qui se rend jusqu’au bar derrière. Les quelques places assises n’auront pas été suffisante et Joseph Edgar le constate en montant sur scène, car, de son accent acadien, il nous lance avec entrain: « Holy shit Québec, vous avez décidé de sortir ce soir! ».
Il arrive, lui aussi, accompagné. C’est Alexandre Pellerin, un multi-instrumentiste apparemment bourré de talent, qui fera office de bassiste, de batteur, de choriste et même de violoncelliste. Comme le nombre d’instruments présents sur scène dépasse de beaucoup le nombre de musiciens, je suis curieuse de voir de quelle façon le tout sera orchestré.
Des trois guitares qui l’attendent sagement, Joseph Edgar choisit l’acoustique pour entamer son spectacle. Jérôme Casabon a réchauffé la salle d’une main de maître et la vedette de la soirée sait entretenir l’ambiance. La foule reconnaît ses hits, mais les nouvelles chansons tirées de son album Gazebo retiennent tout autant l’attention. Il est cependant difficile de passer sous silence la performance époustouflante d’Alexandre Pellerin. Alors que notre Acadien se donne de son côté de la scène, les regards se détournent un moment de lui pour admirer la performance du musicien-à-tout-faire: d’un pied, il frappe sur la caisse, le tambourin autour de la cheville. Dans sa main droite, une baguette pour la batterie tandis que de l’autre, il appuie sur les cordes de sa basse… en plus d’entamer les refrains en chœur. Il trouve même de l’énergie pour bouger en rythme! Le mot « homme-orchestre » ne saurait à lui seul qualifier ce phénomène de façon appropriée!
Si leur spectacle a commencé de façon acoustique, il prend maintenant une toute autre tournure avec des sonorités plus rock. La guitare électrique en main, Joseph Edgar tape tant du pied qu’il se met à faire chaud dans son chapeau. Des lumières verticales incrustées aux pieds de micro s’allument et m’aveuglent presque du même coup. Ils sont seulement deux, mais sonnent comme cinq! Deux chansons avant la fin, j’aperçois une corde de guitare qui pendouille, ayant succombé à l’effort.
Joseph Edgar aura chanté et raconté ses histoires devant un public conquit qui n’hésite pas à se lever debout pour l’acclamer à la dernière chanson, exigeant par le fait même un rappel qu’il exécute de bon cœur. Après cette soirée vibrante et chaleureuse, autant les artistes que la foule auront de bons souvenirs à rapporter!
Texte et photos: Jessica Dufour