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DALTON TÉLÉGRAMME – Derrière la barbe

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Véritables pépites venues de Belgique, Dalton Télégramme nous accorde une entrevue avec Quentin Maquet, chanteur et guitariste rythmique du groupe, juste avant leur dernier concert en Suisse…


J’ai remarqué certains thèmes qui revenaient régulièrement dans tes textes, les filles, l’alcool, …
Oui en fait je suis pas fan des textes trop engagés ou trop précis, je suis pas dingue du premier degré. Ce que j’aime bien c’est me laisser porter par les sujets universels que sont les gonzesses, les copains, le temps qui passe, etc…. Sans révolutionner les thèmes de la chanson française le but c’est d’essayer de ne pas aborder les sujets de manière trop frontale. On est assez fans de la chanson folk en français faite à Montréal, en Acadie, etc… Des artistes comme les Hay Babies font de la bonne folk en la mariant avec des textes en français et ça nous a inspirés. On a marié ça avec notre côté belge qui nous incite à dire les choses de manière décalée.

Vous êtes allés en voyage au Canada il me semble. Le fait de marier la folk de là-bas à la langue d’ici c’est venu après ce voyage ?
Le voyage au Canada nous a ouvert les yeux sur le mélange entre la folk américaine et les textes français. En Belgique c’est assez rare. Les gens qui chantent en français c’est plus de la variété, quelque chose de mainstream. On avait déjà dans l’idée de faire différemment en reprenant certains côtés de la musique canadienne, mais c’est grâce aux francofolies qu’on a pu aller jouer au Canada. Le plus important dans ce voyage c’était pas vraiment le concert en lui-même mais plutôt de voir tous les groupes qui mélangeaient la folk américaine avec les textes en français. Là-bas il y avait de la musique cajun avec de l’instrumental bluegrass qui soutenait des textes en français. Ça, ça nous a vraiment donné un coup de kick avec des idées de comment mener notre projet à bien en le bossant à fond.

Du coup vous avez bossé sur les textes mais aussi sur les couleurs de votre son, non ?
Oui, c’est vrai que dès qu’on commence à s’intéresser à ce style on est obligé de reprendre certains trucs. Rémi, notre guitariste, s’est mis à plusieurs instruments : le banjo, la mandoline, la scie, … On a aussi mis des reverbs imitant celles des années 50 sur la voix. C’est une manière de s’approprier les codes de ce style de musique. L’idée, par contre, c’est pas de devenir des musicologues de la folk américaine, c’est à dire que si on veut innover en ajoutant d’autres instruments on le fait, il y a pas de problème.

C’est le guitariste qui joue de la guimbarde ?
C’est notre contrebassiste. (sourire)

Vous avez un morceau qui parle de Montréal ?
Oui, en fait il parle du fait que quand on est revenus de Montréal on est retournés à Liège et ça nous a secoué le cerveau. Il a fallu réapprendre à aimer Liège parce que c’est une petite ville industrielle complètement fauchée alors que Montréal c’était devenu un peu La Mecque pour nous. Du coup tu rentres chez toi et tu dois apprendre à aimer ta ville à nouveau.

Vous avez prévu de retourner à Montréal ?
Oui, on a eu de la chance on y est déjà allés trois fois. Là on retourne cet été en Acadie pour un festival de chanson et à Québec.

Et la Suisse, comment ?
Ben c’est super. Avec Guillaume on s’est éclatés. On a pas vraiment rempli les salles à fond, mais voilà ce qui est vraiment cool c’est qu’en rencontrant Guillaume et Salvo on se rend compte qu’il y a quelque chose qui suit et qui donne envie de faire germer le projet. C’est ça qui est bien dans la musique, c’est de faire grandir un projet.

On parle un peu des textes ? Tu as dit que ça parlait de vécu et du coup j’ai remarqué quelques textes ambigus, comme ‘Le Surfeur Mort’…
Alors ‘Le Surfeur Mort’ est un peu alambiqué, c’est un vieux texte. Maintenant j’essaie d’être un peu plus direct. C’est un texte que j’ai écrit après avoir regardé un reportage à la télé sur les mexicains qui essaient de passer la frontière du Texas et les texans qui ont créé une sorte de milice avec des mamies et des flingues pour essayer de repousser les migrants. Du coup je m’étais imaginé un mélange entre un mexicain qui essaie d’arriver aux USA et un surfeur qui essaie d’appréhender une belle vague et en même temps d’un gars qui avait envie de faire l’amour avec une Pamela. Cette idée du rêve américain mais avec l’Amérique qui te repousse, c’est ça le fond du texte.

C’est très fin, bravo (sourire). Et dans Dizzy, il y a une phrase : ‘Tes trois doigts en rythme s’animent’…
En fait je suis trompettiste à la base et l’idée c’était de faire une sorte de texte où l’être aimé et la trompette sont mis en parallèle. La trompette c’est un instrument que je trouve magnifique mais aussi très ingrat. J’ai un peu vécu la même chose avec les femmes. Du coup les trois doigts c’est ceux du trompettiste.

Ah et Louis c’est Louis Armstrong ?
Exact. Après c’est pas toujours cool d’expliquer ses textes de manière précise parce que les chansons c’est aussi fait pour qu’on puisse s’imaginer certaines choses. Il faut que tout le monde puisse se faire son trip sur les paroles…

Contrairement à la pop actuelle…
Oui, où les textes sont plus des prétextes qu’autre chose. Ici en utilisant des mots courant de manière peu courante on peut ouvrir sur un univers différent.

Et la pochette c’est aussi pour laisser l’imaginaire aux gens ?
En fait j’ai feuilleté un magazine de photographie et cette photo m’a fait quelque chose. Elle m’a fasciné en me faisant rigoler. Ce petit renard avec une bonne tête malicieuse qui contraste avec sa présence dans le lieu urbain. Je suis allé voir le profil Facebook du photographe et j’ai vu que la photo faisait partie d’une série qui s’appelle ‘Totem’ et qui met en scène des animaux dans des lieux civilisés avec l’idée que la nature reprend ses droits sur la civilisation. Du coup j’ai contacté le photographe, qui habite à Dublin. Il a écouté un morceau sur Youtube et il l’a bien aimé. Cette image du renard dans ce monde civilisé ça nous représente assez avec les Dalton parce qu’on vient avec une musique plutôt sauvage.

Et c’est avant ou après que t’as eu l’idée du titre ‘Sous la Fourrure’ ?
Après. On a voulu faire un album qui soit aussi authentique que possible, ne pas faire intervenir d’autres musiciens et faire les choses le plus sincèrement possibles. Du coup ‘Sous la Fourrure’ ça évoque l’intimité et je suppose que quand j’ai vu la photo, ça a du faire tilt. C’est comme ça une période de composition, les choses s’enchaînent et on se souvient pas vraiment du déroulement exact.

Et vous avez enregistré l’album en combien de temps ?
Entre 15 et 20 jours. Le réalisateur nous a beaucoup fait travailler. C’est vrai qu’on a assez tendance à envoyer et il nous a fait bosser sur les nuances pendant 15 gros jours de travail, mais on a fait ça en deux sessions quand même parce que c’est assez éprouvant.

Vous l’avez produit avec vos propres fonds ?
En Belgique il y a une aide un peu structurelle qu’on a pu toucher. Il y a aussi des éditeurs français qui ont payé une partie et on a sorti le reste, mais ça reste quand même fort cher.

Et vous vous réjouissez de jouer ce soir ?
Oui c’est notre dernière date du coup c’est cool. On est un peu tristes mais bon, ce sera pour mieux revenir. Après on a tous un travail à côté donc on peut pas se permettre de partir 20 jours comme ça non plus, c’est exceptionnel.

D’accord. Merci beaucoup.
Merci à toi…

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