(Bad Vibrations Records)
La frontière entre post-punk et new-wave peut paraître bien ténue. D’un côté une face rêche et frontale, de l’autre une face sombre et un brin plus mélodieuse. C’est en basculant par-delà cette étroite crête que filent les dix nouveaux titres du combo londonien. Mais on l’a dit, la ligne est ténue et lorsque l’on se prend une basse bourrue d’entrée dans la figure, que le chant se fait linéaire, on pourrait ne pas se rendre compte immédiatement de la bascule.
C’est pourtant bien par cette même basse que l’on se rend compte que le musique troque de plus en plus souvent sa brute linéarité pour des lignes rondes (« Bored »). Puis c’est le chant de James Cox qui suit, parvenant petit à petit à s’affranchir d’une certaine monochromie. C’est là que débarque « Is It Better ? » et que le relief du paysage change de manière assez nette. Plus en mélodie et en luminosité, le titre permet à la guitare agile de prendre de la hauteur. Les traits de « Vision Of Me » se font plus fins, les sonorités cristallines. Et Crows de définitivement enfoncer le clou en lançant la rythmique rebondie et les enluminures raffinées de « Every Day Of Every Year ».
Hélas, c’est aussi passé ce moment franchement dynamique que l’on en vient à regretter que le quartet n’ait pas su emmener plus avant dans ses bagages une partie de cette bestialité qui gorgeait leurs précédents efforts. Laissant « Lie To Me » suivre une ligne franchement conventionnelle et abandonnant le chant dans une mélodie bien trop pataude, une forme de lassitude pointe. Comme si en se glissant de ce côté-ci de la frontière leur énergie gonflée à l’adrénaline n’avait pas eu les bons papiers pour les accompagner, l’album se conclut dans une mélancolie molle, en roue libre, un peu au ralenti. [YP]
Note: 3.5/5