Creeper, groupe à la croisée des chemins entre Ghost, Meat Loaf et HIM, se taille déjà un beau succès outre-Manche puisqu’il est capable de remplir sur son seul nom la Roundhouse de Londres (3’300 personnes tout de même). Autant dire que de voir un groupe de ce calibre se produire dans un club aussi intime que l’Exil de Zurich (capacité maximum 300 personnes, ce soir même pas complet) avait quelque chose d’incongru et, pour les fans, de carrément inespéré.
Restait à savoir comment le groupe allait se comporter dans de telles conditions : allait-il être blasé de jouer dans des conditions où tous les musiciens ne peuvent même pas tous être éclairés en même temps ou, au contraire, embrasser ce « retour aux sources » ? Après la prestation des suisses de Desert Lily (emotional rock très agréable), la réponse fut immédiatement claire : Creeper allait tout donner et chauffer ce minuscule club à blanc. Et avec la manière, puisque le groupe a attaqué le show avec « Further than forever », le brûlot de près de 10 minutes qui ouvre son dernier album (« Sanguivore », paru fin 2023). Autant dire que le groupe ne s’est pas économisé par la suite, piochant dans tout son catalogue, allant du punk au gothique en passant par les ballades, le tout bien sûr toujours passé au moulin de son style « vampirique ». Et s’il y a un maître à bord, c’est clairement le chanteur Will Gould, frontman tantôt souriant, tantôt sombre, mais toujours charismatique en diable, lui qui fait penser tour à tour à un jeune Alice Cooper ou à une sorte d’Elvis Presley gothique. Creeper a ainsi donné un concert baigné dans une ambiance particulièrement sombre au niveau des lumières mais paradoxalement lumineuse dans son effet sur tous les chanceux présents à l’Exil. Tout le monde – y compris les membres de Creeper – est ressorti avec le sourire. Une prestation énorme d’un groupe qui a un avenir tout aussi énorme devant lui. Un concert dont les personnes présentes se souviendront longtemps. Et qui aura encore plus de valeur lorsque Creeper jouera dans des arènes du type Hallenstadion. Ce n’est qu’une question de temps.
Texte : Veronica Silva
Photos : Gilles Simon
