Pelagic Records

Un travelling arrière dans un tunnel de métro, difficile à dire s’il est en chantier ou abandonné, accueillant ou menaçant. Ce plan ouvrant le clip de « The Intoxication of Power » résume, sans un mot, ce qu’est BRUIT ≤. Sans mot comme sa musique instrumentale, mais pas sans signification. Qu’il s’agisse d’urgence écologique, de contrôle des masses ou de dépendance technologique, chaque composition est conçue comme un état d’esprit, une atmosphère dans laquelle les Toulousains veulent nous plonger. Imaginez, si vous voulez les écouter sur les grandes plateformes de streaming, vous n’y trouverez que « Parasite (The Boycott Manifesto) », un titre qui fustige une industrie musicale poussant, dixit, à élever les artistes comme des poulets dans une ferme industrielle.

Fuyant les codes, jouant sur le flou entre synthétique et organique, ne cherchant jamais à se positionner entre concret et abstrait, le quartet est vraiment très loin d’être un simple groupe de post-rock. Il y a toujours cette impression que tout peut basculer d’un instant à l’autre, comme dans cet âge de l’éphémère qui est le fondement de cet album. On y est confronté aux fake news ou à l’IA (« Data ») et la musique est désynchronisée. L’instabilité humaine (« Progress / Regress ») est personnifiée par cette humeur mélodique labyrinthique, nous poussant là où l’on ne voudrait peut-être pas aller. Abandonnant la beauté sombre d’un violoncelle pour la violence d’une trame distordue. Et de terminer l’album en dépeignant l’ivresse du pouvoir (« The Intoxication of Power ») à travers une danse macabre de plus de treize minutes, malaxant cordes symphoniques et orgue bicentenaire avec rythmique synthétique et nuées électros, avant que tout ne s’arrête dans un grand fracas final. BRUIT ≤ nous conjure de les accompagner pour reprendre le monde en main. Alors fonçons. [YP]

En concert le 21 octobre aux Docks, Lausanne, et le 14 novembre aux Caves du Manoir, Martigny.

A écouter sur www.bruitofficial.bandcamp.com

Note: 5/5