Pour lancer sa tournée « The Magician’s Farewell », Uriah Heep avait choisi Lausanne (et non Genève comme Mick Box – guitariste du groupe – l’a mentionné sur sa page FB, ce qui a dû faire rire ou grincer les dents de certains) pour lancer sa tournée européenne. Pour agrémenter la soirée, les vétérans écossais d’Heavy Pettin et canadiens d’April Wine allumaient la mèche de cette belle soirée de hard rock.

Bonheur inespéré que de (re)voir en live en 2025 Heavy Pettin, l’un de nos hérauts et héros hard rock des années 80. Du temps des glorieuses années MTV, on se souvient notamment de leurs singles ‘Roll the Dice’, ‘Rock Me’, ‘In and out of Love’ ou ‘Sole Survivor’. Leur prestation de 30 minutes sera un peu courte pour porter un jugement complet, mais force est de constater que Steve Hayman (chant) – seul membre d’origine du groupe fondé en 1981 – et ses acolytes ont encore une sacrée pêche et envie de jouer.

On monte dans la DeLorean et cap sur l’année 1969 lorsque le quatuor canadien d’April Wine a été fondé du côté d’Halifax, en Nouvelle Ecosse. Après des débuts modestes et peu d’écho en Europe, il gagne le statut de gloire nationale et obtient un rayonnement international. Plusieurs années à ouvrir pour les plus grands, April Wine atteint son heure de gloire de mi-70 à mi-80, où il tournera aux côtés de Styx, Toto, Rush, Boston, Blue Öyster Cult notamment. Après un hiatus de sept ans, le groupe se reforme en 1992 et reprend le cours de sa carrière avec des fortunes diverses. En 2022, Marc Parent (chant et guitare) prend le relais de Myles Goodwin, membre fondateur, lequel succombera à un cancer l’année suivante. April Wine lui dédiera ‘Just Between You and Me’ lors du concert lausannois. C’est d’ailleurs une performance généreuse et jubilatoire que le groupe nous livrera, avec beaucoup d’interaction avec le public – Marc Parent étant parfaitement bilingue. Coups de cœur pour ‘I Like to Rock’, ‘Say Hello’, ‘Before the Dawn’ – chanté par Brian Greenaway, guitariste d’origine et ‘Sign of the Gypsy Queen’ pour près d’une heure de concert.

1969, c’est aussi l’année de fondation d’Uriah Heep, formé deux ans plus tôt sous le nom de The Stalkers puis Spice. Le groupe londonien rencontre immédiatement le succès, notamment avec ‘Very ‘eavy… Very ‘umble’ (1970, Vertigo) son premier album sublimé par ‘Gypsy’, dont le public lausannois aura droit à une version somptueuse. En plus de 55 ans de carrière, le quintette anglais a connu beaucoup de changements de personnel et de décès. De nos jours, il ne reste que Mick Box (guitare) d’origine, mais la solide version 2025 d’Uriah Heep existe depuis plusieurs années et écume régulièrement les scènes et festivals européens.

La setlist de la soirée parcourra ce gros demi-siècle d’une carrière exceptionnelle avec des hymnes (‘Shadows of Grief’, ‘Stealin’’, ‘Sweet Lorraine’ ou ‘Easy Livin’’) comme des titres contemporains (‘Hurricane’, ‘Save Me Tonight’ et ‘Grazed by Heaven’). Gros coups de cœur pour les interprétations dantesques de ‘The Wizard’, ‘The Magician’s Birthday’ et ‘July Morning’. Le seul bémol aura été le son, quoi que meilleur que pour les deux premiers groupes. La belle salle Métropole convient à des groupes ou artistes aux décibels plus modérés car dès que le volume est élevé, le son n’est plus aussi net, ce qui n’a toutefois pas gâché le plaisir des fans.

‘Sunrise’ et ‘Lady in Black’ repris en chœur par le public, ce sont les deux titres en rappel qu’Uriah Heep servira sur un plateau d’argent. Le talentueux Mick Box tout sourire et plaisantant avec l’audience entre deux riffs, Bernie Shaw au timbre de voix puissant et chaleureux comme à ses premières heures, on a de la peine à croire que le Magicien tire sa révérence comme le nom de la tournée l’indique.




