Rocket Recording
Si pour le groupe de Newcastle leur patronyme tient avant tout de la blague, choisi en son temps parmi une palette d’autres noms grotesques, les chiffres eux ne mentent pas. Depuis une douzaine d’années, les petits cochons ne sont donc plus trois, mais bien sept. Ou plutôt cinq, comme les musiciens du combo. Comment cela je vous ai perdu avec tout ça ? Alors disons que c’est un peu à l’image de cette formation qui prend un malin plaisir à tout embrouiller, mélanger, exploser. En commençant par le stoner, le noise-rock, le metal, le blues, le psychédélisme, le post-punk et le kraut. Il y a aussi les codes vestimentaires qui ne sont pas très nettes, récupérant la moustache 80’s, le short de ring de boxe, le marcel à Marcel, la tignasse filasse ou la mèche sur le côté. Et pour compléter le tableau, là où l’histoire de Nif-Nif, Nouf-Nouf et Naf-Naf (les trois petits cochons version Disney) tenait de la métaphore sur la résilience et la manière d’affronter les défis de la vie, le chanteur Matt Baty parle lui des crises d’angoisses qui ont ébranlé sa confiance en l’écriture.
A travers cette « Mort hilarante », il parle d’être limité par ses doutes, d’avoir peur de devenir ordinaire, insipide et inepte. Se voyant même descendu si bas que dans son aveugle stupidité il se sent redevenu poussière. En acceptant ces inquiétudes, il en a fait une force qui vous saute immédiatement à la figure d’un « Blockage » en forme d’uppercut salvateur. Ce début d’album est péremptoire, le trouble a nourri et décuplé l’énergie des musiciens. C’est le chaos mais savamment orchestré. Ils balancent des breaks de batterie pour nous emmener sur de fausses pistes (« Collider »). Ils tranchent le post-punk de « Glib Tongued » des saillies hip-hop du rappeur El-P. Font déferler une vague sonique sur plus de 7 minutes (« The Wyrm »), mais ne laissent émerger le chant qu’une fois la première très longue houle passée. La tempête ne s’arrête jamais, et on en ressort lessivés. [YP]
Note: 4/5
