C’est un retour à ses racines rock pour l’auteur-compositeur-interprète Dany Nicolas, qui lance son troisième album solo Flagoss Garage le 4 juillet 2025. Il délaisse le folk de son précédent opus AUM (2023) sans toutefois s’éloigner de la chanson poétique et brute qu’on lui connaît.
Ce nouvel opus contient onze chansons bricolées avec une formule minimaliste où tout se joue entre l’artiste originaire de Tadoussac, à la guitare et à la cigarbox faite maison, et son fidèle batteur Sylvain Plante (Papagroove, Apadooraï). Réalisé par Jess Gagnon (Mes Aïeux, We Are Wolves), le tout a été enregistré simultanément au Studio Gamma avec l’intention de reproduire la même énergie d’une performance en spectacle. Les sonorités grunge et garage, soutenues d’une solide base de fuzz et d’entrain électrisant, rappellent les mélodies d’un Fred Fortin et l’énergie psychédélique de Galaxie. Au naturel excentrique, Dany Nicolas les allie à sa poésie joual et un brin tordue : il illustre la tourmente d’un boucher empathique envers la chair animale dans Mon beau, dont le dilemme est noyé aux analgésiques. Faut le faire! Dans la pièce cowpunk Chaque jour jour de l’an ou dans Grosses doses, le langage cru et les rythmes simples, et incessants, font bon ménage.

« Pis son père y m’aime bin
yé pus tu seul dans l’garage
à boère en cachette
à fumer d’la meth
pis moé je l’juge pas
je l’aime comme ça »
–Fou pis folle
Dans Fou pis folle, l’artiste métis Wolastoqiyik Wahsipekuk chante son désir de plaire et d’être accepté par la famille d’une prétendante, incarnée par Alice Bro aux chœurs, qui vire en roucoulade déglinguée entre les deux. Adorable! Qu’il raconte la vie d’un ami délinquant dans Grand galop ou qu’il évoque la schizophrénie dans Le démon, ses histoires mettent en scène des personnages au passé trouble qu’il personnifie avec un franc-parler poétique à la Lucien Francoeur et une légère démesure punk près d’un Keith Kouna. Compatible avec sa voix rugueuse, au parfum de la Côte-Nord, il honore Ève Cournoyer avec une immortalisation chargée d’émotions, et fort réussie, de Marabout, pièce de la défunte artiste qu’il a souvent interprétée en spectacle. Il offre aussi une relecture acide de sa propre chanson Le chien ne ment jamais, maintenant intitulée Le criss de chien. Dans l’ensemble, l’album mêle des ingrédients abrasifs qui prennent une tournure inattendue dans Le seigneur ; une courte pièce grunge gospel – chorale incluse – qui penche, selon l’interprétation, entre la parodie ou l’effet d’une pratique spirituelle aux psychédéliques. À prendre au sens littéral ou figuré, à votre convenance!
« Le démon est partout che’-nous che’-vous
tu l’vois pas j’te cré pas
Le démon est partout
tu l’vois pas j’te cré pas »
-Le démon
Plus dense que ses deux prédécesseurs, l’album Flagoss Garage gagne par sa fougue, sa cadence et son tonus propices pour assoupir le surmoi. Dany Nicolas signe un retour convaincant à ses racines rock, confirmant la force de sa matière première. Avec son batteur, cette force se transpose dans un duo complice et musclé.
À ne pas manquer, Dany Nicolas sera en tournée aux dates suivantes :
8 juillet – L’Esco, Montréal (lancement de l’album – gratuit)
11 juillet – Beat et Betterave, Frelishburg (avec Bob Log III)
12 juillet – Bains Publics, Rimouski
23 juillet – Parc Saint-Sacrement, Terrebonne
24 juillet – Le Hangar, Saint-Cyrille-de-Wendover
25 juillet – Festival des bières d’Alma
26 juillet – Bar à pitons, Saguenay
31 juillet – La Petite Boîte Noire, Sherbrooke

