Impossible de passer à côté, les plateformes de collecte de fonds font partie intégrantes des artistes, petits commerces, et entrepreneurs indépendants. Notre préféré, c’est wemakeit, unique plateforme helvétique de levée de fonds. Rencontre avec Denise de Roux, consultante en projets.

Comment est venue l’idée de lancer wemakeit?

En 2012, l’idée de lancer une plateforme de crowdfunding en Suisse était simple: il n’y avait aucune offre à ce moment-là! A l’origine de cette initiative, on retrouve trois fondateurs: Rea Eggli, conseillère en communication, Johannes Gees, artiste, et Jürg Lehni, interaction designer en Suisse. Venant du domaine de la culture, c’est assez naturellement que la plateforme a eu à ses débuts une orientation vers le domaine artistique. On voulait alors proposer une alternative à des financements institutionnels ou purement personnels et permettre à tous de découvrir et participer à des projets culturels en cours. Au fur et à mesure des années, nous avons constaté que le crowdfunding attirait d’autres pans de la sociétés. C’est pourquoi aujourd’hui wemakeit se veut être un lieu de rencontre des différents projets à portée sociétale, mais a historiquement un lien très fort avec la scène culturelle.

Quels sont, d’après-vous, les raisons pour lesquelles le financement participatif rencontrent un tel succès?

Il ne s’agit pas uniquement d’argent, mais également d’une bonne opportunité de communication. Sur wemakeit, tout le monde peut créer gratuitement une page de projet et la rapidité avec laquelle on peut lancer une campagne joue beaucoup à l’engouement pour le crowdfunding. La collecte de fonds se fait sur une période très courte, en moyenne 30 jours. On peut ainsi vite se rendre compte si la sauce prend ou pas.

On connaît surtout wemakeit pour son utilité pour les musiciens suisses, mais quels ont été les projets les plus surprenants que vous ayez eu?

Les projets peuvent nous surprendre pour plusieurs raisons, en particulier par rapport à leur thématique ou le succès fulgurant qu’ils ont en ligne. Il y a eu par exemple en 2015 le projet ‘Y’en a marre‘, initiative spontanée qui a tiré la sonnette d’alarme concernant les publicités des campagnes électorales et a réuni 12’256 contributeurs et CHF 147’271 pour l’achat de la page de couverture du 20 Minutes en signe de protestation. En 2019, ‘Rettet John’s kleine Farm‘ a récolté plus de 100’000 francs pour éviter la fermeture du John’s kleine Farm et par conséquent à sauver l’emploi de 13 personnes. Plus récemment, il y a eu deux projets culturels et solidaires, ‘Art for Education‘ et ‘Books for Benin‘, qui ont été initiés par des étudiants dans le cadre d’un cours à l’Université de Genève. C’est génial de voir que le crowdfunding soit enseigné dans le champ académique et qu’il permet de mettre en œuvre des projets au bénéfice de personnes à travers le monde.

Vous avez récemment lancé le projet ‘Science Booster’ et le ‘Projet pour le Climat’. Est-ce important pour vous de vous lancer sur de plus grandes causes que des démarches peut-être plus locales?

Que ce soit pour le ‘Science Booster’ ou l’ ‘Impact Fund’, l’idée est de donner de l’impulsion à des projets qui ont du potentiel, que ce soit dans le domaine de la recherche ou de la lutte contre le réchauffement climatique. C’est pourquoi nous nous entourons d’experts dans ces domaines-là et sélectionnons les projets pour lesquels nous souhaitons démultiplier leur pouvoir d’action, que ce soit au niveau local ou global. Il faut aussi savoir que l’Impact Fund répond aussi à une demande forte de notre communauté: en 2019, nous avions fait un sondage auprès des utilisateurs de wemakeit et il en est ressorti que la majorité souhaitait voir sur la plateforme plus de projets liés aux enjeux climatiques.

Et niveau musique, d’après toi, pourquoi de plus en plus de musiciens se dirigent vers wemakeit pour mener leur projet à bien?

Cela reprend un peu l’idée développée par rapport aux avantages du crowdfunding en général, à savoir la facilité de la mise en place d’une campagne, une levée de fonds rapide et un merveilleux moyen de faire la promotion de son projet. De plus, wemakeit s’est positionné comme une référence concernant les projets créatifs en Suisse, donc le fait d’être en bonne compagnie sur la plateforme joue un rôle important. Et la catégorie musique est toujours la plus importante sur notre site, avec une communauté qui s’agrandit de jour en jour et qui donc représente une énorme opportunité pour les musiciens. D’ailleurs, on a créé une playlist Spotify, ‘we make music‘, rien que pour le plaisir de partager nos coups de cœur des albums financés à travers wemakeit!

Quelles sont les caractéristiques les plus importantes pour qu’un projet porte ses fruits?

Sans hésitation sur wemakeit, c’est d’être personnel. Il est essentiel de voir qui est derrière le projet et de comprendre ses motivations. Vous pouvez avoir une super page de projet, si c’est trop froid et distant il est fort probable que cela ne fonctionne pas. Aussi, il faut garder en tête que d’abord, c’est son propre réseau qu’il faut convaincre à participer au projet. Si votre famille et vos amis ne vous soutiennent pas dans un premier temps, la probabilité que des gens étrangers à votre cercle proche vous suivent est malheureusement très faible. Pour un effet boule de neige, il faut un minimum de neige ! Il faut donc bien planifier sa communication, et notamment définir son public cible, car au moins la moitié du travail se fait en amont de la campagne.

www.wemakeit.ch