L’action de grâce: synonyme de long weekend, de réunion de famille et de grosses dindes noyées dans la sauce brune maison. Et quoi de mieux pour débuter la fin de semaine de cette fête qui tire ses origines dans la religion que d’aller voir un show de black métal?
Effectivement, la formation black métal suédoise Watain était de passage dans la métropole vendredi soir et deux autres groupes du même pays, soient In Solitude et Tribulation, dans le cadre de la tournée qui accompagne leur plus récent album intitulé The Wild Hunt, paru en août dernier. Je m’attendais donc à ce qu’une partie considérable du setlist soit dédiée aux chansons de cet album (qui n’est pas aussi bon que leur matériel précédent comme Lawless Darkness à mon avis). Or la majeure partie de leur performance consistait de pièces moins récentes, ce que j’ai trouvé intéressant puisque nombreux sont les groupes qui font mettre l’accent sur le matériel qu’ils ont à promouvoir au détriment de titres plus populaires précédents que les gens veulent entendre.
Passons maintenant aux choses plus sérieuses: la musique et le son. Le premier commentaire que j’ai à émettre à ce sujet est que le volume était un peu trop élevé compte tenu de la taille assez restreinte de la salle de concert des Foufounes Électriques. Ce n’était toutefois pas fort au point de rendre le spectacle désagréable et d’avoir un acouphène après la performance; une paire de petits bouchons et le tout devenaient parfaits. Pour ce qui est de la calibration des instruments, j’ai trouvé que tout était bien balancé puisque aucun musicien n’enterrait l’autre. Le seul véritable déséquilibre survenait lors de certains solos vu que certaines notes plus hautes étaient plus discrètes en raison de l’importance des fréquences plus basses émises par l’unisson de la batterie, de la basse et de la guitare rythmique. Néanmoins, ceci n’est qu’un petit détail qui ne rendait en aucune façon le spectacle moins plaisant.
Mais sans doute ce que j’ai le plus aimé dans tout le spectacle était l’atmosphère extrêmement obscure, lourde et violente lors de la performance de Watain. Cette impression ténébreuse était le résultat de plusieurs facteurs (autres que la musique bien entendu) dont l’éclairage que j’ai particulièrement aimé. En effet, la prédominance du rouge et de l’oranger complimentait à la perfection l’agressivité musicale typique au black métal en rappelant le sang. Il y a un autre élément qui a contribué à rendre le spectacle encore plus puissant, mais de façon indirecte: la taille de la salle. Pour ceux et celles qui ne seraient jamais allés aux Foufs, l’espace où la scène se situe est très restreint, mais la scène elle-même paraît, selon moi, plus élevée qu’une scène conventionnelle justement à cause de la petite salle. Si on ajoute à cela quatre musiciens assez grands vêtus de noir, de »studs », de crucifix inversés et qui arborent tous du maquillage macabre en jouant un genre musical assez extrême, on obtient une performance qui vient presque frapper l’imaginaire de la foule en raison de ces aspects qui créent un effet plus grand que nature.
Malheureusement, Watain m’a déçu par un point bien spécifique: la clôture de leur set. Laissez-moi vous expliquer: après la dernière chanson, l’écho des instruments s’estompe et on entend ensuite une chanson plus atmosphérique sans mélodie particulière semblable à celles utilisées en »intro » pour des albums ou des spectacles afin de créer un crescendo avant le premier vrai morceau. Je m’attendais donc à voir le groupe resurgir des coulisses pour une dernière chanson, mais je n’ai vu que les membres de l’équipe de tournée et techniciens de scène émerger pour commencer à ramasser l’équipement. Vous comprendrez donc ma déception profonde voir même ma frustration devant cela qui ne fût qu’accentuée par le fait que les musiciens ne sont pas remontés sur scène au moins pour dire: »merci Montréal, vous étiez super, à la prochaine ». Malgré le fait que cette phrase paraît cliché, c’est toujours apprécié de l’entendre.
En raison du fait que je suis arrivé légèrement en retard à la salle, je n’ai pas pu assister aux performances d’In Solitude et Tribulation. Je me dois quand même de parler d’eux un peu pour les faire connaître à ceux et celles qui, comme moi, n’auraient pas assisté à leur prestation. Tout d’abord, In Solitude est un groupe radicalement à l’opposer de Watain étant donné que leur musique est bien plus près du heavy metal plus »classique » que du black métal joué par Watain. C’est donc une bonne découverte si le black métal est trop extrême pour vous. Pour ce qui est de Tribulation, je pense qu’ils avaient plus leur place aux côtés de Watain puisqu’ils jouent un style qui plus orienté sur le thrash, mais renferme bon nombre d’aspects du black métal.
Texte : Dominique Degré