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The Blinders – Electric Kool-Aid (part.1)

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Les Britanniques sont les rois du thé, c’est bien connu, mais allez leur demander s’il faut le laisser infuser trois ou cinq minutes et vous aurez autant de réponses qu’il y a de variétés dans le commerce. On peut leur poser une question similaire à propos de leur indie rock, plutôt power trio ou quintet, et chacun aura sa petite idée. Les préférences se répartissant entre énergie brute pour les uns et diversité des univers soniques pour les autres. Et si l’on prenait la trajectoire de The Blinders pour alimenter le débat? Alors quoi de mieux, trois ou cinq musiciens ? Né à Doncaster au sud de Manchester le groupe fait parler la poudre sur deux premiers albums au rock percutant ( »Columbia »,  »Fantasies of a Stay at Home Psychopath »), fruit de la créativité d’un trio qui va à l’essentiel. Obscur, dense et à la fois entêtant. Une pure merveille d’efficacité, basse, batterie, guitare, point. Et voilà qu’au printemps 2021, en pleine ascension, alors qu’on les imagine sur une voie toute tracée, le groupe accueille deux nouveaux membres, un second guitariste et un clavier. Deux mois plus tard, la surprise est même complète quand on aborde l’écoute du somptueux  »The Lounge Lizard Session » relecture douce-amère du second album. La fureur est mise entre parenthèses, les textures musicales sublimées, les tensions exacerbées. Quelle tournure allait donc prendre le nouvel EP du désormais quintet, l’énergie brute allait-elle passer à la trappe pour être remplacée par une production luxuriante voir lénifiante, et l’on regretterait à jamais le power-trio original ? En une 1 minute et 11 secondes la réponse fuse, riff entêtant, rythmique direct, claviers en nappes et voix tournoyante, l’indie rock du combo est toujours là, mais on y a mis à infuser (on retrouve notre histoire de thé) une touche de psychédélisme, sans ne rien perdre de son efficacité. Et dans l’enchaînement on se plaît à découvrir des saveurs nouvelles, guitares acoustiques ou claviers new-wave, tandis que la basse martèle invariablement des lignes dures, concises, purement rock. Et Thomas Haywood peut rester bien calé dans ses lignes vocales imposantes,  alimentées par ses frustrations, ses interrogations sur le monde et sur l’amour, qui prend ici le visage d’une ville. L’EP a beau être court, on comprend vite que le format quintet a permis au combo de gravir un échelon dans la créativité, sans perdre ses principes de fulgurance (donc le timing d’infusion a été bon,  mais combien de temps cette foutue macération…). Visiblement tout cela ne fera pas avancer le dilemme, et donc à trois ou à cinq ce qui fait la force d’un bon indie rock réside dans la conviction que l’on y met, et The Blinders rempli cette case à 100%.  [Yves Peyrollaz]

www.theblindersofficial.com

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