Michael Gira, connu pour sa puissance sonore sans limite, brutale et assourdissante, pour l’imagerie extrême et abjecte de ses paroles, ainsi que pour sa voix puissante, a annoncé que Birthing serait le dernier album de Swans.
Je tiens tout d’abord à remercier Young God Records de me permettant de partager mon humble point de vue sur ce disque. Birthing est sans aucun doute l’un de mes albums préférés de 2025. Il tourne en boucle, et je suis convaincu que ceux qui ne l’ont pas encore écouté sont en train de manquer une expérience vraiment unique.
Michael Gira a dit (Traduction libre) : « Cet album, ainsi que la récente sortie live, Live Rope, constitue ma dernière présentation (en tant que producteur / impresario) dans les mondes sonores dévorants qui ont été mon obsession depuis des années. Nous ferons une dernière tournée dans cette configuration vers la fin de 2025, puis ce sera terminé. »
⚠️ Avertissement : c’est une longue critique — mais j’espère que vous l’apprécierez !

The Healers:
La chanson s’ouvre sur un paysage sonore rappelant des chants de voix féminines, mais évolue rapidement vers des sonorités mêlant synthétiseur et trompette. La confusion fait déjà partie de l’expérience : le début de l’album est lent, mais chaque seconde vous captive, tant elle semble devoir exister. Une tension s’installe dès les premières notes, épousant parfaitement cette dimension hypnotique qui définit si profondément l’univers de Swans.
C’est un début prometteur — qui m’a touché d’une manière que Swans n’avait jamais réussi à faire auparavant. Le morceau d’ouverture, un mastodonte de 21 minutes, me maintient en apnée pendant les 8 premières minutes (qui paraissent durer 8 heures) avant que les éléments noise ne se déchaînent enfin, m’entraînant dans l’univers immersif du groupe. Ce n’est pas seulement la musique… c’est intentionnel, et je le ressens. Je le vis. Et j’ai soif de comprendre — d’absorber ce que Michael veut me faire avaler — parce que je sais que c’est profond. Ça l’a toujours été avec Swans, et encore plus maintenant, sachant qu’il s’agit de leur dernier souffle artistique.
La chambre haute du bruit se poursuit, les textures sonores s’accumulent. La dernière section de cette première pièce m’a surpris — un virage plus dissonant après une longue portion portée par une ligne de basse prenante. C’est clairement plus dérangeant que l’élévation transcendante habituellement propre à Swans… comme si Glenn Branca revenait à la vie pour une minute… puis STOP.
“Every night I bend my knees
I pray for you to comfort me
I pray for you to clean my eyes
I pray for you to wash my mind”
Puis vient des sons de drum comme je n’en ai jamais entendu. Ce n’est pas FORT — c’est juste choquant, comme si on était en guerre et que les bombes explosaient dans une symphonie de sonorités. J’ai d’abord pensé à Jessica Moss de GY!BE, mais j’ai été surpris de constater qu’il n’y avait ni violoncelle ni orchestration sur cet album. Peut-être est-ce un mélange d’instruments inhabituels que je ne reconnais pas tout de suite — Taishogoto, Mellotron, vibraphone ?
I Am a Tower n’est pas moins un voyage à part entière, mais au paysage musical plus lumineux. On a l’impression d’être sur un carousel dans un parc d’attractions — presque enfantin. Puis, un chien aboie. Clairement pas ce à quoi je m’attendais. Est-ce un moment de lâcher prise ? Ou d’innocence ?
Le troisième morceau, qui donne son titre à l’album — Birthing — débute dans un univers tout aussi onirique que I Am a Tower, mais les éléments noise s’installent plus rapidement dans le mix. Un autre chef-d’œuvre de plus de 20 minutes, qui me rappelle musicalement Mladic de GY!BE, même s’il demeure profondément ancré dans la splendeur propre à Swans.
La chanson revient finalement à une harmonie calme et rêveuse. Et, presque avec humour, dans toute cette sérénité, les paroles proclament : « Pay attention, motherfuckers », juste avant que le morceau n’explose à nouveau en vagues hypnotiques, avec un tempo qui s’accélère et génère un véritable malaise. Ça doit être assez impressionant à vivre en concert.
Red Yellow donne l’impression d’être le “bébé” de l’album — seulement 7 minutes — mais il conserve le même contraste entre calme et chaos. Ce que j’ai le plus aimé, c’est le mélange des voix masculines et féminines. Jennifer Gira, Laura Carbone et Lucy Kruger assurent les chœurs sur l’album et elles font un travail remarquable.
Guardian Spirit suit, et il paraît plus tendu — comme si les incantations de Gira ne suffisaient plus. Il doit crier. Il y a une urgence dans l’intention qui est puissante — comme si quelque chose de profond devait être extirpé.
“Down under my gaze, your freedom is fake
Your name is replaced, your mirror is my face
In my universe, your prayer is my curse
The question is what? What? The answer is worse (Worse, worse, worse)”
Se parle-t-il à lui-même ? C’est ce que j’en comprends.
Puis The Merch commence :
“I love you, mommy.”
Une introduction suivi de près d’une minute de ce qui ressemble à des tirs de carabine — profondément troublant — suivie d’une ligne de basse évoquant la bande sonore des Dents de la mer, combinée à un beat de drum totalement déconstruit et, de manière étrange, un homme qui siffle. On a l’impression que quelqu’un poursuit un enfant.
C’est l’un des morceaux les plus étranges que j’aie jamais entendus — et je le dis de la manière la plus positive qui soit. On ne peut pas rester indifférent, et je crois que c’est exactement ce que la musique devrait provoquer. On a l’impression que Gira revisite des souvenirs douloureux, essayant de traiter quelque chose de non résolu.
“And here, is a forest
And here, is a stone
Right here, are the marks they made
I still hear them, they still call
They sing through me, they still sing”
Certaines blessures ne guérissent jamais complètement. Mais le dernier morceau, plus apaisant, (Rope) Away, semble nous rappeler que la paix peut encore exister au cœur du chaos.
L’album s’éteint à la fois comme un adieu du groupe, mais aussi comme un hommage aux amis et collaborateurs de Michael Gira disparus au cours des dernières années.
En résumé, Birthing est, selon moi, un véritable chef-d’œuvre. J’ai aimé quelques morceaux de Swans ici et là au fil des années, mais cet album m’a captivé du début à la fin. Il me donne même envie de retourner explorer leurs anciens disques pour mieux comprendre ce que j’ai pu manquer.
Un travail phénoménal — et j’espère sincèrement avoir la chance de les voir en concert.
Note: 4.5/5
Liste des chansons
1. The Healers
2. I Am a Tower
3. Birthing
4. Red Yellow
5. Guardian Spirit
6. The Merge
7. (Rope) Away
📅 Date de sortie : 30 mai 2025
🏷️ Label : Young God Records
Michael a ajouté (traduction libre): « Après ça, Swans continuera, tant que j’en serai capable, mais sous une forme beaucoup plus épurée. Il y a quelques indices de cette direction dans certains passages de l’album actuel. En attendant, j’espère que cette musique offre un espace fertile et positif pour rêver. »
🎫 PROCHAINES DATES DE CONCERT
Jeu. 4 sept. — Union Transfer — Philadelphie, PA
Ven. 5 sept. — Howard Theatre — Washington, DC
Sam. 6 sept. — The NorVa — Norfolk, VA