Océan Pacifique, Mer de Norvège ou Océan Indien, les protagonistes de la journée du dimanche 7 août à Rocklette avaient ce point commun que leur horizon se perd dans un infini fluide, propice à de longues virées intérieures. Autant dire que celui montagneux et résineux du couvert du Goly, au-dessus de Bruson, a peut-être intimidé les musiciens, il les a surtout pas mal enthousiasmé et poussé à se livrer sans retenue.

Avec leur rock psychédélique tortueux et chamanique, les Japonais de Minami Deutsch ont fait s’onduler le public, l’on fait grimper insidieusement vers un ciel encore bleu azure, presque monocolore, mais si profond, si intense.

Une ascension à laquelle la vigueur des riffs des Australiens de Psychedelic Porn Crumpets a rapidement donné un relief plus chaotique, plus revêche, pas moins coloré. Derrière une rythmique métronomique, les ruades étaient incessantes, les mélodies hypnotiques, comme un appel sauvage. Rameutant là un cohorte nuageuse assombrie qui rendait l’ambiance encore plus électrique.

Une menace que les Norvégiens de Motorpsycho ont bravé fièrement, affrontant aléas techniques et quelques gouttes, d’une envolée finale imposante, alliant maîtrise des progressions mélodiques et liberté de jeu. Emmenés par des réponds de solos magistraux et une batterie colossale, le regard pouvait glisser petit à petit là-bas tout au fond de leur infini maritime qui voit se rencontrer d’immenses vagues psychédéliques, des méandres jazz et des bourrasques de riffs hard-rock minéraux et tranchants.

Et le ciel a bien compris qu’il ne servirait à rien de prendre part à un combat si intense, au risque de ne pas en sortir gagnant.

Texte et photos : Yves Peyrollaz