Le groupe à ne pas manquer cet été, c’est bien Nova Twins. Leur performance au Paléo l’a confirmé. Entre riffs puissants et look soigné, elles ont enflammé la Grande Scène. Portrait.

C’est au service de presse que l’on rencontre Amy Love et Georgia South. Les deux Anglaises enchaînent les interviews. Elles ont été si demandées qu’elles ont dû refuser des médias. Mais elles sont là, tout sourire, prêtes à en faire une dernière avant de partir faire le soundcheck. À l’ombre d’un parasol, on se pose à une table comme trois copines pour papoter. La grosse tête, Nova Twins ne connaît pas.

Un style inqualifiable

Amy Love et Georgia South se connaissent depuis l’enfance. Gamines, elles écoutent toutes sortes d’artistes. “J’adorais écouter N.E.R.D, le groupe de Pharrell Williams, se souvient la bassiste Georgia South. Et pas mal de hip-hop, Kanye West, Missy Elliott, les productions de Timbaland, Justin Timberlake… Mais il y avait aussi toute la scène punk dans laquelle j’ai grandi. Tu te retrouves immergée dans ces groupes de rock et de punk. Tous ces musiciens qui jouaient dans notre région, c’était très inspirant.”

Amy Love, quant à elle, a grandi avec le UK Garage (un genre de musique électronique), le R’n’B et avec les disques soul de sa maman. “Toni Braxton était une artiste importante, Whitney Houston, tout ça. Puis, ado, j’ai commencé à écouter beaucoup de groupes de glam punk. J’adorais les New York Dolls, MC5. Puis il y a eu Kiss, mais aussi Joni Mitchell, Kate Bush. Vraiment plein d’artistes-clé qui ont joué un rôle à différents moments de ma vie.”

Pas étonnant que leur musique soit une sorte de melting pot de sonorités! D’où leur programmation au Paléo le même soir que Shaka Ponk. “Dès qu’on a confirmé Shaka Ponk, on a directement pensé à elles, explique Mathieu Monnier. On savait que ça allait matcher avec le public.” Le programmateur du Paléo avait vu juste. Si, à quelques minutes du début du show, la Plaine de l’Asse était encore relativement vide, les festivaliers ont vite été attirés devant la Grande Scène. Il n’a pas fallu longtemps pour comprendre qu’on assistait à un moment d’anthologie.

Carrière en pleine explosion

Parce que les deux jeunes femmes sont loin d’être des débutantes. Ados, elles jouent chacune dans différents groupes avant de créer ensemble BRAATS en 2014. La même année, elles se rebaptisent Nova Twins et sortent leur premier single, “Bassline Bitch” au printemps 2015.

De là, les choses s’enchaînent très vite. À peine deux ans plus tard, elles partent en tournée avec Prophets Of Rage. Tom Morello les considère d’ailleurs à ce moment-là comme “le meilleur groupe dont vous n’avez jamais entendu parler”. “C’était tellement fou! À l’époque, c’était les plus gros concerts qu’on ait faits, se remémore Georgia South. C’était magique!”

S’en sont suivies des premières parties de Skunk Anansie, Wolf Alice ou encore Enter Shikari. Et c’est ainsi qu’une carrière décolle. Et 2023, c’est vraiment leur année. Cet été, Nova Twins sont dans tous les plus grands festivals: mainstage au Download, Glastonbury, Rock Am Ring… Mais quel a été l’élément déclencheur pour que tous les programmateurs les veuillent? Difficile à dire.

Au Paléo, c’est simplement une histoire de famille puisqu’elles avaient déjà joué au Club Tent en 2017. “Quand on les a programmées, on ne savait pas encore qu’il y aurait cette hype autour d’elles. Ça n’a donc pas eu d’impact sur les négociations, raconte Mathieu Monnier. Pour nous, c’était juste une question d’inviter à nouveau des artistes qu’on aime.” Entre-temps, il y a eu le confinement, une collaboration avec Dr. Martens, un album. “On a presque l’impression de venir pour la première fois”, lance Amy Love.

En effet, ce deuxième passage au festival nyonnais témoigne aussi de l’évolution du groupe et de la volonté des programmateurs de suivre et accompagner les artistes dans leur carrière. En l’espace de 6 ans, Nova Twins ont passé de la plus petite à la plus grande scène du Paléo. “C’est une réussite massive”, commence Georgia South, “surtout pour des femmes!”, termine Amy Love. “On a senti qu’elles avaient gravi un échelon. Elles sont super fortes, c’est un concert très visuel. Elles vont assurer la Grande Scène, c’est assez évident”, nous glissait Mathieu Monnier, quelques jours avant la performance du duo.

On n’a pas fini d’entendre parler d’elles

Enfants, quel était votre plus grand rêve? Georgia South répond en une fraction de seconde: “J’ai toujours voulu être musicienne ou fashion designer”. Amy Love voulait devenir vétérinaire, “mais dès mes 11 ans, c’était clair que je voulais devenir chanteuse”. C’est chose faite.
 Une fois qu’on joue sur les plus grandes scènes d’Europe, on rêve de quoi? Georgia South garde les pieds sur Terre: “Je pense pouvoir continuer à faire ce que l’on fait parce qu’être une femme dans l’industrie musicale n’est pas facile.” Amy Love acquiesce avant de lancer:  “Et j’aimerais lancer une ligne de vêtements!”

Oui, parce qu’en plus d’être d’incroyables musiciennes, les Nova Twins sont aussi calées en stylisme et en couture. Encore en habits “de ville”, elles pourraient partir sur un podium pour défiler qu’elles feraient un carton. Une fois sur scène, on entre dans la haute couture.

Maquillage au top et tenues réfléchies, tout est cohérent. “On fait nos propres vêtements pour la scène et les clips. Ça a toujours été inspiré par la musique. On voulait que ça nous fasse paraître aussi badass qu’on se sent quand on joue sur scène”, explique Georgia South. Ce look singulier est d’ailleurs devenu une marque de fabrique. Difficile de les imaginer aller à une cérémonieou jouer sur la mainstage du Download sans une nouvelle tenue. “C’est une bénédiction et une malédiction parce qu’on adore ça, mais des fois, on est en pleine tournée, fatiguées, et on veut absolument continuer à créer des vêtements.”Faut-il encore d’autres preuves que ces deux femmes sont géniales? Apparemment oui. Quand on leur demande s’il y a une chose à savoir absolument sur elles, elles en profitent pour éclaircir certaines choses. “On a joué à Glastonbury. Après notre performance, des gens ont commencé à dire qu’on faisait du playback. C’était très malpoli et sexiste comme commentaires”, raconte Amy Love. “Donc à ces personnes-là: on ne fait pas de p***** de playback”, clarifie Georgia South. Quelques heures plus tard, elles ne prennent pas de pincettes et martèlent leur rock-hiphop-metal-rap-punk devant un public conquis.

www.novatwins.co.uk

Texte : Alessia Merulla
Photos : Davide Gostoli

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