Il existe des groupes de musique qui sortent des albums à la volée, sans sortir des sentiers battus, sans prendre le temps de changer leur image ou de prendre des risques. Des groupes qu’on aura mis dans une case sans qu’ils ne puissent s’en sortir car figés dans leur genre et leur époque.

Rassurez-vous, Leprous ne fait absolument pas parti de cette catégorie. Ce groupe qu’on qualifie toujours maladroitement de « métal progressif » se cherche, se trouve, muri et change constamment d’album en album, itérations après itérations. Les albums de Leprous se reconnaissent sans jamais se ressembler. C’est un tour de force que peu de groupe peuvent se permettre. Force est de constater que Leprous , poussé par son chanteur Einar Solberg, regorge d’inventivité.

Ayant quitté la sphère du métal après un excellent  « The Congregation », Le groupe a peu à peu changé son image, quittant l’aspect purement électrique et saccadé qu’il avait jusqu’alors. Les guitares saturées laissant peu à peu la place aux instruments plus lyrics comme les violoncelles qui, mêlées aux sons presque envoûtants du clavier, sonne et donne un air mystérieux à l’ensemble, créant cette ambiance si particulière au groupe. On le sentait déjà clairement dans l’album Pitfalls avec « Below » ou « Distant Bells » ou encore « At the Bottom » qui prennent le temps de se poser pour monter en puissance. C’est bien sur cette maîtrise de l’intensité que Leprous est reconnaissable entre 1000. Une pâte équilibrée, qui explose en bouche, que l’on prend toujours plaisir à savourer et à en prendre plusieurs parts sans jamais saturer.

Même si le groupe n’est plus vraiment un groupe de métal, ils ont réussi à trouver une identité qui leur est propre. Ils ont réussi haut la main le pari de prendre une trajectoire différente sans délaisser le côté progressif et trouver une recette qui leur sied bien sans jamais être redondante. Chaque musique raconte sa propre histoire et aucune n’est identique dans la construction, même si on peut observer des similitudes au niveau de la structure de certain titre. Par sa créativité, le groupe fait preuve d’une ingéniosité sans pareille pour nous surprendre à chaque morceau.

Arrive « Aphelion », cet album sortira cet été, le 27 Août 2021 et qui a plus d’un atout dans sa botte. A commencé par la voix d’Einar Solberg, plus pure que dans les précédents albums. On peut observer qu’année après année, sortie après sortie, le chanteur joue de sa voix de plus en plus au fur et à mesure de la sortie des derniers albums, repoussant sans cesse ses limites vocales, le chanteur a atteint un timbre de voix qu’il maitrise à la perfection, et je ne me mouille pas trop en disant cela. Il n’y a qu’à écouter « Castaway Angels » du nouvel album qui arrive encore et toujours à me donner des frissons même après plusieurs séries d’écoutes successives. Composé depuis le début de l’épidémie et rendu accessible sur YouTube en hiver 2021, même si elle n’est pas joviale par ses paroles, elle sonne comme du miel pour les oreilles.

L’album commence avec un titre, et pas des moindres, accessible avant sa sortie, « Running Low« , accompagné d’un très beau clip musical, elle envoie du très lourd et parvient à nous faire voyager entre les genres musicaux allant du prog au funk avant de monter dans les tours pour s’achever avec un final mêlant les deux genres tout en finesse. En premier, nous avons un chant énergique en décalage avec son escorte de violoncelles et rythmé par des coups sur des cordes de piano, donnant au premier abord une sensation dérangeante… Puis s’enchaine un refrain presque pop funk en harmonie avec les cœurs du groupe et retombe dans les instruments à cordes frottées pour se terminer avec une fusion des deux styles, une belle entrée en matière.

Cet album est une promenade dans les contrées du progressif qui prend des influences en tout genre (bonjour King Crimson). Une inventivité toujours au rendez-vous, un orchestre plus présent que jamais, une atmosphère sombre mais délicate et séduisante portant paradoxalement une touche d’espoir et de lumière. Leprous nous régale encore, comme à l’accoutumé, 2ans après la sortie de son dernier album.

Un album qui se termine par la musique la plus « métal » de l’album, comme un arrière-goût de « The Congregation » qui se serait immiscé dans ce disque en souvenir du bon vieux temps, pour les dernières minutes du moins, avec un beau final orchestral riche en cuivre. Pour clôturer une œuvre qui vaut clairement le détour par sa subtilité, son caractère et sa créativité, tantôt symphonique, tantôt progressif. C’est encore une fois une réussite mais c’est un peu de la triche avec une maîtrise pareille de la voix.

https://www.leprous.net/

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