Après quelques semaines d’absence en ce lieu, nous voilà de retour à la Samsung Hall de Dübendorf pour une soirée que nous espérons groovy.

En guise d’amuse-bouche Hellyeah. Les Texans emmenés par l’emblématique batteur Vinnie Paul (ex-Pantera, Damageplan) vont nous bercer avec leur groove metal énergique. Le son est puissant mais aussi puissamment déséquilibré. La voix est sous mixée et les guitares brouillonnes. Notre frappeur, derrière les fûts de son imposante batterie prend toute la place. Et même pour le batteur que je suis cela est gênant. Les titres s’enchaînent plutôt bien, mais il me semble qu’il manque ce petit quelque chose ce qui fait que l’osmose entre public et musiciens n’est pas très présente. L’ambiance décolle, mais pas trop haut, et reste surtout en vol stationnaire. Comme nous sommes le 11 mars il est légitime de fêter l’anniversaire de Vinnie Paul qui a ce soir cinquante-deux ans. Et voilà que déboule sur scène les musiciens de Korn avec gâteaux et bougies. Le geste est très sympathique et fortement applaudi par la foule présente. Une demi-heure de concert en demi-teinte. Un amuse-bouche ne peut faire office de plat principal.

Originellement prévu à 20h20, Heaven Shall Burn ne commencera son show qu’à 21h. En proie à des soucis techniques, nous pouvons vous confirmer que leur ingénieur du son n’a pas du tout passé une bonne soirée. Maik Weichart débarque sur scène en s’adressant au public dans sa langue maternelle, soit l’allemand (le groupe venant de Saalfeld, ville située un peu au nord-est de l’Allemagne) et nous dit qu’ils ne joueront que trois morceaux au vu de la situation. Ce qui me fait penser que j’ai compris juste, c’est la réaction du public ! Le combo Allemand attaque donc son set avec une énergie déconcertante. Si le concert se veut plus court, autant qu’il soit intense. Le son est très bon. Les guitares sont claires et la basse imposante. Les rythmiques sont ultras précises et le groove omniprésent. Christian Bass (oui oui pourtant batteur) effectue un travail d’horloger à la double pédale. Un vrai régal. Au propre comme au figuré, l’ensemble du groupe mouille la chemise. Le public l’a bien compris et participe avec entrain à cette folie musicale. Pardonnez-moi l’expression mais putain c’est bon ! Quasi orgasmique. Et quel bonheur, trois morceaux se transforment en quatre, puis cinq, six, sept…Et au final c’est trente minutes de concert que nous offre Heaven Shall Burn . Alors nous nous posons la question si cette annonce de trois morceaux était stratégique, mais si c’était le cas, Maik, c’est pas très malin de nous foutre une peur pareille.

Public conquis et beau chaud pour la tête d’affiche qui suivra. Des shows d’une telle générosité nous en voulons beaucoup plus. En résumé, Heaven Shall Burn ne s’est pas foutu de notre poire. Ils avaient la pêche, la patate et la banane. Bon appétit !

Vingt-deux heures. Soit l’heure exact de rentrer dans le vif du sujet, et d’empoigner le taureau par les Korn.

C’est sous forme d’ombre caché derrière un rideau que Ray Luzier fait son apparition, cognant déjà sur sa batterie comme un beau diable. Puis ce rideau tombe, et c’est l’émeute. Le tube ‘Right Now’ nous assomme d’entrée de jeu. Quelques minutes sur scène et Korn met tout le monde d’accord. Pour les premiers morceaux, le bassiste originel du groupe Fieldy reste tenir compagnie à son batteur sur les hauts de la scène. Ces deux-là forment, à mon sens, une des meilleures sections basse/batterie du milieu metal.

Jonathan Davis, comme à son habitude, nous délivre une prestation de haut vol. Son esprit torturé, parfois presque son mal-être, nous pouvons le ressentir. Ses coutumières gesticulées presque épileptiques font merveilles. Ses capacités vocales chaque fois nous impressionnent. Chant clair, growls, murmures, voix de tête, cris, tout y passe et avec une justesse déconcertante. Quand à Brian Welch et Munky, la paire de gratteux, ils sont toujours aussi complices et à l’unisson. Ça sonne gras et lourd.

‘Coming Undone’ arrive avec son tempo lent et posé. Et petit hommage à Queen avec un superbement amené ‘We will Rock you’ repris en chœurs par la foule qui mange dans la main du frontman. Frontman qui apparaît, et c’est un rituel, avec sa cornemuse pour introduire ‘Shoots and Ladders’. Et autre rituel, la reprise dans ce titre de la partie centrale de ‘One’ de Metallica….Darkness imprisoning me…All that I see..Absolute horror….scandé par une foule déjantée. Et un Ray Luzier qui donnerait dans ce passage une sacrée leçon de précision à Lars Urlich… Je dis ça…

Ray nous gratifie ensuite d’un solo de batterie que nous qualifierons d’un peu long, même de dispensable. Car même si techniquement dantesque, cela n’a que vocation à faire baisser le voltage d’un public très électrique. S’ensuit `Blind`, et son ‘Are you Ready` ! Les gobelets pourtant consignés virevoltent tels des avions de papiers. Bonheur, il pleut de la bière fraîche sur nos soyeuses crinières, malheur, c’est de l’Heineken ! L’ambiance est à son paroxysme, quel pied ! Pieds que nous tapons frénétiquement au sol comme si nous voulions y faire un forage en espérant un peu d’or noir.

Les rappels ‘Falling away From Me’ et ‘Freak on a Leash’ finissent de nous achever. C’est bon là c’est sûr on en peu presque plus.

Une heure vingt de concert, un voyage dans une grande partie de la discographie du combo californien et une ambiance du tonnerre. C’était clairement un très bon concert de Nu Metal. Car comme tout le monde le sait, ce n’est pas de la Pop Korn…


Photos © 2017 by Andy Gaggioli

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