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Et voilà. Nous avons écouté le nouvel album de Joe Bonamassa : « Blues of Desperation ». 12ème album solo. A bientôt 39 ans, le guitariste-chanteur parcourt la route du Blues Rock depuis maintenant bien des années, depuis les premières parties de BB King qu’il assurait à l’âge de 12 ans.

Il a pu y multiplier les essais (Rock Candy Funk Party), les collaborations (Beth Hart, Black Country Communion), les projets comme récemment un hommage aux 3 Kings (BB, Albert et Freddie King), à Muddy Waters, Howlin’ Wolf avec un public toujours autant acquis à cause.

On l’aura compris, après tout ce temps, le mec est un bosseur, un vrai. Et personne ne le lui enlèvera.

Et ce n’est pas la tournée qui l’a fait parcourir 3 fois le globe avec son groupe qui l’a mis à genoux. Car à peine tout ceci terminé, il avait déjà une idée derrière la tête. Prolonger le travail initié sur « Different Shades of Blue », son précédent album sorti en Septembre 2014.

Un travail sur sa musique, sur soi-même « pour explorer le vaste horizon du blues rock, pour voir jusqu’où cela pourrait l’emmener » aux dires de Kevin Shirley, son producteur et ami de longue date. Se réinventer, se laisser (sur)prendre à son propre jeu et par son propre jeu (de guitare).

Déjà il y a quelques jours, nous découvrions le single « Drive » : une guitare Gretsch avait remplacé la Les Paul dans une balade style West Coast en mode cheveux dans le vent dans une grosse voiture le long de l’océan pour un ride d’une nuit. On était alors plus proche d’un « laid back » (Mark Knopfler, JJ Cale)   que des énormes solos qu’on connaissait de Bonamassa jusqu’ici.

Mystère alors au moment d’engouffrer l’album dans la platine – qu’allait-on trouver ? Joe allait-il tenir sa promesse : « être sûr de ne pas se répéter soi-même et ne pas rejouer la même partition » ?

Et pour moi, le pari est ici réussi et la promesse tenue. Le premier qualificatif qui me vient après une écoute du disque est « sobriété ». Le mixage est clairement plus aéré. On a ici mis de côté ce que j’avais pu reprocher à l’artiste sur certains titres passés, l’articulation de riffs autour de structures toujours plus complexes.

La production est à tomber, laissant la place à chaque instrument et à chaque voix, que ce soit celle de Joe ou celle des choeurs. L’ensemble est varié et parcourt la planète Blues, de son mariage avec le Rock ou ses aventures avec le Jazz et la Soul. Creusons un peu.

On devine clairement des sonorités de guitares demi-caisse et le claquant du son Fender. De la Strat’, de la Telecaster au programme, bien vintage, comme il aime les collectionner.

« This Train », le titre d’ouverture est, sans mauvais jeu de mots , une véritable locomotive et fait entrer l’auditeur de pleins pieds dans le disque. Guitare jouée au bottleneck appuyée par une grosse section rythmique, le clavier toujours aussi efficace de Reese Wynans et des chœurs féminins du plus bel effet.

Le deuxième titre « Moutain Climbing », que l’artiste a récemment joué en live, est un retour Blues Rock à ce qu’on connaît plus communément de l’artiste. Toute Gibson devant, gros son de batterie, le groupe pousse sur un titre au riff sans fioriture.

On avance encore un peu dans le disque et on marque un nouvel arrêt sur « No Good Place For The Lonely ». Une grille Blues en mode ternaire du plus bel effet. Plus de 8 minutes sur lesquelles la guitare revête une belle reverb vintage. Puis une section cordes vient enrichir l’ensemble. Des violons qui poussent jusqu’à la fin de la quatrième minute, avant un break qui arrive comme une délivrance pour un long solo. L’ensemble monte et repart jusqu’au bout du titre. C’est jouissif, nuancé et très bien joué. Une belle claque à presque mi-parcours.

Le chemin continue, en passant par le puissant « Blues of Desperation », la balade Blues Country Folk « The Valley Runs Low ». L’artiste s’est largement diversifié au cours de sa carrière et force est de constater que l’ensemble de ces influences a été ici restitué pour donner place à un ensemble cohérent, livré sous une belle palette de couleurs sonores.

Un boogie à mi chemin entre du Stevie Ray Vaughan et Albert Collins relance la machine. « You Left Me Nothin’ But The Bill And The Blues » est en effet un morceau dynamique, qui aura sans nul doute sa place sur la setlist pour la tournée qui s’annonce.

Puis direction le dernier morceau, histoire de vous laisser une petite part de surprise sur ce disque. « What I’ve Know For A Very Long Time », qui fait écho à des titres « So, What Would I Do » (titre de clôture du précédent album) ou « Asking Around For You », est un slow blues comme il aime incontestablement les jouer. Les cuivres trouvent logiquement leur place, autour d’un orgue, et d’une section rythmique qui accompagne, jusqu’à la dernière note, un Joe qui nous fait sincèrement plaisir sur ce coup.

Un très bon album, voilà ce qu’il faut en clair retenir de la nouvelle mouture studio de Joe Bonamassa et de son band. L’essai de « Different Shades Of Blue » est transformé, au travers de onze titres exécutés de main de maître.

On avait vu l’homme sur beaucoup de chemins au cours de ces dernières années, avec la peur affirmée de le voir, de temps à autre, se perdre. Mais il fallait continuer à y croire, car l’homme a cette fois-ci trouvé le bon. Et il s’est peut être trouvé tout simplement.

Aujourd’hui, Joe Bonamassa remet les pendules à l’heure et sort très bientôt un album d’une réelle maturité artistique. Une étape a incontestablement été franchie ici avec ce disque qui ravira les fans et convaincra les sceptiques. Bravo monsieur Bonamassa, vous m’avez bluffé.

Mascot Label Group

Site de Joe Bonamassa

 

 

 

 

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