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[INTERVIEW] PRISON LIFE – Nasty Sami ( Guitare) Rémi ( Batterie) Djenf ( Chant)

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Toi qui as oeuvré dans le journalisme en tout genre, l’exercice de l’interview est-il un exercice auquel tu te plies volontiers ?
Sam :
En effet, ça ne m’a jamais posé de problèmes de me plier à l’exercice promotionnel. A partir du moment où tu proposes quelque chose, que ce soit un livre, un disque, un fanzine ou que sais-je, et que quelqu’un y porte assez d’intérêt pour te poser des questions qui portent sur le pourquoi du comment de ce que tu as fait/crée/imaginé, refuser d’y répondre serait plutôt mal plaçé je pense…

En octobre 2017 est né PrisonLife raconte nous un peu d’où ça part et pourquoi avec ces musiciens-là?
Sam :
c’est parti de quelques répétitions avec le batteur, Remi, en duo il y a trois ans… j’avais quelques idées de riffs, je voulais refaire un groupe de hardcore plutôt rapide, à tendance old school, et ciblé sur le trip straight edge intolérant…on a maquetté 4 titres et j’ai dû reprendre la route et les sessions studios avec mes autres groupes, planning bien chargé… le premier essai n’est pas allé plus loin… deux ans plus tard on a remis le pied à l’étrier, et les titres que l’on avait composé ont pris une autre tournure, davantage mid tempo, axés gros riffs… vers 2014/2015 j’ai beaucoup aimé certains nouveaux groupes de la scène hardcore ricaine, tels que Twisted Tongues, Mizery, Trapped Under Ice, etc, des groupes qui se revendiquaient globalement à nouveau de la scène fin 80’s/90’s que j’aimais beaucoup, des trucs plutôt crossover, du genre Leeway, et un peu plus tard Merauder, Neglect, Integrity, Crown of Thornz, les deux premiers albums de Madball, My Own Victim, Spudmonsters, Only Living Witness et ce genre de trucs…


Rémi : Sam et moi avions bossé sur quelques morceaux pendant l’été 2015 sans aller plus loin que ça. La volonté de monter un groupe de Hardcore restait bien ancrée dans un coin de nos têtes. Fin 2017, les planètes étaient bien alignées. Jean Phi, qui réalisait alors son film/docmentaire Les Disparus De La Photo, est arrivé pile au bon moment, Tik l’a suivi alors que nous étions sur le point d’entrer en studio pour l’enregistrement. Peu de temps après, on sortait notre premier album, We’ll Bring The Whole Edifice Down On Their Unworthy Heads.

Djeanf : Je pointais dans mon docu’ (Les Disparus de la Photo) le fait que la scène Punk / Hardcore avait selon moi perdu en authenticité, j’y mettais toutes mes tripes dans les 90’s parce qu’en révolte personnelle, mais plus globalement autour des incohérences et des paradoxes de nos systèmes (interactions sociales, effet de groupe, conformisme etc.). En pleine session d’interviews des 45 activistes que j’avais choisi et connus entre 1995 et aujourd’hui , Sam me dit que ça faisait quelques temps qu’il souhaitait remonter un band Hardcore, haineux et groovy, on s’est échangé quelques références et j’ai dit oui sans hésiter, puisque je m’étais mis en retrait des activités musicales à proprement parler depuis dix ans. L’occasion pour moi d’articuler une pensée dans certaines des lyrics de PrisonLife et d’en faire le bilan personnel, et en observer la portée.

Vous sortez très rapidement un mini album avec le recul quel regard tu portes sur ces 7 titres ?
Sam :
On est entré en studio 3 mois seulement après avoir fait la première répétion… phase intense et très créative/productive… ce sont nos 7 premiers morceaux… on les joue encore dans notre set à tous nos concerts… on voulait situer cette première trace discographique entre la scène ricaine des années 90 et la scène belge de la fin de cette décennie… c’est gras et groove, porté sur le gros riff et la puissance. On a choisi Taylor Young pour le produire (The Pit Studio Recording, à Van Nuys, Californie), un californien, qui joue de la guitare dans Twitching Tongues et de la batterie dans Nails, qui a produit quelques disques qu’on avait bien aimé, notamment cuex de Mizery, Twitching Tongues, Dowpresser, Souls Search, etc.


Rémi :
Effectivement, on a commencé à bosser dessus en octobre 2017 et on est entré en studio début janvier 2018. C’est un premier jet, qui a ses qualités et forcément ses défauts mais c’est spontané et ça nous a permis de nous faire connaître et faire pas mal de dates dans la foulée, tout ce qu’on en attendait en entrant en studio finalement.

Djeanf : Ces 7 titres sont pour moi la reprise et dans le même temps la suite logique de l’esprit brut que j’aime, tant au niveau du riffing, que de l’énergie qu’on déploie, mais aussi du fait qu’on assume une certaine détestation radicale dans nos lyrics. À prendre ou à laisser, premier et second degré d’écriture, en tout cas l’occasion de pointer un doigt accusateur de 4 km sur un public dont les regards parfois interloques me ravissent.

Comment vous choisissez les extraits de film qui introduisent par exemple  » One Man Wolfpack » et  » The Power of Catastrophy » et de quel film s’agit-il pour les non initiés comme moi.
Djeanf :
Pour le premier 7 titres on s’est assez naturellement orientés vers un spirit assez misanthrope, je précise que la misanthropie est une des branches à laquelle je m’accroche pour réfléchir sur le sort de l’humanité, la nature de l’homme et ses travers de porc si j’ose l’expression. (moi inclus). Le film The Medusa Touch (La Grande Menace, en français) de Jack Gold, est un condensé de haine, mais pas gratuite.John Morlar joué par Richard Burton possède des pouvoirs télékinésiques depuis sa plus tendre enfance où, méprisé par ses parents et incompris de tous, il s’emploie à provoquer de multiples accidents et catastrophes par la simple force de la pensée. À commencer par ses deux parents tortionnaires et sa baby sitter vicieuse. Au programme des réjouissances; flammes, crashs aériens, navette spatiales, cathédrales qui s’effondrent…  « I’ll bring the whole édifice on their unworthy heads » est tiré d’une de ses répliques alors qu’il s’adresse aux personnes qui collectent des fonds par millions pour la réfection d’une cathédrale alors que selon lui, dans le même temps, des milliers de personnes meurent encore de faim. En une seule pensée détruire l’humanité entière, c’est ce que je dis en intro de cette song en concert. Placer l’ Homme en haute estime et s’apercevoir qu’on est déçu à chaque fois, c’est aussi ça la misanthropie, ça n’est pas gratuit, je le redis ici.

Vous êtes retournés en studio en début d’année qu’est-ce qui sera différent par rapport au premier mini ?
Rémi :
Effectivement, nous étions en studio en janvier pour enregistrer deux titres. Ces deux nouveaux morceaux figureront sur un split EP partagé avec Venom, rappeur et producteur parisien, fondateur et boss du label Marvel Records. On aime beaucoup son travail, nos influences sont finalement assez proches et ça nous a donné envie de travailler ensemble dans un esprit Crossover très 90’s, pour ceux qui se rappellent de la compilation Judgment Night… La fusion de PrisonLife et Venom sera baptisée BornEnemy pour l’occasion, et le split verra fin 2019 (vinyl 45t/CD/K7), coproduit par nos deux structures, Avenging Force Records et Marvel Records donc.

Pourquoi le choix de si peu de titres ?
Rémi :
Car c’était le deal de départ, faire un 45t, donc deux titres pour nous, deux titres pour Venom.


En définitive sept titres l’an dernier, deux nouveaux maintenant … pourquoi pas sortir cash un album entier ?
Sam:
On a sorti notre premier mini album à peine 6 mois après notre première répetition, idem on est parti sur la route très rapidement, un an plus tard on bosse sur un nouveau 45t, puis un nouveau EP… il me semble qu’on est plutôt productif. Faire un album aurait ralenti tout ce processus… personnellement, en 2019, je trouve qu’il est plus bénéfique pour un groupe de sortir plusieurs productions à intervalles réguliers qu’un album tous les deux ou trois ans… je préfère placer des nouveaux titres ici et là fréquemment et ainsi multplier les collaborations et projets discographiques.


Pour ces titres vous allez à nouveau travailler avec Taylor Young ?
Rémi :
Non, cette fois-ci pour le mixage et le mastering nous travaillons avec le français Christian Carvin pour ce qui concerne ces deux titres, qui avait déjà produit des albums de l’autre groupe de Sam, The Black Zombie Procession, et qui avait réalisé le mastering de notre premier album soit dit en passant (Taylor Young ayant réalisé le mix). Et Venom se chargera de produire personnellement ses deux titres.

Pour votre prochaine sortie est-ce que vous allez retravailler avec Nico Tdm ou vous allez essayer autre chose ?
Sam
:c’est le fameux illustrateur/affichiste Melki qui va réaliser la pochette du split… c’est un honneur pour nous de travailler avec lui, il a réalisé quantité de films da,s mes années 80 que l’on adore (Creepshow, deux films de la saga Freddy, ainsi que des films de Fulci, Wes Craven, Romero, Charles Band, etc.). On va retravailler avec Nico TDM pour un prochain EP également… on travaille actuellement sur de nouveaux titres, on veut les sortir rapidement…

Si votre dernière pochette avait été une synthèse de la vision de vos vies, quel thème va-t-elle aborder sur la suivante ?
Rémi :
Très métaphorique, la vision alors ! Ni moi, ni personne de ce groupe n’avons jamais fait de prison, hein… C’est juste une image de la sensation d’emprisonnement qu’on peut parfois ressentir en société, sans aller jusqu’à parler d’une « synthèse de notre vision des choses ». Pour la pochette suivante, on en train de travailler dessus.

Djeanf : j’ajoute à ça l’idée selon laquelle on n’est très capables de se condamner soi-même à la sentence d’une vie ficelée dans un amat de liens collants et gluants.
Dans le morceau « Facing my past » nous faisons état des choix individuels qui ont façonnées nos vies. Ton job, le pouvoir d’achat que tu rêve d’acquérir, ta vie amoureuse, l’achat de biens, la capitalisation des sentiments, le fait de s’enfermer à chaque fois dans une ligne de code et de s’en plaindre dans le même temps dès que ça ne fonctionne pas comme on l’avait rêvé. Pas besoin de maton, pas besoin de juge, tu te débrouilles en général très bien tout seul.
Sam : j’ai écrit les paroles du titre “Your Life is a Prison”, ça synthétise tout le concept derrière ce groupe. Nous nous imposons nous mêmes nos propres barreaux, chaînes et portes cadenassées… tout en blamant ceux qui nous entourent, ceux qu’on déteste mais aussi ceux qu’on aime;

A une époque il y avait une grosse émulation de groupes sur la région : Munky Posse, Nothing to Prove, Seconde Rate, Hawaii Samurai, Lost Cowboy Heroes, Aside From A Day, Gantz, j’en passe, comment avec le temps tu vois la scène régionale évoluer dans sa diversité musicale, mais aussi dans son humanisme ?

Djeanf : Retour à la question n°1. Soyons clairs, pas de passéisme entre nous, mais mon analyse des 15 dernières années au sein de cette scène fait état de différents facteurs qui n’agissent pas en faveur du “mouvement”. Mouvement oui, une époque, un contexte, en ce qui me concerne un désert culturel et une absence d’ouverture d’esprit du côté de Montbéliard, une culture anglophone naissante et partagée par quelques teens en manque de repères ou tout simplement curieux, et hop, le Cube d’Audincourt était né. Repère bienfaisant de ces gus pré-cités, bouillonnement fanatique et mélanges d’influences toutes mues par l’effet d’extraction du milieu de base. Internet, le marketing de l’underground et tous types de recyclages commerciaux ont fait perdre l’âme de ce que j’ai connu sur un concentré de dix années. Le sens des choses, le cap, les tripes, dans de mauvaises conditions techniques, sans confort, sans un conseiller com’, sans page Facebook ou tu passes ta vie à publier ce que tu fais pour « entretenir ce réseau »… Tout ça, c’est clair que ça plombe les tuyaux, et donc saturnisme à l’arrivée. Il n’y a souvent plus que l’esthétique qui compte, comme une sorte de « rappel à la loi », une remise en conformité de ce qui a existé. La génération spontanée de bands qui s’expriment avec juste ce qu’ils ont me parait inexistante. Beaucoup trop d’écharpes de poètes et de godasses pointues, sorry mais c’est ce que je vois. Tu peux jeter un oeil à www.lesdisparusdelaphoto.com, tout ça y est débattu grâce au témoignage d’autres bipèdes que moi.

Sam : Il y a eu une excellente scène locale à la fin des années 90′ est durant les années 2000, dynamique et éclectique… c’est désormais une scène vieillissante…. vingt ans ont passé, et on sent vraiment le poids du temps… il reste une scène de qualité, mais vieillissante… et très consanguine, on retrouve les mêmes musiciens dans plusieurs groupes, les noms de groupes changent mais au final ça reste toujours plus ou moins la même formule, la même façon de faire, le même réseau… les musiciens ont vieilli, donc sont moins présents sur la route, ils sont rangés dans des schémas de vie plus établis (taf, famille, etc.), donc au final on perd un peu en fraîcheur et dynamisme… mais c’est le cycle normal des choses et de la vie je suppose… sachant que tous les styles de musique dont on parle, hardcore, metal, punk rock, indé, etc., sont désormais des genres joués par des vieux pour les vieux… donc la scène d’ici est à l’image de ce qu’est la situation partout ailleurs : les nouvelles générations ne se sont pas manifestés dans l’organisation de concerts (ou autres) ni dans la formation de groupes…. ne reste que les vieux mohicans, qui jouent ce qu’ils ont toujours joué, même si le vent a tourné et que ça n’intéresse plus grand monde….


Toi qui est un passionné de Cinéma quel est la part de l’influence du cinéma dans la musique de PrisonLife ?
Sam :
le cinéma, ainsi que la littérature et la bande dessinée ont toujours été intimement liés à mes activités musicales… peu importe le groupe, tout est interconnecté… avec PrisonLife, on utilise des samples de films qui correspondent à notre vision radicale de notre environnement…
Rémi :
outre une certaine forme de misanthropie, la musique de PrisonLife s’inspire des thèmes de la justice, la vengeance et la rétribution immédiate, et fait logiquement référence au Vigilante movie. Un sample de Taxi Driver ouvre le morceau “Chose Your Caliber” sur le premier album. Pas un hasard ! Citons également la saga Death Wish, Dirty Harry et le film Vigilante de William Lustig. Relentless Justice, the guilty will be punish. Rien à ajouter.

Si demain tu rencontres un mec qui te demande de l’initier aux musiques amplifiées en tout genre quels sont les 10 vinyles que tu vas lui dire d’écouter absolument ?
Rémi :
question très vaste… un peu trop non ? A titre personnel, et puisqu’il s’agit de Hardcore en ce qui nous concerne, je conseillerais au parfait néophyte d’écouter trois de mes albums préférés, sans ordre de préférence : Start Today de Gorilla Biscuits, Set It Off de Madball, Big Kiss Good Night de Trapped Under Ice.

Djeanf : The process of de Turmoil, Threefold Misery de 108, Chaos AD de Sepultura.

Sam : la discographie des Smiths, de Morrissey, de Danzig, de Type O Negative et de Buddy Holly devrait pouvoir suffir.

Bon maintenant il va falloir s’attendre à quoi dans le futur car tu as un emploi du temps de ministre si je puis dire. Merci à toi et je te laisse le dernier mot.
Sam :
on compose beaucoup avec PrisonLife pour le moment, pour placer des titres ici et là, split EP, nouvel EP et autres… je suis en train de terminer d’écrire la biographie offcielle du groupe Burning Heads (co-écrit avec mon pote Gwardeath) qui devrait être publiée à la fin de l’année 2019, mon nouveau pro zine vient de sortir (Maladjusted), j’en fais actuellement la promo…. je suis en ce moment en studio pour terminer mon premier album solo (disques de reprises, qui rend hommage à tous les groupes importants pour mon parcours) qui sortira sous le nom de Nasty S’ & the Ghost Chasers… et le nouvel album (le troisième) de mon autre groupe, Demon Vendetta, sort fin septembre… Et il y aura bien sûr quelques concerts/festivals ici et là. Beaucoup de pain sur la planche donc pour l’année, 2019 n’a pas fini de me surprendre je pense… du moins je l’espère.
Merci à toi pour le soutien et l’intérêt.

Toutes les infos sur mes activités : www.likesunday.com

Concernant PrisonLife :
https://prisonlife.bandcamp.com/
http://www.facebook.com/PrisonLifeHxC

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