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Daily Rock France : Le sujet du jour concerne la biographie que tu viens de sortir et qui concerne Alice Cooper. Peux-tu nous la décrire en quelques mots et nous expliquer les raisons qui t’ont poussé à monter ce projet ?

Jean-Charles Desgroux : Pour ce projet, j’ai voulu aborder la biographie traditionnelle sous un nouvel angle. Beaucoup de choses ont déjà été écrites et racontées concernant Alice Cooper, et je ne voulais pas être l’énième type à passer derrière. C’est pourquoi j’ai préféré aborder l’artiste en me focalisant principalement sur sa discographie et sur l’étude de chacun de ses 26 albums studio, ainsi que sur tous les autres documents, lives, DVDs, coffrets, qui ont jalonné sa carrière depuis 50 ans. Bien sur, chacune de ces analyses sont reliées ensemble par une trame biographique, chronologique et narrative conséquente, qui s’apparente bien à une bio, complète et profonde. Mais voilà, plus que les frasques et les légendes urbaines maintes fois étayées, j’ai voulu remettre en avant ce qu’Alice Cooper est à mes yeux : un immense artiste. Il m’a semblé, en repassant en revue tous les écrits déjà disponibles en langue anglaise, que jamais le chanteur n’avait été ainsi justement évalué. Alors insister sur l’alcoolique décadent entouré de serpents et se faisant guillotiner sur scène c’est une chose, mais redécouvrir tous ses disques pour la plupart méconnus m’a semblé être un point de vue aussi inédit qu’intéressant, pour les fans comme pour les néophytes.     

Daily Rock France : A quel moment t’es tu intéressé à cet artiste ?

Jean-Charles Desgroux : Oh, génération oblige, j’avais 14 ans lorsque « Trash » est sorti, en 1989. Cela faisait à peine un an que j’écoutais du hard-rock, et quelques semaines auparavant je découvrais le clip de « He’s Back (The Man Behind The Mask) » lors des diffusions de clips metal le mardi soir sur M6. Après, j’achète mon premier magazine de metal, Hard Force, et c’est Alice qui est en couverture pour la promo de « Trash ».  Je suis instantanément séduit et décide de découvrir petit à petit l’immense carrière de ce monstre sacré. Et il y avait de quoi faire !

Daily Rock France : Comment décrirais-tu Alice Cooper à quelqu’un qui ne le connait pas encore ?

Jean-Charles Desgroux : Une légende du rock. Au-delà du père fouettard certes caricatural qui fait depuis des décennies partie du paysage rock et metal, une icône incontournable du genre, il y a un immense artiste protéiforme, qui a su évoluer avec son temps. Du garage-rock de ses années 60 au rock psychédélique West Coast teinté de burlesque et de fantasque, à la définition du hard-rock décadent des années 70 avec le Alice Cooper Group, sa carrière solo grandiloquente, parfois kitsch mais toujours émaillée de chansons extraordinaires, même là où on ne l’attendait pas. Expérimental, post-punk, variété, heavy-metal, indus, glam rock, high energy rock’n’roll…la palette est large, multicolore et répond définitivement du génie : le sien, et celui de tous les grands qui l’ont entouré comme le producteur Bob Ezrin, les guitaristes Steve Hunter et Dick Wagner, et bien sûr les quatre immenses musiciens du Alice Cooper Group jusqu’en 1974.

Daily Rock France : Tu as déjà écris notamment une biographie sur Ozzy Osbourne, peux-tu nous en parler ?

Jean-Charles Desgroux : Ce fut mon premier livre, en 2007. Une biographie ultra complète et exhaustive, un peu naïve et un peu trop « fan » par manque de maturité et de recul, mais une grande satisfaction, soit la possibilité d’aller jusqu’au bout de ma fascination pour Ozzy, le parachèvement de 18 années de collection, de concerts, d’admiration. J’ai mis toutes mes connaissances et toutes mes tripes dans ce livre encore une fois un peu brut, mais honnête et témoignant d’une rare passion.

Daily Rock France : La biographie que tu aurais rêvé d’écrire si cela n’avait pas été encore fait ?

Jean-Charles Desgroux : Je me nourris de mille biographies, essais, analyses et encyclopédies rock que j’achète principalement en Angleterre ou aux US depuis 25 ans et j’ai deux immenses bibliothèques remplis de super bouquins. Je dois avouer que j’aurai bien aimé être un journaliste gonzo dans les années 70, obtenir la confiance des artistes et avoir carte blanche pour tout écrire en les suivant sur toute une tournée, façon Cameron Crowe, Lester Bangs ou Nick Kent…Allez, pour la forme je dirai l’indispensable « S.T.P. – Stones Touring Party – A Travers l’Amérique avec les Rolling Stones » de Robert Greenfield qui raconte la tournée des Stones en 1972…

Daily Rock France : Lorsque l’on est journaliste rock, est-ce difficile de trouver un éditeur ou bien au contraire, cela facilite les choses ?

Jean-Charles Desgroux : On a toujours ses preuves à faire, mais disons que l’on dispose déjà de quelques cartes de visite, d’une certaine visibilité et d’une expérience qui va pouvoir rassurer un éditeur et faire en sorte qu’il vous fasse confiance. Pour écrire ce livre, je rêvais de signer chez Le Mot Et Le Reste, qui est à mes yeux, et aux yeux de nombreuses personnes, LA référence francophone en terme d’ouvrages musicaux de toutes sortes, tant sur l’éclectisme de leurs sujets, que sur l’incroyable qualité littéraire; c’est vraiment le Gallimard de l’édition musicale. Cela ne s’est pas fait en un claquement de doigts, mais ils m’ont fait confiance. Autant ai-je été très fier et surtout soulagé qu’ils acceptent mon projet, mais je me suis surtout mis une incroyable pression pendant toute l’année qu’a nécessité l’élaboration et l’écriture de ce livre, tant je ne voulais pas les décevoir ! Et surtout me donner tous les moyens d’arriver à la hauteur de mes « prétentions ». Cela a parfois été douloureux, intense, mais le résultat est là et j’en suis heureux.

Daily Rock France : Le prochain musicien à passer entre tes griffes ?

Jean-Charles Desgroux : Pour l’instant rien n’est complètement arrêté, mais je plongerai bien dans l’étude des débuts embryonnaires de la scène desert-rock à la fin des années 80, débuts 90, avec Kyuss et consorts. Le « stoner » en général et Kyuss en particulier font partie de mon ADN depuis le milieu des années 90…

Daily Rock France : Pour te connaitre davantage, peux-tu nous faire un résumé de ton parcours ?

Jean-Charles Desgroux : Je suis monté à Paris fin 99, et j’ai trouvé du travail alimentaire. Petit provincial candide, inexpérimenté et sans le moindre réseau, j’ai néanmoins écris un livre sur le hard-rock comme on rédigerait une thèse car je pensais avoir une bonne et large connaissance du « metal », des Who jusqu’à Slipknot. Une fois mon épais manuscrit achevé, je me suis donné le courage d’essayer de le faire paraître, en allant frapper à différentes portes en 2002, radios, éditeurs, journalistes connus, rédactions, etc…Au bout de plusieurs semaines sans succès, la rédaction de Rock Sound m’a ouvert des portes. Autant le livre ne les intéressait pas, autant ils avaient besoin d’un journaliste pigiste spécialisé en metal. Mon premier papier est sorti en juin 2002 ! Chroniques, live-reports, puis interviews alors que je n’en avais jamais conduit de ma vie, j’ai tout appris sur le tas, devant le fait accompli. Après Rock Sound, Pierre Veillet m’a gardé dans son équipe pour X-Rock et surtout pour Rock One, oui je sais, un mag pour ados mais qui m’a vraiment permis de faire mes armes en m’occupant d’une très grosse partie du metal. Je traitais aussi bien du glam que du black, du death ou du classic-rock, et ai pu interviewer des dizaines et des dizaines d’artistes, de Trent Reznor à Zakk Wylde, Abbath ou Satyr, ainsi que bien dix fois Corey Taylor ! Par la suite, en 2007 j’ai intégré l’équipe de Crossroads durant 5 ans, jusqu’à l’arrêt du mag’. Soit une presse plus adulte et très très pointue où j’ai pu écrire de gros articles de fond et retranscrire des interviews dans leur intégralité ! Il y a eu d’autres petites participations dans d’autres mags ci et là, notamment sur la toute fin de Hard’N’Heavy, puis je suis rentré chez Rock&Folk il y a quatre ans, tout en signant Charly chez MyRock et Plugged. Et depuis un an et demi, je collabore avec insistance au site de Hard Force, et ai conduit quelques heureuses interviews pour Metal XS. Voilà pour l’ensemble !

Daily Rock France : Les goûts musicaux de Jean-Charles Desgroux tournent t’ils exclusivement autour du hard rock et du heavy metal ou tu t’autorises à écouter autre chose ?

Jean-Charles Desgroux : Au-delà du metal, je suis définitivement « classic-rock » (d’ailleurs mon magazine de prédilection depuis le N°1 en 1998 !). Je suis un fanatique de rock des années 1965-1975, que ce soit rock psychédélique, rock garage, glam, country-rock, blues-rock, etc…Doors, Floyd, Bowie, Stones, Who, Kinks, Byrds, Creedence Clearwater Revival…tout ça c’est ma came. Mais aussi le rock des pionniers, Elvis, Eddie Cochran, Little Richard, Gene Vincent…Après j’aime aussi le punk, de préférence américain (Stooges, MC5, Ramones, Dead Boys)… Il y a tellement de choses ! Quand tu penses avoir bien cerné un sujet ou une scène comme le metal, et que tu commences à t’intéresser à un autre univers, tu réalises à quel point tu ne sais rien ! Et tu recommences à creuser dans un univers aussi vaste que le précédent, avec toutes les multiples passerelles qui te font aller d’une sphère à l’autre ! C’est aussi fascinant et excitant qu’horriblement frustrant. Oh, j’oubliai aussi le funk psyché : Sly & The Family Stone, Funkadelic…l’indus, le blues, et même le vrai hip-hop comme Ice Cube, Ice-T, Public Enemy, Wu Tang Clan, Cypress Hill, les Beastie Boys…Etc etc !!!!!

Daily Rock France : Ton livre de chevet en ce moment ?

Jean-Charles Desgroux : En ce moment même j’achève la lecture de l’autobiographie de Dennis Dunaway, le bassiste original du Alice Cooper Group !!! Excellente lecture, je recommande ! Et sinon les écrits d’Arnaud Devillard chez Le Mot Et Le Reste, qui raconte ses épopées dans les parcs nationaux américains comme personne ! Je suis fasciné par l’Ouest américain et ses livres prolongent mes voyages annuels là-bas, avec un esprit rock en plus !

Remerciements à Myriam et Jean-Charles Desgroux.

www.lemotetlereste.com

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