Bonjour Blurr Thrower et merci de répondre à cette interview!

Bonjour et merci pour l’interview.

Tout d’abord, vous est-il possible de nous présenter le projet, sa genèse ainsi que celle de votre premier EP, « Les Avatars du Vide »?

L’idée fondamentale est d’illustrer du mieux possible l’univers que j’ai en tête depuis enfant. Que ce soit un jeu de textures, de couleurs et de parfums, Blurr Thrower a pour vocation d’illustrer une diégèse qui m’habite. Grossièrement cela peut se résumer à deux concepts opposés que sont les ténèbres et la lumière. Il y a donc une démarche d’œuvre exploitant de nombreuses émotions plutôt que de la simple musique. Je ne sais pas si j’ai réussi avec les « Avatars du Vide » mais dans la mesure où j’ai la sensation d’avoir été le plus loin possible dans la démarche, seul, je suis fier du résultat.

« Les Avatars du Vide » sont un focus sur ma propre vision de la noirceur. Froide, spectrale et abrasive. Une noyade dans un éther glaçant, lentement, ponctuée par quelques rayons de lumière par endroits. Je tente de proposer un voyage plus que de faire de la musique. J’espère y arriver.

Blurr Thrower est un projet plus que mystérieux, puisque nous ne connaissons ni votre (vos?) identités, ni même un ou plusieurs pseudonymes. Est-ce une volonté afin de garder le groupe comme une entité unique à part entière plutôt que une ou plusieurs individualités?

Bien sûr, étant par essence un projet à l’humanité se devant être indirecte et lointaine, l’anonymat le plus absolu possible est important. Seule l’œuvre finale compte. Cela peut paraître pompeux (BLURR THROWER l’est éminemment) mais c’est ainsi.

Pouvez-vous nous expliquer le choix de faire uniquement deux morceaux de près de 18min chacun?

« Les Avatars du Vide » sont une tentative de proposer un voyage à l’auditeur. De fait il était nécessaire de prendre le temps pour exposer et relayer le plus efficacement possible les émotions souhaitées, d’amener de façon très progressive les atmosphères qui devait être installées… C’est donc un pur but artistique et non un exercice de style.

Je peux parfaitement comprendre que cela ne fonctionne pas sur tout le monde, mais c’était vraiment ainsi que cela devait être relaté je crois.

Avez-vous un passé dans la scène Black Metal ou Metal en général ou « Les Avatars du Vide » est votre toute première offrande?

En réalité, le passé n’est composé que d’un patchwork malhabile de ce qu’est et sera BLURR THROWER et n’a donc que très peu d’intérêt.

Il est dit que vous vous inspirez principalement de la scène Cascadian Black Metal, mais plus largement, quelles sont vos influences principales dans la scène BM ou en dehors?

A mon sens la scène Cascadian est extrêmement variée, et ne se résume pas simplement à un Black Metal naturaliste, apaisé et écologique que l’on peut retrouver dans ces principaux représentants. En effet, d’autres acteurs du genre, à la manière d’un FELL VOICES ou ASH BORER, peuvent tout à fait être associés à cette scène tout en y représentant des matières, des atmosphères et des sonorités largement différentes. Bien plus occultes et tranchants, ce Black Metal m’est en finalité très proche de celui que j’apprécie ailleurs : le Black Metal français des années 90s ou 00s, par exemple. Véritables thuriféraires dans une atmosphère opiacée, ce mélange entre ces deux familles ont très largement contribué à créer les codes de ce que BLURR THROWER allait être, jusqu’à aujourd’hui.

Le projet ne se résume pas au Black Metal et d’autres influences s’y greffent constamment, à commencer par l’ambiant ou la scène rap US actuelle, très chargée d’errances nocturnes et de lumières ternes… 6LACK et ROBB BANKS en tête je pense.

Vous inspirez-vous aussi d’auteurs de romans?

L’écrit, le graphisme et les odeurs sont je pense aussi importants que les sonorités pour le projet. Il y a donc des tonnes d’auteurs, philosophes, peintres ou photographes qui ont largement aidé afin de définir au mieux l’univers du projet. Que cela soit pour les textes, le graphisme ou la musique en tant que tel. Pour moi Silence, par exemple, est une adaptation du Vampire de l’Opium.

Pour rester sur le Cascadian BM, c’est une musique qui se prête à mon sens assez bien à une écoute isolée en pleine nature. Est-ce l’un des effets recherchés par vos œuvres? Si oui, avez vous des endroits/régions de prédilection pour l’apprécier au maximum?

Je te rejoins, mais suis assez convaincu que chacun peut avoir sa façon d’apprécier la musique qu’il aime. L’objectif premier est vraiment d’amener l’auditeur dans un environnement abstrait, aux codes diégétiques largement différents du nôtre. A la manière de ce que je peux ressentir en écoutant moi-même un NEHEMAH ou en me plongeant dans une lettre d’Artaud par exemple.

D’une certaine manière si l’auditeur a besoin d’un environnement concret pour apprécier aux mieux les « Avatars du Vide », le projet échoue sur un point.

Quel regard portez-vous sur la scène BM Francaise actuelle?

Elle est radicalement différente d’il y a une ou deux décennies (putain déjà), mais délivre sans aucun doute de la très bonne came. Je reste définitivement attaché à un Black Metal poussiéreux, poisseux et malsain, mais de nombreux artistes du genre s’assurent à proposer des choses nouvelles, ou de moderniser la synthèse de ce dit-Black Metal que j’apprécie tant, PARAMNESIA par exemple démontre une faculté à allier l’éther et la décrépitude d’antan avec la spatialité et le spectral caractéristique du Black Metal moderne, post Deathspell Omega. Et c’est l’excellence.

Pourrons-nous un jour découvrir votre musique en condition live?

Je l’espère très sincèrement sans savoir aujourd’hui comment, où, quand et avec qui.

Un dernier mot pour la route ?

Merci profondément pour ta chronique, cela fait du bien d’être entendu.

Merci à Alex ( les acteurs de l’ombre) Merci à Blurr Thrower

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