Les Bâlois de I, Delusionist, à ne pas confondre avec les Japonais de Delusionist tout court qui viennent aussi de sortir un premier album de -core, suscitent des sentiments ambigus. D’une part on ne peut que saluer le soin accordé à l’emballage et à la production de ce Catharsis – cette attention aux détails donne du crédit à la rumeur pourtant incroyable selon laquelle les membres auraient joué pendant dix ans dans un groupe (Antaraxit ?), amassant « une expérience de lives et de studio » sans laisser ne serait-ce qu’une mention de leur nom sur la toile. Les ambiances sont variées, risquant ici une mélancolie inattendue, là une bouffée d’ultra-violence bienvenue. Mais les compositions ne sont pas assez inspirées pour occulter le certain anachronisme qu’il y a à sortir un premier cd dans un deathcore aussi premier degré, alors que le genre est dominé par Carnifex et consorts depuis dix ans. C’est comme si l’on avait tenté de refaire le Kill ‘Em All en 1995 : ça aurait suscité des rires gênés, peu importe la qualité de l’exécution.

L’omniprésence de la voix, franchement envahissante, permise par l’absence d’instrument dans les mains du chanteur, la facilité du choix de la boîte à rythmes pour les percussions, dont les capacités illimitées ne sont même pas exploitées, l’enrobage de claviers sortant trop saillants du mixage, et l’absence totale de second degré des membres du groupe, qui se complaisent dans des dissertations sur le titre de leur album ou font du name-dropping condescendant dans la case « Inspirations » de leur page Facebook – réussissant l’exploit de ne pas nommer un seul groupe référencé sur Metal Archives – achèvent de plomber l’écoute, initialement bienveillante puisqu’il s’agissait d’un groupe du cru, par une légère antipathie probablement méritée.

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Note : 2/5