Blanc quasiment immaculé, comme un linceul. La pochette du nouvel album des Foo Fighters raconte sans mots dire l’état d’esprit qui porte les dix nouvelles chansons du groupe. En filigrane on pourrait lire, toujours là, toujours vivants, mais déboussolés et meurtris. Alors sans équivoque c’est le deuil qui est l’acteur principal de l’histoire, parce que juste après le décès du batteur Taylor Hawkins, l’acolyte, le confident, pour ne pas dire frère, est venu celui de la mère d’un Dave Grohl qui dévoile ici toute sa fragilité, se pensant hanté.
Et il est bien difficile d’écouter « But Here We Are » sans prendre en pleine figure un flot d’émotions fortes. Difficile de mettre de côté le chanteur qui avoue sur « Under You » « je pense que je m’en remets, mais on ne peut pas s’en sortir » ou qui ose sur les épiques dix minutes de « The Teacher » déclarer à sa mère « tu m’as montré comment respirer, comment être, tu ne m’as jamais montré comment dire au revoir ». Titre bouclé dans quatre « Goodbye » en forme de cri cathartique et dans un effondrement de fuzz déchirant. Derrière une approche aussi totalement touchante qu’elle peut être pesant et prenante, restent les Foo Fighters qui n’ont pas sombré dans un pathos mélodique. Plus franche, plus grandiloquente que sur nombre des derniers efforts du combo, leur musique sait se montrer autant entêtante, fière et brusque, qu’elle peut flirter parfois avec des soubresauts psychédéliques un peu naïfs, tout comme elle lorgne parfois vers d’inévitables bouffées pop qui s’accrochent à des mélodies par trop mielleuses. Les Foo Fighters étaient le fruit du deuil de Curt Cobain, le groupe ressort un peu plus fort de celui Hawkins. Toujours debout. [YP]
https://foofighters.com
Note: 3.5/5