Sept ans après Maladie d’écran (2018), l’auteur-compositeur-interprète Vincent Appelby sort de son silence sur disque avec Nocturne, le 17 octobre 2025. Au titre évocateur, ce troisième album découle d’une transformation personnelle de l’artiste, déclenchée par le bouleversement de la paternité. Noble vecteur de création, dira-t-on. Alors qu’il explore la gamme d’émotions engendrée par sa nouvelle posture parentale, chacune des onze pièces laisse, selon ses dires, une trace de cette métamorphose.
Déballées d’un lexique se rapportant à la nuit, les thématiques prennent vie par une folk-rock imprégnée de grunge et de folk-progressif. Ce fil conducteur, finement exploité, amène Appelby à parler, entre autres, d’insomnie (Mélatonine), d’anxiété (Nocturne) et de doute de soi (Le fer froid) avec une approche plus intime qu’auparavant. Celui-ci assure à nouveau la réalisation de son nouvel opus et établit une ambiance juste assez pesante pour se ranger dans le rock, mais assez pop, par ses mélodies accessibles, pour ne pas encombrer sa voix délicate. Appelby ne possède peut-être pas le plus large registre vocal, mais il tire profit de ses limites, exhalant tel un chanteur introverti, mais intègre.

« Les nuits s’empilent
Sans sommeil
Je fais le vide
Dans ma tête
Buvant des camomilles,
Rien ne fait
Rien de chez rien,
Même la mélatonine »
–Mélatonine
Sinon, de la lumière s’immisce dans cet album comme dans Frères de tempête. Cette pièce légère sur la nostalgie des amitiés de jeunesse évoque une chimie à la Beau Dommage pour sa mélodie et ses harmonies vocales soutenues par Marie Onile, sa compagne de vie et partenaire d’écriture. Une touchante berceuse boucle le concept du disque sur Quand viendra la nuit, où le protagoniste promet à son poupon de le protéger des « monstres sous le matelas », au prix de son propre sommeil. Cette chanson très personnelle contraste avec le ton initial plus introspectif et symbolise le cheminement de l’artiste :
« Au pire, je te bercerai pour la vie
Les mots que je te chanterai
Me feront devenir Morphée
Et les monstres sous ton matelas
Je veillerai à c’qu’ils n’y soient pas »
–Quand viendra la nuit
Digne folk-rockeur, Vincent Appelby revêt des influences à la Neil Young qui lui conviennent pleinement. On y découvre des pièces plus musclées, par exemple dans Endormi ou bien dans Immobile. Sans surprise, Nocturne fut un nouveau terrain de jeu pour le guitariste, qui s’est visiblement amusé à combiner une variété de tonalités et de rythmiques mise en valeur par son travail remarquable au mixage, assisté de son ami et mentor Philippe Massabki. Dans cette esthétique sonore menée avec brio, il s’entoure de proches coéquipiers, tels que Cédric Martel (basse) et Charles Blondeau (batterie), puis de Marie Onile (mellotron, chœurs).
Une fois de plus, l’auteur-compositeur-interprète et réalisateur se présente à la hauteur de son savoir-faire et de sa créativité. Ses deux premiers albums démontraient son intention de se situer dans une case. Ce troisième lui permet de trouver une niche musicale plus naturelle et assumée. L’œuvre Nocturne, introspective et décomplexée, mérite qu’on l’éclaire pour sa réalisation raffinée, ses compositions plus matures et pour la volonté de Vincent Appelby à se surpasser sous un air de renouveau.
Crédit photo: Constance Carpanèse
Pour écouter l’album Nocturne :

