Home Previews Previews Suisse SUMMERSIDE FESTIVAL – Du gros son pour fêter le solstice d’été

SUMMERSIDE FESTIVAL – Du gros son pour fêter le solstice d’été

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Les organisateurs du Summerside Festival, inauguré en grandes pompes l’année passée en compagnie du bôôô Johnny Depp sur l’aérodrome de Granges (ville de 20’000 habitants située à mi-chemin entre Bienne et Soleure), ont eu fin nez en l’agendant l’avant-dernier week-end du mois de juin. En effet, à cette période de l’année, le nombre de formations d’obédience métallique qui parcourent l’Europe est pléthorique. Il n’y a qu’à jeter un œil sur l’affiche du Greenfield, qui se déroule une semaine avant, pour s’en rendre compte. D’ailleurs, ils ne sont pas les seuls à avoir jeté leur dévolu sur le week-end du solstice d’été: le tout-puissant Gérard Drouot convoque un tout premier Heavy week-end au Zénith de Nancy. Un slot idéal pour tenter d’amadouer les légendes du rock dur qui n’ont pas reçu (ou accepté) d’offre pour se produire au «Hellfest» quelques jours plus tard.

Fin juin, c’est la promesse du début des grandes vacances pour les élèves et des vacances horlogères (pour les employés de Breitling, Eterna ou ETA, sises à Granges justement). C’est aussi la période des «tch tch» (comprenez: des barbecues), des tournois à six (les fameux «Grümpelturnier»), des apéros prolongés sur les terrasses, des braderies et autres kermesses villageoises, des cinémas open air, des virées à la piscine. C’est finalement le moment où les chansons qui parlent de l’été prennent toute leur dimension festive et solaire: «The summer looks good on you» de Cheap Trick, «Feel good hit of the summer» des Q.O.T.S.A. ou encore «All summer long» du Kid «Motherf***ing son of Detroit» Rock en pole position. Bref, à fin juin, tout invite à la joie, à la fête, au laisser-aller, aux rencontres, aux flirts naissants, aux éclats de rire. N’est-ce pas là justement la définition même de l’esprit d’un festival? Pas étonnant donc que le comité d’organisation, pour cette deuxième édition, ait voulu enfoncer le clou pour déclarer la période estivale 2024 ouverte. Pas question de ne mandater que des seconds couteaux, des combos qui passent quatre fois par année au Z7 ou des groupes qui n’ont plus qu’un seul membre originel en leur sein.

On a clairement voulu taper dans le haut du pavé. Un quintette que l’on ne présente plus ouvrira les festivités: Deep Purple. Même amputé du souriant Steve Morse et avec un Ian Gillan qui a perdu (et c’est tout à fait normal) sa gouaille d’antan, le plus suisse des groupes rock de légende viendra distiller son rock plombé sur l’aire de l’aérodrome soleurois. Au contraire de moult formations axées sur le profit, les Deep Purple n’ont jamais cessé de publier des albums – qui plus est très recommandables – sur une base régulière. L’énigmatique «=1» est d’ailleurs annoncé pour le 19 juillet. On ne se lassera pas de voir la trinité Paice-Glover-Gillan, aux commandes de l’appareil depuis 1992, passer en revue ses multiples classiques. Même malgré d’innombrables changements de line-up, Deep Purple fait figure de légende et de pionnier: n’était-il pas, aux côtés de Led Zep et Black Sabbath, l’un des trois groupes majeurs au début des seventies? Respect pour cette belle longévité.

Les régionaux de l’étape, les Soleurois de Krokus, sont aussi à l’affiche de cette soirée d’ouverture et cela même si leur concert d’adieu («Adios amigos») date du 8 décembre… 2019. Encore un collectif qui s’est rajouté à la longue liste de ceux qui ont menti (bouuuh) au sujet de leur «tournée d’adieu». Nous ne citerons que les plus illustres (Who, Ozzy, Purple, Quo, Aerosmith, Sabbath, Scorpions, Kiss, Mötley, Priest, N.I.N.) et les derniers en date, les risibles Slayer, sortis de leur «retraite» après cinq ans seulement. Mais comme le public hard/metal pardonne aussi facilement qu’un mennonite, personne ne leur jettera ni la pierre ni l’opprobre, bien au contraire. Revoir von Rohr, Storace, von Arb et Kohler (lesquels touchent tous leur rente AVS), sans oublier Mandy Meyer, réviser leurs leçons de blues-rock électrique devant une foule d’élèves, ça ne se refuse pas. Nous déhancher sur «Bedside radio» nous rappellera nos jeunes années de flirt.

Il faut l’admettre: ceux qui attendaient, dans nos contrées, un retour de P.O.D. se comptent sur les doigts d’une main de charpentier. Il en va autrement au pays de l’oncle Sam, où ce groupe de metal alternatif chrétien a conservé une aura biblique. Preuve en est la liste des concerts prévus cette année aux States, laquelle est plus longue que le livre du Deutéronome. Si le quatuor n’a jamais cessé son activité depuis la vague post-grunge, son rayonnement en Europe n’a pas été décisif. Pourtant, ils peuvent se targuer d’avoir vendu leurs premiers albums par palettes (on parle de 12 millions), eux qui ont cheminé aux côtés de Creed, Evanescence, Shinedown, Alter Bridge ou encore Three Days Grace. Leur passage du côté de Granges constitue une curiosité et une occasion rare de découvrir ce dont ils sont capables sur une (sainte) scène.

L’affiche de la seconde soirée n’est pas en reste non plus. Megadeth, même amputé de deux de ses figures emblématiques (Dave Ellefson et Kiko Loureiro), prêchera son thrash canonique à une foule de convertis, sa «Cyber Army», au cours d’une tournée européenne des festivals, avant de retourner arpenter les routes poussiéreuses des Etats-(dés)Unis. Active depuis quatre décennies et auréolée de seize albums, la bande à l’autre Dave (Mustaine) fait figure de pilier du heavy metal, et ce malgré les lacunes vocales de son mentor, qui affichera mine de rien bientôt 63 ans au compteur. Leur passage à dix minutes de la Tissot Arena de Bienne sera l’occasion de découvrir comment sonnent les titres de leur dernière livraison en date, la bien nommée «The sick, the dying… and the dead».

Non content de sévir au sein des bûcherons de Slipknot et de son side-project Stone Sour, ce stakhanoviste de Corey Taylor, tout juste cinquantenaire, présentera les compositions issues de ses deux efforts en solitaire, «CMFT» et «CMF2», tous deux sortis depuis 2020. De notre côté, on espère secrètement que le quintette s’exercera à l’une ou l’autre de ses illustres reprises («Love gun» ou «Got to choose» de Kiss ou «Holier than thou» de ‘tallica). Plus accessible et variée, l’œuvre de Corey «Motherf F***ing» Taylor (d’où CMFT) en solo révèle un chanteur doté d’un timbre vocal apaisé et nuancé, et un musicien aux influences plus larges que celles qu’il laisse entrevoir au sein de son gang masqué. Que dire du line-up concocté pour le jour du sabbat? Bigarré, kaléidoscopique. Un véritable patchwork de ce que le heavy metal recèle en termes de variations.

Le haut fait du jour, et probablement aussi celui de ces trois jours, est sans conteste la venue de Bruce Dickinson, qu’on ne présente plus. Pour retrouver la trace du dernier passage en solo du chanteur-pilote-escrimeur-écrivain sur sol helvétique, il faut remonter jusqu’à Mathusalem, sinon du moins jusqu’au 17 novembre 1998. Soit à une époque où on avait tous un Nokia 5110, où les valises n’avaient pas encore toutes de roulettes et où il fallait se connecter à Internet par le biais d’un modem qui générait des bruitages apocalyptiques. Une époque où Iron Maiden remplissait avec peine le Volkshaus. Ce soir-là, à la vénérable Konzertfabrik Z7 de Pratteln, on faisait partie de la maigre attendance. Bruce Dickinson y faisait étalage de son énergie inépuisable, en pleine promotion de l’ésotérique «Chemical wedding». La setlist renfermait tout de même trois clins d’œil à ses anciens acolytes d’East London. Quelques mois plus tard, son retour au sein de la Vierge de Fer était entériné. Comme le chantait le Zim, «The times they are a-changin’»: en 2024, les pionniers de la NWOBHM remplissent les stades et ont retrouvé les sommets, même si les albums dont ils accouchent depuis 2006 sont anecdotiques. Désormais remarié et contribuable de Paris, l’imprévisible Dickinson nous revient tout auréolé de moult couvertures de magazines et d’un album de fort belle facture («The mandrake project») qu’il défendra sur la scène du Summerside avec la fougue qu’on lui connaît.

Un autre virevoltant touche-à-tout, Tom Morello, constituera l’autre belle surprise de la soirée. Passé tour-à-tour chez les révolutionnaires Rage Against The Machine, les regrettés Audioslave, les audacieux Street Sweeper Social Club et les activistes de Prophets Of Rage, l’oncle Tom a également posé des accords plus cléments sous le pseudonyme de The Nightwatchman. Avec toujours, au cœur de son propos, des revendications syndicalistes et sociales. Alors, au vu de ces multiples projets, quelle allure sa setlist aura-t-elle? Difficile de le prédire, mais on parierait quelques zlotys sur des reprises, de Springsteen (chez qui il a officié en 2014 sur le «High hopes tour») et MC5 notamment. Pour le reste, quoi que le magicien de la six-cordes joue, on en restera pantois, c’est sûr. Si nous avons dirigé nos projecteurs sur ces quelques grosses têtes (d’affiche), loin de nous l’intention de minimiser l’importance des autres formations programmées. C’est à un véritable tour du monde que nous sommes conviés: de la Tunisie (Myrath) à la Finlande (The 69 Eyes, Korpiklaani, Tarja & Marko Hietala, Steve’N’Seagulls), avec des crochets en Suède (Hammerfall) et aux Amériques (en Californie avec Tito & Tarantula et dans le Kentucky grâce à Black Stone Cherry). La Suisse n’est pas ignorée pour autant. Quelques combos qui montent tenteront de jouer des coudes. Mention spéciale à Basement Saints, dont le heavy rock groovy risque d’en scotcher plus d’un.

AU PROGRAMME
Jeudi 20 juin
Deep Purple, Krokus, Myrath, P.O.D., Tito & Tarantula, Rock Out, Stop Stop, All To Get Her.
78% des billets ont été vendus.

Vendredi 21 juin
Megadeth, Corey Taylor, The 69 Eyes, Korpiklaani, Basement Saints, The Rumjacks, UNLSH.
71% des billets ont été vendus.

Samedi 22 juin
Bruce Dickinson, Hammerfall, Tom Morello, Black Stone Cherry, Tarja & Marko Kietala, Against The
Machine, Steve’N’Seagulls, Insanity61, Molotov Train, Exit.

76% des billets ont été vendus.

Site officielBilletterie

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